Elle

Chapitre 11

Mellie était nerveuse comme elle l'avait rarement été.
L'institutrice avait de toute façon l'impression de passer son temps à être stressée et nerveuse ses derniers jours, Elise avait obtenu ce pouvoir sur elle, celui de lui faire perdre tous ses moyens sans même essayer.

Au départ elle avait décidé de ne pas y prêter attention, une sorte de gros déni, mais depuis qu'Emily c'était mise en tête de lui organiser ce rendez-vous avec la Québécoise, elle n'arrivait tout simplement plus à se la sortir de la tête.
Marchant dans les couloirs de l'hôpital, la Française inspirait et expirait comme si elle marchait à l'échafaud, le stresse prenant pleinement possession d'elle.

"Elle a dit qu'elle allait t'en parler, essaye de ne pas tout gâcher", lui avait dit Emily au téléphone.

Ne gâche pas tout, c'était tellement facile à dire.
Elle allait vers l'inconnu et ne savait pas comment agir, elle n'avait aucun repaire et elle détestait cela.
S'arrêtant à la porte de la chambre d'Elise, Mellie inspira une dernière fois avant de toquer doucement au panneau de bois.
La dernière chose qu'elle voulait c'était lui faire peur en faisant un mouvement brusque.
Si un feu d'artifice était capable de lui faire avoir une crise de panique, elle ne voulait même pas découvrir ce qu'un bruit sourd comme celui-ci pourrait faire, surtout si tôt après la dites crise.

- Entrez ! Retentit une voix douce, dans un français au léger accent Québécois.

Ouvrant la porte avec sa main libre, tout en essayant de ne pas trembler, l'institutrice entra dans la pièce, souriant timidement.

- Hey, dit-elle simplement, avant de montrer ce qu'elle tenait dans ses mains, toujours en essayant de ne pas trembler, je t'ai apporté de la lavande, j'ai lu sur internet que c'était un symbole de bon rétablissement... Et ça masquera un peu l'odeur de produit antiseptique qu'il semble avoir toujours y avoir dans les hôpitaux.
- Merci, mais tu n'étais pas obligée d'apporter quoi que ce soit.
- J'en avais envie, lui assura-t-elle, posant le bouquet violet sur la table de nuit, avant de s'installer sur la chaise qui se trouvait à côté du lit, tandis qu'elle regardait Elise.

Un bandage recouvrait la seule marque qui rappelait ce qu'il c'était passé était autour de son cou, sinon elle semblait aller bien.
Enfin aussi bien que l'on pouvait aller après avoir fait une telle crise de panique.
Ses cheveux étaient attachés dans un chignon lâche au-dessus de sa tête, dont des boucles blondes et brunes se mélangeaient.
Ses yeux bruns étaient encerclés par des cernes bleu pâles, signe qu'elle n'avait pas du beaucoup dormir, des cauchemars peut-être ?

- Hm, hm...
- Pardon, souffla Mellie, je ne voulais pas paraître malpolie, je voulais juste m'assurer que tu allais bien, tu m'as vraiment fait peur tu sais...

Elle avait prévu de ne pas le dire, de ne pas lui rappeler les événements d'avant-hier sans qu'Elise ne les mentionne d'abord, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher.

- Je suis désolée, fini par murmurer l'actrice, ses yeux noisettes rencontrant ceux bleus de la Française, je ne voulais pas te faire peur... God... Pour la première fois depuis des mois je passais véritablement une bonne soirée, j'avais presque réussie à ne pas penser à tous ses événements qui m'ont fait devenir comme je le suis en ce moment... Mais je ne peux même pas passer par un simple feu d'artifice sans me transformer en une loque humaine... Je suis faible et je déteste ça !

Elise avait presque crié ses derniers mots, ce qui semblait lui avoir fait du bien, malgré les larmes qui avaient commencé à couler sur ses joues, elle affichait maintenant un air quelque peu apaisé.