Un désir de justice

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- Au mon Dieu, s'écrit-Luke, Dana appelle la police, il y une femme ici et elle est... mon Dieu, Jésus, Marie, Joseph et tous les Saints du paradis... elle est morte !

Une sensation de panique m'envahit, je tremble comme une feuille et mes jambes me lâchent ; je m'écroule sur le sol glacé, le visage enfermé dans mes mains. Luke se rapproche de moi, le téléphone en main : il tente de contacter une ambulance ou la police locale. Je l'entends bredouiller en réponse aux hommes au bout du fil, puis il raccroche et s'agenouille à mes côté pour me serrer dans ses bras :

- Sèche tes larmes Dana, murmure-t-il, tout va bien se passer maintenant.

Je relève la tête et me tourne vers lui. Mes pensées se bousculent, mon cerveau bouillonne tant il réfléchis, trop de questions s'entassent dans mon esprit de jeune lycéenne.

- Je ne pleures pas, Luke, fis-je remarquer, j'enregistre les informations pour mieux aider la police à chopper le connard qui a fait ça.

- Tu a l'air si calme ?, s'étonne-t-il.

- Je le suis. Le cycle de la vie passe par la mort, mais ceux qui l'engendre mérite de la connaître à leur tour. En France, peu de gens osent l'affirmer, mais si je peux au moins permettre de faire enfermer le truand qui as tué cette pauvre femme... tu pleures ?

En effet, au fur et à mesure de mes paroles, des larmes commencent à s'échapper des yeux du beau brun ; il tente de les cacher en baisser la tête. Je relève son menton et plante mon regard dans le sien :

- Ce n'est pas parce que je parais indifférente ou sans cœur , que tu dois te cacher de ressentir de la peine ou une peur quelconque après ce que tu viens de voir. Chacun réagit de manière différente. Moi, je reste de marbre, mais à l'intérieur je souffre et ce soir, dans mon sommeil, je vivrais mes pires cauchemars, si bien que demain, au réveil, je serais bien plus fatiguée qu'après une nuit blanche. Si toi, en individu "normal", tu pleures face à un tel événement, je ne vais pas te juger. Au contraire, je t'envies, tu n'imagine même pas à quel point...

Il sèche ses larmes et essaye de retrouver son calme. J'entends les sirènes de l'ambulance mêlées à celles de la police qui résonnent dans la montagne ; je ne sais pas si elles sont proches mais les secours arrivent. Luke prend mes deux mains dans les siennes et les admirent un long moment avant de briser ce silence de mort qui nous glace le sang :

- Tu n'est pas sans cœur, Dana. Tu es une personne magnifique... dans tous les sens du terme, rougit-il, on ne se connaît pas et tu me réconforte comme si nous avions été élevés ensemble. Face à toi, je suis contraint d'être moi-même, je ne peux pas ma cacher derrière un masque, tu fais ressortir tout le vrai en moi, et je t'en suis plus que reconnaissant.

Je lui souris, un peu gênée après une telle déclaration. Alors que je m'apprête à répondre, on voit les motos-neige arrivées à notre hauteur. Les médecins se précipitent vers le rocher que leur à indiqué Luke pendant que les policiers recueillent nos dépositions. Lorsque enfin, le calvaire est terminé, Luke me fait remarqué qu'il est vingt et une heure et que nous allons à coup sûr nous faire enguirlander par nos professeurs. 

- Vous voulez qu'on vous dépose quelque-part ?, propose un des officiers, Il se fait tard, la nuit est tombée depuis un certain temps déjà, ça ne serait pas raisonnable de rentrer à pied.

Nous acceptons sans problème et l'officier nous promet de nous excuser auprès des adultes dont nous sommes responsables. Dès que le téléphone de Luke retrouve du réseau, il envoie un bref message à Charlie :

"Problèmes dans la forêt. Tout va bien. On est là dans un quart d'heure."

Alors que je suis cramponnée au dos de Luke, qui est lui même assis juste derrière l'officier, je me rappelle un détail amusant :

- Au fait, chuchoté-je à mon ami, tu peux rajouter Catholiques à ta liste.

