« Ton cancer est en phase terminale Lydia, je suis désolé »
Aussitôt cette nouvelle annoncée, le médecin sortit de la pièce, me laissant seule avec ma mère en larmes et mon père triste à l'infini. Des larmes commencèrent à couler sur mes joues. C'était inévitable. J'allais mourir.
Mais quand ? Dans une semaine ? Un mois ? Je n'en savais rien.
Une boule se forma dans mon ventre. J'étais responsable de la tristesse de mes parents et je ne le voulais pas. Voir mes parents dans cet état me brisait le cœur.Pendant le trajet du retour, je suis restée silencieuse. J'ai mis mes écouteurs et ai enclenché ma musique préférée - losing your memory de Ryan Star -
Une fois arrivée chez moi, je vis mon frère assis sur le canapé. Il tourna la tête, me sourit puis vit ma mère entrer, les yeux rougis par les larmes. Son sourire s'effaça et un air d'incompréhension se dessina sur son visage.- Je suis en phase terminale frangin, je vais mourir, avais-je prononcé.
- Lydia, ma chérie, ne dit pas ça, dit ma mère.
- C'est la vérité maman, c'est fini.
À peine avais-je prononcé ces mots que mon frère éclata en sanglots. Je le pris dans mes bras et le rassurai. Ma mère et mon père se sont retirés, nous laissant seuls. Je me retirai de notre étreinte et lui assurai que tout se passerait bien. Mais je ne le pensais pas.
Je montai dans ma chambre et m'allongeai sur mon lit. Comment allais-je annoncer ça à Gab ?
Gabriel était mon copain depuis deux ans maintenant. Nous nous étions connus au lycée, en première année, et depuis nous ne nous étions plus jamais lâchés. La boule qui s'était formée dans mon ventre quelques heures auparavant se mit à grandir au moment où je commençai à repenser à nos plus beaux moments passés ensemble. Deux ans c'était long, ça nous avait permis de nous rapprocher le plus possible et de commencer à faire notre vie à deux. Même si nous n'avions que 17 ans, nous avions plein de projets ensemble pour l'avenir. L'avenir. Qu'est-ce que ça signifie pour moi maintenant, ' l'avenir ' ?Lorsque nous parlons d'avenir, les gens ont peur. Ils ont peur de faire de mauvais choix, de mener une vie qu'ils n'ont pas voulu ou qui ne leur plaît pas. Moi, j'ai peur de ne pas avoir d'avenir. J'aimerais pouvoir faire de mauvais choix et me rattraper dans 10 ans ou me dire " putain Lydia t'aurais pu faire mieux ", mais je ne peux pas.
Il me reste peu de temps à vivre et je le sens. Mais je veux que ce peu de temps soit le meilleur moment de ma vie. Je veux vivre une dernière fois.*
- Allô ?
- Gab, c'est Lydia, on peut se voir ?
- Oui bien sûr. Tout va bien ?
- Oui oui. Au parc dans 10 minutes ?
L'avantage est qu'avec Gab nous n'habitons pas loin l'un de l'autre. Je me levai de mon lit et me préparai. Je me regardai dans le miroir. " Lydia, comment vas-tu lui annoncer ? ", murmurai-je à moi-même. Je n'en sais rien. De toute façon, le résultat sera le même, peu importe comment je lui annoncerai.
10 minutes après, j'étais au parc, assise sur un banc à regarder les enfants jouer. Qu'est-ce que j'aimerais être à leur place. Être insouciante, ne pas me préoccuper de ce qui m'arrivera plus tard.
Je sentis quelqu'un s'approcher de moi, ce qui me fit relever la tête. C'était Gabriel. Il était blond aux yeux bleus, faisait quelques centimètres de plus que moi et portait son éternel bonnet. Il s'avança vers moi et m'embrassa. À ce moment là, j'aurais voulu arrêter le temps. Ne plus parler, oublier ce qu'on m'avait annoncé. Il se détacha de moi et s'assit à côté de moi.- Ça faisait longtemps, dis-je.
- Tu m'as manqué. Comment vas-tu ?
- Bien.
- Tu mens.
- Je vais bien, je t'assure.
- Tu es pâle, on dirait que tu n'as pas mangé depuis plusieurs jours et tu étais essoufflée quand je suis arrivé.
Je ne répondis rien.
- Dis moi Lydia, pourquoi m'as-tu fais venir ici ?
- Pour te voir.
Il y eut un long moment de silence. Je savais que Gab se doutait que ce n'était pas juste pour le voir. Jamais je ne lui disais de venir dans ce parc juste pour le voir. Ce parc...
Je m'étais assise sur un banc dans un parc car je n'avais pas envie de rentrer. Mes parents passaient leur temps à se crier dessus et le calme n'existait plus à la maison. Ma maison, mon chez moi était devenu l'endroit où je voulais le moins être. J'avais même songé au fait que mes parents finiraient par se quitter. Mon frère faisait comme si de rien n'était et mes parents nous laissaient de côté. Des parents occupés, je peux comprendre. Mais des parents qui laissent presque tomber leurs enfants, ça je n'arrive pas. Alors je venais souvent dans ce parc. C'était toujours calme, malgré les quelques enfants qui y jouaient.
Je regardais les enfants jouer dans le sable. Ils sont si insouciants.Un garçon s'assit à côté de moi. Ses cheveux blonds bien coiffés, ce bonnet et ses yeux bleus, je le reconnus directement. C'était un garçon de mon lycée. J'étais en première année alors je ne connaissais personne. J'ignorais même son prénom. Je me contentais de fixer le soleil qui était en train de se coucher. Au bout d'un moment, j'entendis la voix du garçon retentir.
« Je m'appelle Gabriel, et toi ? »
Ce sont les premiers mots que nous nous sommes échangés. Et, même s'ils paraissent innocents ou nuls, ces mots étaient précieux pour moi. C'était le début de quelque chose de grand.