Chapitre 6- Avenir incertain

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Je la fixe longtemps. Je ne parviens pas à réfléchir normalement, tout s'embrouille dans ma tête. J'ai l'impression d'avoir reçu un coup de point dans l'estomac. Pourquoi ne m'en a-t-elle jamais parlé ? Même du temps où l'on s'entendait bien ? Après plusieurs minutes, c'est la seule chose que je réussisse à articuler.

– Pourquoi ? soufflé-je.

Elle me regarde sans comprendre. Ses yeux sont chargés de tristesse, mais je m'en fiche, elle m'a menti ! Et je la déteste pour ça. La colère prend le pas sur le reste et je lui crache les mots à la figure.

– Tu es lâche, tu l'as toujours été. Depuis que papa est parti, tu m'as laissée tomber. Tu as préféré sombrer plutôt que de te relever et de tenir ton rôle de mère. Et comme si ça ne suffisait pas, tu m'as menti.

– Je l'ai fait pour toi, Dahlia, pour te protéger. Mais je n'ai pas eu besoin de te mentir. Après le départ de ton père, tu as agis comme une petite fille normale... et... je... j'ai été dans ton sens pour ne plus te blesser.

Je m'éclaircis la voix.

– Une petite fille normale ?

– Une petite fille sans don, m'éclaire-t-elle les yeux embués par les larmes.

–Tu veux dire que j'ai décidé seule de ne plus m'en souvenir ?

Ma colère à céder la place a la surprise.

– Oui, murmure-t-elle.

– Mais pourquoi ?

Ses yeux papillonnent sur mon visage, une larme coule le long de sa joue.

– Parce ce que... Dahlia, cela n'a plus d'importance.

– Non ! Arrête ! J'ai besoin de savoir, je t'en prie Maman.

Mon regard se fait suppliant et je sais qu'elle finit par comprendre que c'est vital pour moi de connaître la vérité. Elle plaque sa main sur sa bouche pour étouffer un sanglot.

–Ton père est parti à cause ça, m'avoue-t-elle d'une voix chevrotante.

Mon cœur a un raté. Je n'arrive pas vraiment à intégrer cet aveu horrible. Mon père est parti à cause de moi. Chaque mot se détache dans mon cerveau en résonnant.

Mon père est parti à cause de moi, il est parti à cause moi.

Je me répète cette phrase, jusqu'à ce qu'elle devienne une litanie monocorde. Je ne comprends même plus le sens des mots.

J'ai cru pendant toutes ces années qu'il était parti à cause d'elle et de sa dépression... Je n'aurais jamais pensé que la véritable fautive était... moi ?

– Quand tu as eu cinq ans, tu as commencé à agir bizarrement. Tu guérissais tes propres blessures, puis il y a eu ta grand-mère. Ton père était désarmé. Jusqu'au jour où tu es venue dans notre chambre en plein milieu de la nuit, en pleurs. Tu as affirmé qu'Omega, un garçon qui était en classe avec toi, allait mourir atrocement. Je t'ai réconfortée, en te persuadant que ce n'était qu'un cauchemar, mais le lendemain, il mourait électrocuté.

Je la fixe en silence, sans ressentir quoi que soi. Ses mots glissent sur moi. Elle reprend :

– Ton père est parti le soir même. Et depuis, tu n'as plus jamais été cette petite fille-là.

Elle cache son visage entre ses mains et sanglote silencieusement. Seules les secousses qui traversent son dos la trahissent. Puis, tout à coup, une seule question s'insinue en moi, je la formule à haute voix avant même d'avoir eu le temps de m'en rendre compte :

Ultra (sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant