6.

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PDV GAB

J'entrai dans cet endroit sordide où était ma copine. Je passai devant la réception qui ne m'arrêta pas. J'étais un habitué maintenant..
J'attendis l'ascenseur qui fit long à arriver. Une fois dedans, une dame d'un certain âge entra dans celui-ci. Elle me regarda de haut en bas avant de me demander :

« - vous venez souvent ici ?
- oui, presque tous les jours, pourquoi ?
- j'ai l'impression de vous avoir déjà vu.
Je haussai les épaules.
- je peux vous posez une question un peu indiscrète ?
Je hochai la tête.
- que faites-vous dans cet hôpital, à votre âge ?
- ma copine est malade.. Elle a un cancer..
- je suis désolée..
- et vous, vous venez souvent ?
- aujourd'hui c'est la dernière fois.. avant je venais tous les jours ici pour veiller sur mon mari..mais il m'a quitté hier. Aujourd'hui je dois remplir des papiers.. ils ne peuvent pas laisser les gens faire leur deuil ?
- je suis tellement désolé madame.. c'est affreux..
- il a bien vécu, vous savez. Il n'aurait pas pu avoir une plus belle vie. C'est la vie, moi aussi je vais le rejoindre un jour, et on sera de nouveau heureux »

Elle me sourit et sortit de l'ascenseur. Les portes se fermèrent et, un étage plus haut, je sortis.
J'avançai dans ce couloir blanc, qui me rappelait les heures les plus sombres. J'arrivai devant la porte n°356, la chambre de Lydia.
Je frappai et entrai.
Elle était allongée, les yeux me fixant. Elle était très pâle. Elle me fit un faible sourire que je lui rendis.
Je m'avançai vers elle et l'embrassai.

« - comment tu te sens ?
- je veux pas parler de moi, parle moi de toi.
Sa voix était presque inaudible.
- au lycée, Stacy s'est fait ridiculisée, une grande première.
Un sourire s'afficha sur son visage.
- tu sais le gars super beau et super riche avec qui elle sortait ?
- Liam ?
- ouais, bah en fait il sortait avec elle juste pour un pari. Il l'a annoncé publiquement hier à la cafétéria, rendant Stacy morte de honte. »
Un petit rire sortit de la bouche de Lydia. Elle aimait quand la roue tournait.

PDV LYDIA

J'aimais quand Gab me racontait ces histoires. Ça passait le temps.
J'avais de la chance d'avoir Gab mais je percevais la tristesse derrière ses sourires, la détresse derrière ses rires mais surtout l'angoisse derrière ses mots.
Je n'ai jamais su mettre mes maux en mots. Lui non plus. Mais au fil du temps, on a appris à connaître les non-dits de l'autre. Une relation fusionnelle s'était installée entre nous. Ça me rassurait qu'il sache ce que je ressentais sans que je n'ai besoin de le dire. Actuellement ça me fait peur. J'ai peur qu'il voit à quel point j'ai mal, à quel point je souffre. Je sais qu'il ne sait pas ce que ça fait d'avoir cette douleur permanente dans la poitrine et c'est pour ça qu'il imagine le pire.
J'ignore depuis combien de temps il ne dort plus. Pour rester à mon chevet il doit boire beaucoup de café. Ce n'est pas bon pour lui. Cette attente le tue et je le vois.
Ses cheveux sont plus ternes, ses yeux rougis par les larmes, ses cernes présentes à cause du manque de sommeil, son vrai sourire disparu, ses habits qu'il n'a jamais osé mettre car ça ne faisait pas classe et son corps non alimenté depuis je ne sais combien de temps. Le voir dans cet état m'attriste.

Je le vois me regarder bizarrement, du au fait que je le regarde de la tête au pied. Je lui souris et lui fait signe de s'approcher.

PDV GAB

Elle me fit signe de m'approcher. Je lui pris la main et la fixa.

« - Gab, promet moi que quand je ne serai plus là, tu reprendras ta vie comme avant, que tu ne te morfondras pas durant une éternité, que tu ne renonceras pas à aller en cours, que tu ne te couperas pas du monde qui t'entoure et que tu me garderas toujours une place dans ton cœur comme j'en garderai une dans mon cœur arrêté.. Promets le moi..
- je te le promets Lydia.
Je posai ma tête sur ses mains.
- je t'aime Lydia.
- je t'aime Gab »

Peu après qu'elle ait prononcé ces mots, un bruit sourd me fit relever la tête. Les machines reliées à Lydia s'étaient mises à biper. Des médecins sont arrivés et l'ont emmenée. J'ai protesté et ai voulu la garder près de moi, mais on me l'a enlevée. Des larmes coulaient sur mes joues à n'en plus finir. Je pris conscience de ce qu'il se passait et j'eus envie de hurler pour qu'on me la rende. J'avais envie de me réveiller de ce cauchemar.
Mais quand ce n'est pas un cauchemar, on ne peut s'en réveiller.

Lydia avait rendu son dernier souffle en me disant qu'elle m'aimait.
Son cœur avait cessé de battre.
Elle m'avait quitté.
Elle n'était plus de ce monde.
Je l'avais perdue.
J'étais seul à présent..

Don't forget meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant