Assise sur une couverture dans l'herbe, aux côtés d'Elise, Mellie regardait le ciel remplit d'étoiles.
Le soleil c'était couché il y a plus ou moins deux heures maintenant et elle avait proposé à la Québécoise de s'éloigner de la foule du centre du village, la trouvant mal à l'aise parmi toutes ses personnes qu'elle ne connaissait pas et dont la plupart la dévisageaient comme si elle était une bête curieuse.
La Française l'avait bien vu faire des efforts, sourire à la personne qui lui servait son sandwich et ses frites, ou bien à la personne qui venait lui demander une photo, mais c'était toujours quelque peu crispé.
Son si terrible secret devait certainement avoir un rapport avec la foule, l'oppression d'une certaine manière, mais elle n'était pas là pour jouer aux devinettes, elle était là pour, d'une certaine manière, lui redonner assez confiance en elle pour qu'elle puisse s'ouvrir à nouveau, pour qu'elle puisse refaire confiance aux personnes autour d'elle.- Quand j'étais petite, l'une de mes familles d'accueil avait une Maison à la campagne, on y allait tous les week-ends et je sortais en douce pour venir regarder les étoiles, souffla l'institutrice, sans quitter le ciel du regard, essayant de repérer les constellations qu'elle avait appris à connaître.
- L'une de vos familles d'accueil ?
- Mes parents sont morts dans un accident de voiture, j'avais 4 ans, je ne me souviens pas vraiment de ce qu'il s'est passé, tout est flou... Mais je me suis réveillée à l'hôpital ou une dame que je ne connaissais pas m'a expliqué que je ne reverrais plus jamais mes parents... Et comme ils étaient ma seule famille, j'ai fait le tour des familles d'accueil jusqu'à ma majorité...Mellie n'aimait pas parler de son enfance, rare étaient les personnes qui savaient, mais elle avait décidé de se livrer se soir.
Après tout, comment amener la jeune femme à se confier elle-même si elle restait fermée comme une huître...
Non pas qu'elle fasse cela exclusivement pour savoir ce que cachait la Québécoise...
Cela faisait du bien d'en parler, surtout avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas réellement, il n'y avait pas vraiment de jugement...- C'est pour ça que vous avez voulu travailler avec les enfants ?
- Je suppose, j'ai beaucoup été avec des plus petits dont je me suis occupée, ça a dû m'aider dans mon choix de carrière...
- Quand j'étais petite, je faisais des spectacles dans le salon de mes parents, se lança à son tour Elise, alors ils m'ont inscrit à un cours de théâtre, comme un hobbit, mais c'est très rapidement devenu la seule chose que j'aimais faire...Mellie se tourna, arrêtant de regarder les étoiles, plaçant sa tête sur sa main pour la soutenir, tout en écoutant les souvenirs de l'actrice.
- Je séchais des cours pour passer des auditions... Le nombre de fois où j'ai mentis à mes parents pour passer une audition... Puis un jour j'ai décroché mon premier rôle...
Les yeux dans le vague, Elise racontait tout cela comme si elle était en train de le revivre, un léger sourire nostalgique sur les lèvres.
- Et là il a bien fallu que je l'annonce à mes parents... Mon Père a très mal réagi, il voulait que je renonce à mon rôle et que je retourne fissa en cours, mais ma Mère... Ma Mère est venue avec moi pour signer mon contrat et elle m'a accompagnée le premier jour... Et mon Père a fini par se calmer au bout de quelques semaines, quand il a vu que j'étais heureuse dans ce que je faisais...
- Donc vous avez toujours voulu devenir actrice ?
- Ou chanteuse, je voulais que tout le monde puisse me voir, m'admirer...
- Tout le contraire de moi... J'étais la timidité incarné, j'ai commencé à m'ouvrir à l'Université, quand j'ai fait mon premier stage avec des élèves. On m'avait donné comme premier conseil : "Ne leur montrez pas que vous avez peur ou que vous êtes angoissés, ils sont comme des animaux, ils sentent quand vous avez peur et ils en profitent".
- Original, répondit avec amusement Elise, un léger sourire prenant place sur les lèvres de l'institutrice.
- Ma tutrice l'était, mais je lui dois beaucoup de ce que je suis devenue, alors j'ai gardé ce conseil précieusement.
- Je comprends...Et le silence était revenu, confortable, tandis que Mellie retombait en position couchée, se remettant à fixer les étoiles.
M&E
- Il va bientôt être minuit, fini par souffler la Française, la sortant de sa torpeur, après de nombreuses minutes de silence.
- Hmm ?
- Il va bientôt être minuit...
- Et ?
- Et en France, le 13 Juillet au soir, quand on arrive à minuit, des feux d'artifices sont tirés, pour fêter le 14 Juillet.
- Je croyais que c'était le 14 Juillet au soir.
- A Paris oui, mais c'est fréquent que cela soit différé dans beaucoup d'endroits en France, dans beaucoup de petits villages par exemple, comme c'est le cas ici, vous ne pensiez tout de même pas que cette petite fête était là comme ça, pour le fun...
- J'ai déjà vu le feu d'artifice de Paris une fois, avant, failli-t-elle rajouter, se stoppant avant, elle ne se sentait pas encore prête à se confier sur le sujet, bien qu'elle était persuadée que la Française à ses côtés savait tout d'elle.
- Moi aussi... Tous les ans jusqu'à ce que j'emménage ici à la fin de mes études... Celui-ci n'est certes pas aussi grandiose que celui de la Tour Eiffel, mais il reste tout de même très beau à voir... J'adore regarder les feux d'artifices, j'ai l'impression d'être à nouveau une petite fille.- Je n'en ai pas vu depuis longtemps, j'évite les attroupements habituellement, je n'en suis pas très... Fan...
- Et pourtant vous êtes une actrice ?! Vous ne trouvez pas cela un peu paradoxale ?Un fin sourire et un haussement d'épaule fut sa seule réponse, tandis qu'un léger malaise s'emparait d'elle.
Elle ne voulait pas répondre, pas maintenant, pas tout de suite.
Elle ne lui faisait pas encore assez confiance et elle ne se faisait pas assez confiance non plus pour ne pas craquer et commencer une nouvelle crise de panique.- Et si on se tutoyait ? Fini-t-elle pas demander, afin de rompre le silence quelque peu gênant qui c'était installé et aussi pour faire dévier la conversation dans un terrain plus neutre, je suis un peu mal à l'aise... Au Québec, on tutoie beaucoup plus facilement qu'ici, ce qui est vraiment déconcertant...
- Ok, le tutoiement me va, sourit doucement la Française.Au même moment, le feu d'artifice commença au-dessus de leur tête...
Le bruit, la lumière, tout cela commençait à l'angoisser d'une façon qu'elle ne pensait pas possible.
Elle avait besoin de partir, de se mettre à couvert, elle ne pouvait pas prendre une balle perdue !
L'angoisse lui tordait le ventre, tandis que sa respiration devenait sifflante.
Des images revenant devant ses yeux, comme des flashs à chaque nouveau tir de feu d'artifice dans le ciel.- Elise ?
La voix de Mellie semblait lointaine, comme si elle se trouvait à l'autre bout du champ dans lequel elles s'étaient installées.
- Tu as besoin de respirer !
Mais elle n'y arrivait pas, son esprit totalement ailleurs, revenu à cette nuit il y a trois ans, cette nuit qui avait détruit tout ce qu'elle était...
- Ok... Qu'est-ce que je fais... Mon téléphone... Il me faut mon téléphone... Emily j'ai un problème...
La voix de Mellie devenait de plus en plus lointaine, tandis que les flashs devenaient de plus en plus réalistes, comme s'ils étaient en train de se dérouler devant elle en ce moment même.
- C'est pire que la dernière fois...
Un dernier "je t'aime" soufflé du bout des lèvres...
- Qu'est-ce que je fais ?
Des yeux verts qui se ferment pour toujours...
- Emily bordel !!!
Un cri sortit d'entre ses lèvres sans qu'elle ne s'en rende compte, tandis que tout devenait noir autour d'elle, un dernier mot quittant ses lèvres...
- Kara...
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Elle
RomanceElise est actrice, Mellie est institutrice. Rien ne présageait qu'elles se rencontrent un jour, Mais le nouveau tournage d'Elise va tout changer. X x X Tome 1 d'une série de Fiction comprenant également un : - Tome 0 : Kara. - Tome 2 : Clôture.