Lisi

la fin de Lisi

Un été, une adolescente était entrain de bronzée, près de sa piscine. Elle était vraiment belle, elle avait de longs cheveux frisés, son corps faisait pâlir de jalousie toutes ses voisines et pourtant, elle n'avait que treize ans. Elle avait un sourire qui faisait craquer tous les jeunes hommes de sa classe.
Elle attendait son oncle qui n'était pas loin. Après, ils avaient prévu un film avec des pizzas. Sauf qu'elle n'a jamais vu le film, ce pervers quinquagénaire lui a pris son innocence. Il l'a laissée seule et souillée sur le canapé familiale. Sa mère est entrée et a vu sa fille pleurer. Son instinct maternel a repéré le mal de son enfant. Elle lui a tout confiée, Lisi a pleuré dans les bras de sa mère pendant de longues heures. Son père était furieux contre son frère. Elle s'enferma dans un mutisme pendant de longues semaines. Un jour qu'elle descendit pour déjeuner, sa mère eut un choc. Le ventre de sa fille était arrondi au possible. Deux tests de grossesse plus tard, les deux femme découvrirent que la jeune femme portait la vie. La petite famille fit toutes les démarches pour ôter la vie du petit être qui grandissait, quitte à passer par des moyens illégaux. Après cela, le père voulait à tout prix cacher cet incident. Malheureusement, un petit imbécile eut vent de cet avortement. En quelques jours, tout le collège de Lisi était au courant. Elle fut harcelée, frappée et humiliée. Elle se laissa aller, fini le sport, les copines, elles avaient arrêté de lui parler de toutes façons, et les sorties, pour les faire seule, à quoi bon. Elle restait toute la journée enfermée dans sa chambre. Jusqu'à ce fameux jour... Elle avait 15 ans à ce moment-la. Elle retourna à l'école, pour la première fois depuis quelques mois. Les insultes fusaient, les coups un peu moins. Elle allait se cacher en pleurant quand un nouveau lui demanda ce qu'elle avait. Prise de colère, elle le gifla puis le remercia d'avoir été son punching-ball. Contre toutes attentes, les deux adolescents firent connaissance. Lisi rentra chez elle avec le sourire pour la première fois depuis deux ans. Elle recommençais même à chanter le matin en descendant les escaliers. Il lui avait donné le plus beau cadeau de sa vie. Il lui a offert une épaule où pleurer et un peu d'espoir. En quelques mois, ils furent en couple. Il la défendait devant les élèves, elle le défendait devant les profs. Leur cœur était lié, ils étaient le couple le plus mignon du village. Malheureusement, le harcèlement continuait. Après sept années de harcèlement, Lisi eut marre. Elle empoisonnait la vie de son copain et de ses parents. Un soir, à minuit, elle sortit discrètement en chantant une chanson chinoise qui signifiait "Quand je ne peux plus dissimuler mes cicatrices, je m'enferme dans une pièce vide et derrière les portes closes, je pleure.*" Elle laissait de longues traces derrière elle. Elle marcha dans son village le sourire au lèvre jusqu'à une heure du matin. Quand elle sentit faible, elle se coucha dans le parc où elle avait les plus beaux souvenirs. Le lendemain, toute sa famille la cherchait, en vain. Ce fut son père qui la retrouva couchée à l'endroit où elle avait fait ses premiers pas, son premier sourire, ouvert ses premiers cadeaux, donné son premier baiser, ça il l'ignorait, bien sûr... 
Pris par un surplus d'émotions, les larmes coulaient sur le visage du père. Il appela les secours puis sa femme. Lorsque le couple fut à l'hôpital, le petit-ami de la défunte arriva. La douleur se lisait sur son visage. La mauvaise nouvelle a été dite, un samedi treize mai à onze heure moins le quart. Le trio était effondré, tout comme leur monde. Ce dernier tournait autour d'une seule personne : Lisi. Cette jeune femme était le centre de leur vie. Ce fut à cet instant que tous prirent conscience que plus jamais ils ne la verraient danser, sourire, chanter, crier de joie à toutes les bonnes nouvelles, hurler de colère quand elle pensait voir raison et que les autres lui donnait tort, pleurer, plus jamais ils ne la verraient vivre. Non plus jamais...
En sortant de l'hôpital, le couple d'une cinquantaine d'années partirent à gauche, main dans la main et les larmes aux yeux, tandis que le jeune homme partit à droite seul avec sa tristesse. Il voulut la rejoindre mais une discussion entre lui et elle lui revint en tête. Une semaine avant la mort de son âme-sœur, cette dernière lui avait dit :" Un jour, je mourrai. Ce jour peut être demain, dans un mois ou dans un an et je veux que, une fois enterrée, toi, Ben Mike Durel, tu réalises mon rêve : aller dans toutes les capitales d'Europe et goûter toutes les spécialités du pays. Tu feras un rapport que je lirai parmi les anges, ne rigole pas, je suis extrêmement sérieuse. J'espère vraiment que tu le feras, pour moi. Lorsque tu auras terminé ce voyage, oublie-moi. Refais ta vie avec une personne formidable qui te fais sourire chaque jour de ta vie et qui te fasse des enfants magnifiques. S'il te plaît, fais-le et si ce n'est pour toi, fais-le pour moi car je t'aime." Au souvenir de ce monologue, il organisa ce fameux voyage. Deux heures après l'enterrement, il prendrait l'avion direction Paris. Il se promit de réaliser le rêve de son amour.

Lorsque le jeune homme eut terminé son voyage qui avait duré 11 mois, il alla déposer le fameux rapport pied de sa pierre tombale.
"- Lisi, voici onze mois que tu es décédée donc voici onze mois et une semaine que tu m'as demandé de réaliser ton voyage et, d'après, refaire ma vie avec quelqu'un de formidable. J'ai réfléchi pendant tout le voyage et la seule personne formidable qui me fasse sourire et avec qui j'ai envie d'avoir des enfants, c'est toi. Dans mon rapport, il y a juste écrit désolé car je n'ai pas réaliser ton dernier vœux, enfin, pas entièrement, mais je viendrai te raconter le voyage de moi-même. Je t'aime, mon ange. Je t'aime tellement." À la fin de son monologue, il sortit un couteau acheté à Berne, se coupa les veines du poignet et termina par se planter le couteau dans l'abdomen.

*Refrain de la chanson d'Orelsan "petite marchande de porte clefs"