Chapitre 28 : Un chaudron nommé désir

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« Je n'avais pas remarqué à quel point vous aviez une hygiène de vie déplorable. »

La voix grave de Severus Snape sonnait étrangement dans le salon de Jane. Ce timbre coupant, rythmé, aux mots parfaitement articulés semblait totalement anachronique avec le bordel organisé qui régnait dans son appartement. Le rangement n'avait jamais été son fort, et après une année passée loin de ce lieu, l'évidence lui sauta aux yeux : Severus n'avait pas tout à fait tort.

« Et cette odeur immonde de tabac froid... » Grinça-t-il avant d'agiter la baguette pour y remédier. « Qu'est-ce que c'est que ça... ?

— Ouh-putain, RIEN ! » Rétorqua la jeune femme paniquée en lui prenant des mains un soutien-gorge qu'elle avait laissé traîner sur le canapé.

La première fois que Severus et Albus s'étaient rendus chez la Moldue, ils étaient bien trop occupés par les enjeux de leur rencontre et l'empressement à la convaincre pour voir ce genre de détails. Elle aussi malheureusement, ce qui donnait lieu à ces petites « trouvailles », et l'espion avait l'œil pour ça.

« NON ! Hurla Jane en le voyant fouiner du côté de la porte de sa chambre.

— Et pourquoi pas ? Je suis bien aimable d'avoir accepté de jouer – une fois encore – les nourrices pour rédactrices. Qu'y a-t-il derrière ? »

Aimable, peut-être pas. Severus avait très largement protesté, et Jane n'était pas peu fière d'avoir obtenu gain de cause au bout de quatre jours de harcèlement non-stop. Sa magie à elle s'amusait-elle à penser. Dumbledore avait joué un grand rôle dans cette décision cependant. Il avait fallu le convaincre lui en premier, avant d'espérer qu'il ne l'appuie d'une quelconque manière. Le reste... Le reste avait été patience et esprit très Serpentard. Depuis, évidemment, Snape mettait un point d'honneur à le lui faire regretter.

« Qu'y a-t-il derrière, Smith ?

— Rien, j'ai dit !

— Oh, vraiment...?

— Ma chambre ! Ya ma chambre !

— Ah. En effet, il n'y a rien d'intéressant. »

Et ça faisait plus d'une heure qu'il se comportait comme ça. Ils avaient transplané non loin de son bloc d'appartements, et depuis, tout y passait : le quartier, l'odeur, les arguments fallacieux dont elle avait usé — voire le chantage presque – pour avoir gain de cause, le bruit... Severus Snape faisait tout pour lui gâcher cette escapade.

« Vous pourriez tout de même me proposer quelque chose à boire, Smith.

— Mais il n'est même pas seize heures...

— Toutes les boissons ne sont pas alcoolisées, vous savez ! Vous avez un vrai problème avec ça ma parole. La dernière fois il y avait du thé, non ?

— Vous savez où il est il me semble. Lança-t-elle agacée.

— Je croyais que vous aviez promis d'être « agréable » en échange avec moi, Jane. »

Elle fit la moue, et se traîna jusqu'à la cuisine américaine pour dénicher des tasses. L'homme l'appelait rarement par son prénom, et en général, c'était mauvais signe. La jeune femme ouvrit l'un des placards, pendant que Snape prenait place sur la table, non sans renifler de dédain devant les verres et mugs qui avaient servi lors de leur première rencontre. Jane ne dit rien et se contenta de leur faire bouillir de l'eau. Elle avait perdu l'habitude de se servir des objets normaux, et cela lui fit beaucoup de bien.

« Non, réellement, Smith, il y a un problème avec votre appartement, il sent la mort.

— Donnez un coup de baguette.

A la MoldueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant