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Hélia se réveilla, sa tête lui faisait mal tandis que les rayons du soleil l'aveuglaient presque. Combien de temps avait elle dormi. Son lit, pourtant dur et froid, lui avait été si agréable qu'elle s'était endormie comme une masse après ses réflexions du soir. Elle se leva à demi sur ses draps et regarda le jour, plus déterminée que la veille. Si elle voulait survivre à ce monde si carnassier, elle devait se fondre dans la masse et en apprendre plus, toujours plus sur tout ce qui l'entouraient. 

Elle se tourna, Héphaje n'était pas dans son lit. Elle s'approcha d'une bassine d'eau froide. Ses maigres mains portèrent l'eau à son visage. Elle laissa couler les gouttes sur sa peau. L'eau fut comme la pluie de ce funeste jour. Elle se souvenait de comment elle vit son village réduit en cendre, comment elle perdit Alimène et Morgan et sa haine ne fit que grandir. Le bruit de l'arbre brisé, le bruit des flammes, les hurlements... Sans cesse, elle se demandait pourquoi avait elle survécu à tout ceci. Mais elle les retrouverait... Une fois tous ses problèmes réglés et sa liberté retrouvée, elle les rejoindrait.

Elle sortit de la chambre et alla dans le salon. Tout était propre, plus rien de dépassait. Il n'y avait aucun vestige de ce qu'il s'était passé la veille. Tout était redevenu blanc et lisse. Hélia se sentit plus que mal à l'aise face à une pièce si propre. La rapidité avec laquelle cette pièce avait repris sa forme déroutait Hélia qui ne pouvait réfuter cette odeur de mort qu'elle sentait errer dans les couloirs froids. Elle n'osa pas toucher les murs, de peur que les ombres ne reviennent la faire plonger. Elle s'avança dans la pièce suivante, bordée  d'une splendide terrasse. Il est vrai qu'elle n'avait pas eu le temps de faire le tour du propriétaire depuis son arrivée. Il fallait, pour son dessin, qu'elle étudie tout les murs, ouvertures, étages.

Il était tôt le matin, la rosée était encore là sur l'herbe fraîche mais le soleil déjà illuminait son corps frêle. Le calme régnait dans la maison mais il se fit de courte durée. Les domestiques affluaient près d'elle, chacun posant un regard de dégoût sur la pigmé. La différence faisait donc si peur ? L'inconnue, faisait donc si peur ? 

Soudain elle entendit des gardes arriver à son niveau. Il s'arrêtèrent et la regardèrent.

- Kohn c'est à toi de t'occuper de l'animal.

Ses amis se moquèrent de lui qui grimaçait de mécontentement. Lui qui s'occupait de la protection de la villa, il était maintenant réduit au rôle de dompteur ou berger fou comme on lui disait. Hélia ne comprenait pas ce dont parlaient ces hommes en habits courts et munis de fer, mais ce qu'elle comprenait, cet homme n'était pas là pour l'aider. Ces gardes étaient vêtus d'une sorte de short et ne portait pas de haut, ce qui laissait voir leur musculature et les marques de guerre qu'il portaient fièrement. Cependant leur corps était couvert de bout d'armure tel que des jambières, des épaulières, des plastrons, des casques... Une ceinture chargé de symboles compliqués qui ressemblaient à des sortes de formes droits comme des bâtons ou des piques étaient fièrement accrochée à leur taille.  Cette ceinture était ce qui inquiétait le plus Hélia, car elle contenait une épée puissante et menaçante. Sur celle de son géôlier, elle distinguait une sorte d'outil en cuir, dont la longueur était si grande qu'il avait du enroulé  à plusieurs reprises le long cuir autour de sa ceinture. Au fur et à mesure qu'elle observait le fouet, elle distinguait la puissance et toute la monstruosité de cet arme qu'il allait très certainement utiliser contre elle.

Hélia voulut sortir, comme pour s'échapper mais l'homme se dressa devant elle et il se mit à rire.

- Où crois-tu aller comme ça ?

