1 - Le Manoir sans tête

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(Dessin du personnage Amy, appartenant à mon amie dont vous pourrez trouvez le compte ici : https://ladythornxdrjackal.deviantart.com/

Cette fiction comporte également mon propre OC ainsi que d'autres de personnes les ayant inscrits. Bonne lecture ;)  )

Château de Crimson, Juillet 1898 – Journal d'Amy Crimson

"J'avance. J'avance, tremblante, cette chandelle à la main, comme si la disparition de sa flamme allait clamer mon dernier souffle. Sans arrêt je me retourne, toujours plus inquiète de ce qui pourrait apparaître. J'ai monté ces marches qui, depuis bientôt vingt ans, n'avaient plus vu de pieds fouler leur bois. Je retiens amèrement ma respiration, protège au maximum la petite lueur échappée de ma bougie, comme si sa seule présence pouvait me dévoiler aux fantômes dont s'est déjà revêtue la nuit.

Enfin, la porte noire s'offre à moi. Elle est, contrairement à tout le mobilier, d'une propreté presque amère, comme si la poussière elle-même, trop apeurée par la chambre maudite, avait refusée de se déposer sur sa porte.

Je ravale une dernière fois ma respiration. Il est temps que le château de Papa et Maman soit expié de tous ses secrets.

Suppliante, les toiles d'araignées ancrées aux marches semblent vouloir retenir mes pas, m'empêchant d'accéder à la porte noire. Ignorant leurs avertissements, je pose ma main tremblante sur la poignée.

Très ancienne, elle semblait vouloir fuir le malheur hantant cette pièce.

D'un seul coup, alors que j'avais à peine appuyé, je sentais la force de milles tornades m'entrainer à l'intérieur, et claquer douloureusement la porte derrière moi.

Je baissais la tête, protégeant la petite flamme vacillante comme s'il s'agissait de mon cœur. La robe diaphane de Maman que j'avais revêtue laissa voir un instant mes côtes saillantes.  La même maladie que celle ayant fait succomber mes défunts parents, sévissait de jour en jour : celle du désespoir. Je relevais la tête, hésitante mais déterminée. Je ne mourrais pas avant que ne soit découverte la vérité.

J'avançais, comme sur un nuage fin en équilibre dans le ciel, dans la pièce envoutée de ténèbres.

Je la sentait.

Elle était là.

Je savais que me retourner ne servirait à rien, je ne la verrai pas. Mais dans le fond de mon cœur et de mes tympans, je pouvais la sentir...

Enfin, la lumière de la bougie parvint à conquérir petit à petit l'antre de noirceur m'entourant.

Rien n'avait bougé. Les livres étaient tous à leur places, brillant d'un filtre de poussière ou dormant sous tant de couche de toiles d'araignées qu'on ne les voyait presque plus.  L'oeuvre des arachnides, d'ailleurs, donnait à la pièce une ambiance de forêt infranchissable, dans laquelle chacun de vos pas est prisonnier d'un canevas de ronces spectrales.

Des épines, d'ailleurs, ne tardèrent pas à apparaître à ma vue. Sur le bureau de bois style Louis XV, où régnaient un encrier à la plume de corbeau et des parchemins tous inachevés, un vase aux motifs de lettres chinoises venait de laisser échapper le dernier pétale de son ultime occupante.

Une rose. Mais alors que je m'apprêtait à ramasser le pétale avec l'espoir idiot qu'il se raccroche à son bulbe, une vision dépassant toute réalité s'offrit à moi.

Sans que je ne l'ai touchée, le pétale se mit à voler. Et au fur et à mesure qu'il s'élevait dans les airs, sa couleur disparaissait, pour ne laisser place qu'à une noirceur sans précédant.

C'est alors que la vit. Immense face à moi, se découpant par la seule force de la flamme de ma bougie, une ombre me surplomba. L'image d'une gigantesque femme suppliante, à la bouche éternellement ouverte pour laisser écouler ses pleurs, se présentait devant moi, comme prête à me dévorer.

Sonic - La Rose à deux Têtes [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant