Chapitre 3 --À vos journaux--

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Chapitre 3

Gauche, droite. Encore une fois. Ne pas arrêter. Je devais continuer. Je ne serais capable de recommencer si j'arrêtais maintenant. Gauche, droite.

Mes jambes me criaient de m'arrêter, prendre une pause. Mes poumons se battaient pour absorber un peu d'air et ma gorge hurlait pour de l'eau. Mais je ne pouvais pas m'arrêter, pas maintenant. Pas si près du but. Il ne me restait que deux kilomètres à ma course et ce n'était pas dans mes intentions de la laisser inachevée.

Une musique entraînante jouait à travers mes écouteurs et je courrais au rythme régulier des chansons. Contrairement à plusieurs, courir ne me permettait pas de penser, mais de me vider l'esprit. La seule chose à laquelle je pensais était d'éviter de me faire frapper par un des conducteurs pressés de mon quartier. Avec le vent dans le dos, les pas étaient beaucoup plus facile qu'à l'aller où le vent me ralentissait et m'empêchait d'avancer à un rythme rapide.

Étant adolescente de nature plus paresseuse, les gens que me voyaient courir me lançaient souvent des regards surpris mais pas autant que mon voisin. Sébastien Bouchard est dans ma classe depuis la deuxième secondaire et pour une raison ou une autre il étai impossible de l'éviter.

En passant devant sa maison, j'accélérai le pas pour rejoindre la mienne mais mon effort ne fut que vain.

-Cassandre! Attends-moi, m'interpella-t-il.

Il sortit de sa maison et vint me rejoindre sur le trottoir un sourire aux lèvres. En finissant de reprendre mon souffle, j'écoutai ce qu'il avait à me dire :

- Encore en train de courir? Demanda-t-il, ne t'avais-je pas dit de me prévenir? J'aurais voulu t'accompagner. 

- J'avais oublié, mentis-je, et pourquoi aurais-je voulu aller courir avec toi? Je pointai un doigt dans sa direction un sourire moqueur pendant à mes lèvres. 

- Parce que ma chère Cassandre, dit il en prenant ma main et la baisant tendrement, tu me trouves irrésistible.

Je retirai ma main au plus vite et l'essuyai grossièrement sur mon chandail.

- Aucune chance mon cher, dis-je avant de partir sans me retourner.

Sébastien était un charmant personnage, quand on apprenait à le connaître. Malheureusement pour lui, son gros égo et son manque d'intérêt pour les autres ne l'avantageaient pas beaucoup. En étant mon voisin, j'avais pu voir plus loin que son caractère égocentrique. Ce qui malheureusement ne voulait pas dire qu'il ne le montrait pas en ma présence.

J'atteins finalement ma maison et entrai dans la cour arrière. Complètement à bout de souffle, je m'allongeai sur l'une des chaises longues qui entouraient ma piscine et pris de longues bouffées d'air. Une fois ma respiration de nouveau régulière, je rentrai prendre un grand verre d'eau à la cuisine. Après l'avoir but d'un seul trait, je déposai le verre dans le lave-vaisselle.

Tout en montant vers ma chambre, je réalisai que je suais encore à grosses gouttes et décidai de prendre mon maillot de bain et de faire un petit tour dans ma piscine extérieure. Avec mon maillot une pièce aux couleurs joyeuses fixé sur ma figure, je ressortis dehors, une serviette à la main.

En passant par la cuisine, je remarquai le journal toujours sur le comptoir. Avec une petite pointe de douleur au cœur, je le ramassai et le regardai pour la dernière fois. En remontant vers le grenier, je jetai un dernier coup d'oeil aux premières pages remplies et la suite vid...

Je m'arrêtai et regardai attentivement le journal. Les pages qui étaient, il y a moins d'une heure, vides étaient maintenant remplies d'écriture. Ceci voudrait dire que le truc avec le jus de citron avait fonctionné!

Ne jamais revenirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant