Chapitre VI

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Sa psy n'était pas vraiment compréhensive. Elle ne lui proposait rien pour sortir de son malheur, mais lui disait qu'il devait le faire coûte que coûte.
Il n'en pouvait plus. Il n'y arrivait pas. Il savait qu'il n'y arriverait pas, de toutes façons. 
Tristement assis sur sa chaise, le jeune ne disait pas un mot. Le silence régnait dans la petite pièce.
Il n'aimait pas parler à cette femme méprisante. Sa voix trop aiguë l'énervait terriblement, mais il était obligé de la supporter pendant une heure tous les samedis.
« -Aurais-tu des choses à me raconter, depuis la semaine dernière ? »
La mâchoire du brun se crispa. Il se creusa les méninges, tentant de se rappeler. Certains épisodes étaient flous dans sa tête.
« -Je ne m'en rappelle pas en détails...
-Pourquoi ? Aurais-tu encore bu ? »
Il haussa les épaules, las. La rousse agita sa tête de gauche à droite, désespérée.
« -Je t'ai déjà dit que cela n'était pas bien. Qu'il fallait arrêter. Pourquoi ne le fais-tu pas ?
-Vous avez déjà eu l'impression de n'être rien ? Un corps vide ne ressentant aucune putain d'émotion ? Je sais ce que c'est. J'vis ça tous les jours. J'ressens rien. Pas de tristesse, pas de rage, pas de bonheur. Rien. Le vide. Le néant. Et quand je bois, je ressens enfin quelque chose. Je me sens enfin humain.
-Et tu ressens quoi, dis moi ?
-C'est indescriptible. Je ressens un peu de toutes les émotions que j'ai dit juste avant.
-Et tu trouves que c'est bien ce mélange ?
-Sûrement pas. C'est de la grosse merde. Mais j'préfère ça à être vide, madame. »
En silence, elle baissa la tête vers son cahier et écrivit. Une fois qu'elle eut fini, elle lui fit un sourire hypocrite et lui annonça que la séance était finie.

gravité (2017)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant