WATERSON

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Gare principale de Portnahaven, Écosse
Dimanche 4 septembre
11:00

La chaussure d'Endinson Waterson claqua sur le sol du couloir de train vide, qu'il était en train de traverser à grands pas pressés.

Monsieur Waterson était un homme d'une cinquantaine d'années, le visage vieilli, triste et fatigué, le corps mince, enveloppé dans un grand imperméable noir.
Il portait un chapeau noir et une mallette en cuir noir à la main, ainsi qu'une énorme valise, noire.

Il atteignit d'un bon le bout du wagon désert, souleva sa valise et se retourna.

  - « William ! appela-t-il d'une voix lasse. Viens mettre ta valise ici, il y a des portes-bagages. »

Willian Waterson, le fils unique de monsieur Waterson, entra à son tour dans le couloir du train.

  - « Ça tombe bien », répondit le garçon d'une voix grave. « J'en peux plus de porter ce truc énorme. »

Ce qui frappait en premier chez William Waterson, c'était son visage lisse, aussi doux que celui d'un enfant de douze ans, qui contrastait nettement avec une voix rauque, aussi abîmée que celle d'un fumeur de l'âge de son père.

Le jeune homme traînait également derrière lui une énorme valise qu'il tendit à son père. Ce dernier la souleva sans efforts avant de la glisser dans un porte bagage, à côté de la sienne.

Le père et son fils s'assirent ensuite sur des banquettes face à face, et William Waterson entreprit de déplier minutieusement les écouteurs de son mp3.

Dehors, le train se mettait doucement à démarrer. La fine pluie écossaise qui tombait sur les vitres faisait trembler les fenêtres de leur wagon.

Un panneau d'affichage bleu, brillant au milieu de la brume qui inondait la gare, indiquait en grosse lettres :

« BILTON CITY : DÉPART IMMINENT »

Edinson Waterson sortit un ordinateur de sa mallette, l'ouvrit et prit un air concentré. Aussitôt, la lumière bleu de l'écran inonda son visage, reflétant des traits tirés, des yeux enfoncés dans un visage creux, fatigué.
On aurait dit le visage de quelqu'un se remettant d'une maladie grave.

William Waterson, lui, avait bien moins de rides, mais de larges cernes sillonnaient également ses joues d'adolescent.

  - « Quand tu as dit qu'il n'y aurait pas beaucoup de monde dans le train, » dit William au bout d'un moment, « je ne pensais pas qu'il n'y aurait personne. Papa, on est les deux seules personnes du monde à aller à Bilton City. On est tous seuls ici. »

Monsieur Waterson leva la tête de son ordinateur et prit un air coupable.
Autour d'eux, le wagon du petit train écossais, aux allures de vieille locomotive rénovée, était en effet désert.

  - « Je suis désolé William », dit-il de sa voix lasse. « Je sais que ça ne doit pas être facile pour toi de quitter la banlieue d'Ecosse pour venir vivre ici... Bilton City va peut être te dépayser un peu au début, mais... ça va nous faire du bien, tu verras. »

William posa son magazine et fixa son père. Au travers de la petite fenêtre, la gare grisâtre du village de Portnahaven s'effaçait peu à peu.

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