IV

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Elle était à la fois proche et loin de chez elle. Elle aurait aimé se jeter dans les bras de son père mais il n'était malheureusement plus de ce monde. Et Morgan... qu'était il devenu... Elle était partie sans un mot, sans le réveiller... quelle idiote faisait elle...

Le camp des corbeaux d'argent était grand... presque égale à son village... Elle observa tout autour d'elle, il y avait des hommes de toutes carrures et de tout types mais avec le même étendard répété. Elle avait peur, des propos barbares qui lui parvenaient, incompréhensibles. Elle tremblait d'épuisement. Sa blessure se calmait, comme si elle n'avait plus de sang à donner. 

On la conduisit vers une sorte de renfoncement, comme une grotte où une barrière de bois avait été érigé. On la poussa à l'intérieur et on referma la porte. 

- Tu es vraiment mignonne malgré tes habits de sauvage. Change toi.

On lui lança une simple robe de lin, aux manches courtes. On la détacha et elle lança un cri de douleur quand son bras fut violemment relâché. Elle referma sa main sur sa chair rougie et serra les dents. Après quelques minutes elle reprit ses esprits et regarda ses habits. Dans la précipitation des événements elle n'avait guère fait attention à ses habits qui étaient entièrement déchirés. Sa robe ne ressemblait plus à rien et laissait transparaître ses formes bien plus qu'elle n'aurait du. Mais au moins sa robe avait eu le mérite de camoufler le collier de son père toujours cachée sous ses vêtements et un col épais. Hélia se cacha et sentit soudain des regards sur elle. Ceux des gardes mais aussi des présences, comme si quelqu'un était derrière elle. Et pour cause, plusieurs autres personnes étaient réunies dans cette geôle avec elle. Elle en connaissait quelqu'un, des membres des tribus voisines qui faisaient parties de la même coalition qu'elle.

Elle voulait se précipiter dans leurs bras, pleurer et être réconforter mais tout ce qu'elle vit lui glaça le sang. Leurs yeux étaient vides, leurs corps livides. Est ce que la vie elle même avait quitté leurs corps ? Elle hésita à les saluer tel son rang lui avait appris à le faire mais au vue de sa position, elle ne jugea pas cette possibilité des plus utiles. Elle s'approcha de Hinva, une femme de la tribu bleu, qui était aussi celle du chef. Elle était enceinte. 

Elle posa sa main sur celle de la femme qui sursauta, prise de terreur. Elle la repoussa et la fit trébucher. Hélia tomba et gémit à cause de sa blessure. Alors la femme écarquilla les yeux et se mit à hurler, les yeux en larmes, la bouche déformée d'une douleur si profonde qu'elle en était inimaginable.

- Ton père nous avait promis... Nous avait promis que nous serions en sécurité ! Qu'il s'occupait de tout ! 

Hélia la regarda perdue, elle n'avait jamais participé aux conseils de guerre de la coalition, c'était un souhait de son père qu'elle demeure dans l'ignorance de la malveillance et de la guerre malgré ses 19 ans. La femme tremblait et saisit une pierre. 

- C'est ton père le responsable ! Il nous a tous tué ! Il a... Il a tué mon mari ! 

Elle lança la pierre qui frappa le corps d'Hélia. Elle gémit. Hinva était comme transportée dans un état second, elle n'était plus la femme aimante qui lui avait offert un joué en bois quand elle était enfant. Désormais c'était une étrangère. Hélia voulait crier, voulait lui dire d'arrêter mais elle était trop faible. Elle se protégeait tant bien que mal des assauts de Hinva. Le temps fut long. Très long. 

Soudain les corbeaux apparurent aux barreaux de bois tel des rapaces. Ils hurlèrent et la porte fut ouverte. Deux hommes attrapèrent Hinva et l'emmenèrent dehors. Elle hurlait. Non pas de la lâcher. Elle hurlait "Mort aux traîtres" et ses yeux jamais ne quittaient Hélia, désemparée. 

HéliaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant