Chapitre 17.

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- Je vais t'embrasser maintenant...

Mellie n'arrivait pas à croire à son audace.
Jamais auparavant elle n'avait réussi à dire une telle chose en paraissant aussi confiante, alors qu'elle était intérieurement terrorisée.
Si elle faisait quoi que ce soit de mal, cela risquait de briser tout ce qu'elles avaient construit ses dernières semaines.
Approchant son visage de celui de l'actrice, la jeune femme s'arrêta à quelques centimètres de ses lèvres.

- Si tu veux stopper ce qui va arriver, c'est maintenant, murmura d'une voix rauque l'institutrice.

Jamais elle n'embrasserait quelqu'un contre sa volonté.
Pour elle c'était une sorte de violation du corps.
Pas un viol, mais tout comme.

- N'imagine même pas t'arrêter maintenant, fini par murmurer d'une voix tout aussi rauque Elise, faisant frissonner Mellie qui ferma les derniers centimètres entre elles.

Une nuée de papillon, un feu d'artifice, un raz de marée...
Voilà le genre de métaphore qui pouvait d'écrire l'instant où leurs lèvres se rencontrèrent, sans que rien ne soit considéré comme une exagération.
La tension qui c'était construite entre elles dès l'instant où elles c'étaient rencontrées était enfin libérée de ses chaînes, se déchaînant.
Jamais dans sa vie Mellie n'avait senti un baiser aussi vrai, aussi juste.
Malheureusement le besoin d'air se fit rapidement ressentir et les deux jeunes femmes durent mettre un terme à leur échange.

- Est-ce que ça va ? Fini par demander l'institutrice, après quelques instants de silence, leurs respirations revenant peu à peu à la normale, leurs cœurs eux, ne semblant pas vouloir se calmer.

Un simple hochement de tête fut la réponse à sa question, tandis qu'un maelström d'émotion se jouait dans la paire d'yeux vert-brun, bouleversant la Française.

- Je sais que l'on vient de s'embrasser, mais...

Mellie tiqua au "mais", tout en essayant de ne pas le montrer, souhaitant attendre la fin de la phrase de la jeune femme face à elle, avant toute chose.

- Est-ce que l'on peut prendre tout ça... Doucement ?

La vulnérabilité d'Elise fit frissonner la Française, qui acquiesça doucement en réponse.

- Jamais je ne t'obligerais à faire quoi que ce soit contre ta volonté Elise, j'espère que tu le sais.
- Mais si j'étais trop lente pour toi ?
- Elise... Tu ne seras jamais trop lente, ou trop rapide, ou trop quoi que ce soit. Je ne vais nulle part, ni aujourd'hui, ni demain, ni même après-demain... Je ne vais nulle part tant que tu voudras de moi...

Et comme si elle avait retenu son souffle jusqu'à là, Mellie vit le cadre de la jeune femme face à elle s'affaisser, se détendant complètement à la promesse qui venait de lui être faites.

- Je sais que j'avais proposé de rentrer chez moi, mais que dirais-tu de rester ici un peu ? Toi et moi... En profiter pour se baigner même.
- Je n'ai pas mon maillot de bain, rétorqua Elise, faisant sourire avec amusement la Française.
- Qui a dit que nous avions besoin de maillot de bain ?
- Tu veux dire que... Non... Tu ne vas pas...

Le visage de la Québécoise avait pris une jolie teinte rouge vif, faisant rire Mellie aux éclats.

- Tu devrais voir ta tête...
- Ce n'est pas drôle ! Protesta vivement la jeune femme aux cheveux bouclés, l'une de ses mèches rebelles venant cacher quelque peu son visage.

Voyant cela, l'institutrice rapprocha doucement sa main du visage de son amie, la remettant en place derrière son oreille, la faisant frissonner.

- Je parlais de se baigner en sous-vêtement. Je ne voudrais pas traumatiser qui que ce soit qui pourrait avoir l'idée de venir profiter du lac, parce que figure toi que je ne suis pas la seule à connaitre ce petit secret.
- Ok, murmura finalement l'actrice.
- Super, sourit avec douceur la Française, en profitant pour retirer son haut avec rapidité, son short en jean suivant rapidement, la laissant dans ses sous-vêtements de couleur bleu foncé, la dernière à l'eau à un gage ! Fini-t-elle par dire, recevant un flot de protestation de la part de la Québécoise.
- C'est de la triche ! Je ne suis même pas encore déshabillée !
- Si tu n'avais pas été trop occupée à me regarder faire, peut-être que tu serais plus avancée ! Rétorqua Mellie, tout en arrivant au bord du petit lac, loupant ainsi le rouge écrevisse qui recouvrit, une fois encore, le visage de son amie.
- Je me vengerais ! Cru bon de dire l'actrice, tout en se mettant à se déshabiller à son tour, afin de rattraper l'institutrice pour se jeter à l'eau...

M&E

Couchée sur son lit, les cheveux encore mouillés de la douche qu'elle venait de prendre après sa baignade dans le lac, Elise ne pouvait s'empêcher de laisser des flashs de l'après-midi l'envahir.
Pour la première fois depuis longtemps elle se sentait presque... Heureuse...

Qui l'aurait cru après sa première discussion avec Mellie qu'elles en seraient à là maintenant ?
Certainement pas elle.
Pourtant maintenant, elle ne se voyait plus vivre sans les yeux bleus profonds de la brunette et son sourire lumineux dans sa vie.

- Elise ! Je sais que tu es là, alors ouvres !

La voix de sa meilleure amie se faisait entendre derrière la porte de sa chambre d'hôtel, la faisant soupirer.
Jusqu'ici elle avait réussi à l'éviter, principalement parce qu'elle était toujours en ballade dans les bois avec Eretria, mais il semblerait que son temps seul dans sa bulle soit terminé.
Elle aurait aimé pouvoir le garder un peu plus longtemps pour elle, mais elle savait que sa meilleure amie saurait tout de suite que quelque chose avait changé.
Aucun de ses talents d'actrice ne pouvait l'aider face au regard perçant d'Emily Brooks, surtout que la conversation dériverait forcément sur Mellie, puisqu'elle était avec elle quand elle avait fui.

- Elise Bouchard ! Ouvres cette porte où je peux t'assurer que je vais aller à l'accueil chercher la deuxième clé.

Dormir...
Elle pouvait faire semblant de dormir, ça pourrait marcher...
Au moins Emily la laisserait tranquille quelques heures de plus et peut-être même qu'elle aurait le temps d'inventer une histoire plausible pour garder son début d'histoire avec Mellie juste pour elles deux, ce qu'elle voulait désespérément.

- Eli'... Je m'inquiète pour toi, juste... Ouvre cette porte... Ok ?

Oh non, il n'y avait absolument rien d'ok dans le faites d'ouvrir sa porte de chambre.
Enfouissant sa tête dans son oreiller, Elise se mit à se détendre, utilisant des techniques de relaxation, comme elle le faisait avant de jouer une scène où elle était censé dormir, se mettant à penser à des choses agréables, laissant derrière elle le bruit de sa meilleure amie qui tambourinait maintenant à sa porte.

- Très bien, je vais chercher la clé !

Et ce fut le silence total.
Plus de cri, plus de bruit de coups contre la porte en bois.
C'était tellement silencieux qu'Elise fini par s'endormir réellement, sans même s'en rendre compte, rejoignant un monde peuplé de jolies yeux bleus et de lèvres douces...

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant