Le goût amer de l'alcool rappelait des délicieux souvenirs au jeune. La brûlure dans sa gorge lui provoquait un triste plaisir.
Les larmes coulaient sur ses joues, il était seul. Terriblement seul.
La solitude le faisait presque autant souffrir qu'être entouré.
Les étoiles avaient pris leur place habituelle dans le ciel, bien qu'elles soient cachées par les nuages. Il faisait froid cette nuit-là. Peut-être même allait-il pleuvoir.
Il était assis tristement sur le trottoir, à l'heure à laquelle les adolescents sont censés dormir.
Il avait presque fini sa bouteille de whisky.
Les souvenirs revenaient peu à peu. Son corps était secoué par les sanglots.
Sur un coup de tête, il attrapa son téléphone. Il regarda l'heure mais composa quand même ce numéro qu'il connaissait par cœur.
Sans surprise, il tomba sur la messagerie. Il eut une légère toux, avant de réussir à parler. Sa voix était rauque et faible, mais il s'en fichait.
« -J'suis désolé de t'appeler à trois heures du mat', putain, j'sais même pas pourquoi j'fais ça. J'crois que j'suis défoncé. Je m'excuse pour ça aussi, j'sais que ça te plaît pas, que ça t'a jamais plus. J'fais des conneries t'façons. J'arrive pas à être comme toi. J'ai essayé. J'te jure, j'ai essayé. Mais j'arrive pas à faire comme toi. J'arrive pas à être bon élève, gentil avec les gens, drôle et tout ce que t'es. On se connaît depuis gamins, puis petit à petit on a pris une route différente. Et t'vois, j'retrouve pas le chemin pour te rejoindre. J'ai trop sombré. J'arriverai pas à remonter, j'crois. C'est plus possible. Et merde Alex', j'en peux plus ! Tu veux la vérité ? J'suis pas bien depuis qu'elle est plus là ! Tu m'as traité d'égoïste, et t'sais quoi ? C'est vrai. Elle comptait aussi pour toi, mais je m'intéresse qu'à c'que moi j'ressens et je... »
Le "bip" retentit. Il souffla, se demandant pourquoi il venait de faire ça.
Difficilement, il se releva et rentra chez lui.