Aussi humiliant que ce fut possible, l'homme attrapa ses poignets. Sa force était impressionnante, il aurait pu la briser en un claquement de doigt. Il enferma ses poignets dans des sortes de bracelets de cuir épais, reliés entre eux par des chaines de fer. Ses entraves étaient suffisamment ample pour la laisser plus ou moins faire tout ce que le travail de domestique lui demandait de faire, mais elle étaient suffisamment restreintes, pour l'empêcher de griffer quiconque ou de se débattre. Elle n'était pas plus libre qu'un animal qu'on amène à la mort...

Hélia voulut protester mais le garde lui colla une droite et prit son menton dans sa main. Elle était si maigre que son menton tenait sans grande place dans sa paume. Il posa son regard sur la jeune femme et lui sourit.

- Si tu étais à moi, je ne te laisserai pas en liberté. Les animaux sauvages c'est en cage qu'on les garde...

- Mais tu n'es pas le maître ici Kohn.

La voix d'Héphaje résonna dans la pièce blanche. Le soleil l'éclairait comme si elle était l'héroïne d'une histoire fantaisiste ou la sauveuse d'une pauvre créature. Ses cheveux blonds rayonnaient et elle faillit éblouir la jeune fille, en contre bas. Hélia se libéra de l'emprise de son geôlier et s'approcha d'Héphaje comme pour se protéger. Kohn grogna et pesta contre la pigmé, trop fougueuse et indomptée.

Héphaje sourit à Hélia et lui caressa les cheveux, elle posa sa main à l'endroit où le garde s'était emporté. Elle fronça les sourcils. De sa hauteur, elle semblait digne des plus grandes divinités, comme ci Solaris, le dieu du soleil et de la bonté était descendue la sauvée.

- Qu'as tu fait ?!

- J'ai remis en place ton fauve. 

Elle grogna et s'approcha de lui, en face à face, descendant une à une les quelques marches qui l'élevaient de lui. 

- Oses refaire cela une fois... et le maître sera au courant. Elle est sous ma protection, et la toucher revient, à me toucher. Je suis toujours au dessus de toi alors prends garde Kohn.

- Plus pour très longtemps, le maître commence à se lasser, bientôt il se débarrassera de toi et alors... Je m'occuperai de toi et de ta chienne...

Héphaje le regarda sans broncher, mesurant sa colère. Elle vacilla un instant et porta sa main sur son flanc droit. Kohn s'approcha d'Hélia posa sa main sur son épaule.

- Mais en attendant, on va devoir apprendre à vivre ensemble.

Il sourit tandis qu'Héphaje grimaça. Cette expression n'échappa pas à Hélia qui regarda son flanc sans comprendre. Avait elle mal quelque part naturellement ou... l'avait on touché... Comme si un second sens s'éveillait en elle, elle sentait que son amie était blessée et elle fronça les sourcils. Elle devait certes s'échapper, se venger de ces hommes et de leur monde, mais pas au prix de la vie d'une personne aussi pure que son amie. 

- Commençons par couper ces griffes de loup.

Kohn attrapa la chaîne d'Hélia et la tira en dehors de la propriété tandis que Héphaje restait, dans la pièce froide, la main appuyée sur le buffet, à demi courbée. Elle se releva en prenant une grande inspiration.

- Prends garde Kohn... N'oublie jamais que je suis derrière elle.

Il lui sourit, terrifiant. 

- Économise ta salive, et viens ici. Ses griffes ne vont pas se couper toutes seules. 

Il fit asseoir Hélia face au soleil, comme pour l'éblouir. Elle le regarda et contempla cet homme et marqua son nom dans sa tête. Elle se vengerai de lui... Elle promettait. Ils échangèrent un long regard quand la brise se mit à souffler fort dans leur direction. Elle était si forte que  Kohn dut se protéger momentanément, puis la brise se calma. 

Kohn regarda cette étrangère. Que venait-il donc de se passer... Comment le vent avait il pu d'un seul coup... Cet animal était dangereux, mais jusqu'à quel point... Il ne le savait pas. Il devrait garder un œil sur elle sans cesse, cette partie de chasse semblait plus intéressante qu'il n'y paraissait.

Il la dompterait.


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⏰ Dernière mise à jour : Aug 17, 2020 ⏰

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