Il tourne brièvement la tête vers moi, ne comprenant pas le sens de mes paroles. Je prends donc une voix grave, comme pour l'imiter, et reprends ses mots :

- Mon Dieu, Jésus, Marie, Joseph et tous les Saints du paradis, nous sommes tous deux catholiques !

Je l'entends rire et enfonce ma tête dans la fourrure de sa capuche, près de son épaule. Je ferme les yeux quelques instants, respirant son délicieux parfum à plein poumons. Je reste ainsi collée à lui tout le long du trajet ; n'importe qui pourrait nous prendre pour un couple et j'avoues moi-même ne pas savoir ce que nous sommes. Ce qui est sûr, c'est que nous avons vécut quelque chose qui va bouleversé nos vies et nous a liés à jamais. 

L'officier nous dépose devant l'immeuble et nous accompagne jusqu'à l'appartement des professeurs. Luke toque timidement et la porte s'ouvre à la volée, nous laissant voir Mr Jannof :

- Mais ça ne va pas la tête ?, s'écrie-t-il, nous nous sommes fait un sang d'encre de ne pas vous voir rentrer ! Vous auriez au moins pu téléphoner ! Où étiez-vous donc passé ? Et pourquoi cet homme...

Il marque un arrêt alors que le policier lui tend sa plaque. Il le dévisage alors, complètement abasourdi :

- Mon Dieu !, s'exclame-t-il, mais qu'avez-vous donc fait ?

- Je suis le sergent Haltrock, intervient l'officier, puis-je m'entretenir avec vous quelques minutes ? Je vous propose de laisser ces deux là se reposer un peu pendant ce temps, ils ont eu une après-midi assez mouvementée.

Mr Jannof se décale pour laisser le sergent entrer et nous souhaite une bonne nuit. Nous redoutons tous deux de rentrer dans l'appartement, mais il le faut bien.

- Attend, m'arrête Luke alors que j'allais ouvrir la porte, il n'y a personne dans le cagibi, ils nous attendent tous dans le salon. On pourrait se reposer là-bas cette nuit, en s'enfermant personne ne viendra nous déranger.

J'accepte et le laisse entrer dans ma ''chambre'' alors que je tourne les trois verrous. Il s'est déjà allongés sur le matelas à gauche du miens et je me couche à ses côtés. J'éteins la lumière mais allume ma lampe torche ; j'ai peur des cauchemars après ce que nous venons de vivre. On reste là un moment à s'observer dans la peine ombre, ses yeux bleus m'hypnotisent et adoucissent mes pensées sanglantes. Soudain, une idée me traverse l'esprit, je me redresse brusquement et cherche un carnet et un stylo dans mon sac.

- On doit mener l'enquête !, m'exclamé-je en rallumant.

- Putain !, se plaint Luke, préviens quand t'allume, tu m'as brûlé les yeux, là !

- Désolé, c'est que j'ai tendance à oublier à quel point ma beauté est éblouissante.

Il me regarde incrédule et j'explose de rire tout en grattant sur les pages blanches du carnet ; rapidement elles sont noircies par le récit des faits depuis notre arrivée dans la forêt jusqu'à la découverte du corps.

Luke se relève aussi et s'assoit en tailleur face à moi. Je lui lance un bref coup d'œil alors que je réfléchis à quoi faire.

- Bon, d'abord il nous faut relever des indices sur la scène de crime. Et en apprendre plus sur la victime, son identité, ses relations, tout ce qui pourrait nous aider à déterminer les causes et le coupable du meurtre.

- Faut qu'on retourne sur la scène demain matin, et qu'on visite la famille l'après-midi.

- Oui, oui, baille-t-il, mais d'abord si on dormait ?

Il s'écroule sur son matelas me faisant lâcher un petit rire. Je range mes affaires, éteins la lumière et m'allonge à mon tour.

- Viens, murmure-t-il en tendant ses bras vers moi.

Je ne me fais pas prier, je me blottis dans ses bras. Il les enroule autour de ma taille et me sert fort contre son torse chaud. Je m'endors ainsi, sans pensées morbides ni cauchemars, juste des rêves de Luke et moi faisant vous devinez quoi.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 04, 2017 ⏰

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