Chapitre 3

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POV SeHun

Nous avons finalement décidé de prendre le premier train qui nous mènerait loin de la ville. Nous ne savons pas vraiment où nous nous rendons, mais nous sommes trop fatigués pour y réfléchir. La nuit est sur le point de tomber et nous sommes installés de façon à ce que je sois face au garçon aux grands yeux et à côté de celui au visage d'ange. Nous avons profité du début du voyage pour se présenter, chose que nous n'avions pas encore fait, et nous nous sommes rendus compte que nous avions tous dix-neuf ans. Un coïncidence étrange, mais amusante. KyungSoo est un garçon qui semble ne rien connaître à la vie. Il était persuadé que nous pourrions retourner tranquillement chez nous, sans risquer que la police nous tombe dessus. J'ai l'impression qu'il ne réalise pas qu'en plus d'être suspectés de meurtre, nous avons agressé des policiers. Chez nous, ce sera le premier endroit où ils vont se rendre, c'est certain. S'il n'avait pas été avec nous, il aurait vite été repris. LuHan, quant à lui, a de plutôt bonnes idées pour le moment. C'est lui qui propose la plupart de nos idées de fuite et il semble bien garder son sang froid dans une telle situation. Cependant, je trouve qu'il parle trop pour dire des idioties. Ou peut-être est-ce parce que je parle peu que j'ai cette impression qu'il a toujours la bouche ouverte...

Petit à petit, je sens le sommeil m'envahir et mes yeux se ferment. Ma tête part sur le côté alors que je sombre dans un repos bien mérité. Je sens à peine une main se poser dans mes cheveux. Mais lorsque je me réveille finalement, je remarque bien vite que ma tête est appuyée sur quelque chose de beaucoup trop confortable. On dirait... l'épaule de LuHan ? Et mes mains sont posées sur son ventre... Rapidement, je me redresse, le réveillant au passage. Au moins n'a-t-il pas vu dans quelle position gênante je me trouvais. À moins qu'il ne l'ait vu avant de s'endormir. C'est vrai que j'ai sombré avant lui et j'ai pu me coller ainsi à lui avant qu'il ne s'endorme... Ou alors, il aurait pu se réveiller au cours de la nuit et voir notre position... Qu'est-ce que c'est gênant... Je ne peux pas m'empêcher de laisser mes joues prendre une teinte rosée au souvenir de ce contact. Son regard se pose alors sur moi, tandis qu'il s'étire.
"-Tu as bien dormi, me demande-t-il.
-Oui, je crois...
-Enfin, c'est vrai que tu étais dans une position bien plus confortable que celle de KyungSoo. Regarde-le un peu... S'il ne se réveille pas avec un torticolis, ce sera un miracle..."

Alors, il sait dans quelle position j'ai dormi... C'est encore plus gênant de le savoir avec certitude... Je détourne donc le regard pour le poser sur le corps encore endormi de notre ami.
"-On devrait peut-être le réveiller, proposai-je. On ne va pas tarder à arriver à la meilleure destination possible.
-Bonne idée, répond LuHan en secouant KyungSoo jusqu'à ce que ce dernier émerge.
-Il est quelle heure, demande-t-il finalement de sa voix encore embrumée par le sommeil.
-Vingt-trois heure dix. On ne va pas tarder à arriver à notre station.
-Et on est où?
-Busan.
-Oh, je veux aller à la plage!
-Moi j'ai surtout faim... Et il faut qu'on trouve un endroit où passer la nuit.
-LuHan a raison, répliquai-je. Il nous faut trouver un sauna ou quelque chose comme ça. On pourra se poser pour la nuit et faire le compte de ce qu'on a comme argent."

C'est donc ainsi que nous nous sommes retrouvés dans un petit restaurant de Busan, à faire le compte de l'argent que nous avions.
"-On a pas grand chose, mais on devrait pouvoir tenir quelques jours sans problème.
-Sinon, j'ai une carte de crédit, si besoin...
-On ne peut pas utiliser ça! On va se faire remarquer directement par la police. Mais j'ai peut-être une idée pour l'argent, dit LuHan d'un air mystérieux. Je vous en parlerai demain.
-Alors, LuHan, qu'est-ce que tu proposes pour cette nuit, demandai-je.
-Il y a un temple pas loin, d'après ce que j'ai compris. On pourra se poser là-bas. Et demain, on visitera la ville."


Le lendemain matin, nous nous sommes réveillés tôt. Les trois heures de trajet pour venir jusqu'ici nous avaient permis de dormir un peu. Nous sommes donc en pleine forme lorsque nous décidons de visiter un peu la ville. Je ne suis jamais venu ici, toujours occupé entre le travail et mon frère hospitalisé. En pensant à lui, je sens mon cœur se comprimer. Il doit être vraiment mal... Peut-être même pense-t-il que je l'ai abandonné, comme notre père l'a fait. Il faudrait que je l'appelle pour lui dire que tout va bien et que je pense à lui.

Alors que nous passons devant une cabine téléphonique, je demande aux autres de s'arrêter un instant pour que je puisse passer un coup de fil. LuHan ne semble pas trop content de cette idée, mais il ne dit rien, comprenant que c'est sûrement important pour que je prenne ainsi le risque de nous faire repérer. Au bout de quelques sonneries, quelqu'un répond enfin.
"-Yoboseyo.
-Salut, mon petit ange. C'est moi...
-Hyung? Pourquoi tu n'es pas venu, hier? Qu'est-ce qu'il se passe? J'ai cru que tu voulais plus me voir...
-Mais non, ça n'arrivera jamais, je te le promets. Mais j'ai quelques problèmes à régler. Je serai sûrement de retour bientôt, je te le promets. Je pense à toi très fort. Ne fais pas trop de bêtises. Tu me promets d'être sage?
-Oui, promis! Reviens vite, hyung..."

Il est difficile pour moi de raccrocher le téléphone après avoir entendu la voix faible de mon petit frère, mais je ne dois pas passer trop de temps ici. Si je me fais arrêter, il n'aura définitivement plus personne pour s'occuper de lui. Je dois donc trouver un moyen d'échapper à la police tant que le meurtrier de BaekHyun n'aura pas été arrêté. Mais auront-ils un jour l'idée d'aller chercher un autre suspect que nous? Ou s'acharneront-ils sur nous jusqu'à nous arrêter? J'ai peur de la réponse...

Heureusement, mes pensées noires sont bien vite effacées par l'enthousiasme collectif lorsque nous passons devant un parc d'attraction. Nous n'avons même pas besoin de nous concerter que nous décidons d'un commun accord de nous y rendre. Passant furtivement par-dessus une barrière, nous parvenons à rentrer sans avoir à payer et c'est ainsi que notre mâtinée se déroule, entre attractions, glaces, peluches et barbe-à-papa. Je ne m'étais jamais autant amusé. À un moment, LuHan remarque une attraction particulière et je n'ai rien le temps de dire qu'il m'entraîne dans la queue. Nous montons rapidement un long escalier, qui ne me dit rien qui vaille pour la suite et, finalement, nous nous retrouvons sur une sorte de passerelle couverte d'une toit, mais ouverte sur deux côtés pour laisser passer un wagon muni de siège. Beaucoup trop haut... Je ne peux pas monter là-dedans... Mais ce n'est pas de l'avis de LuHan qui me traîne en rigolant jusqu'à un siège. Il abaisse la barrière de sécurité, me coinçant, avant de s'installer à côté de moi. KyungSoo, qui nous avait suivi malgré son apparente inquiétude de monter sur cet engin, se pose de l'autre côté de LuHan, légèrement tremblant.

J'avale difficilement ma salive lorsque l'attraction se met en marche. Mes mains se crispent sur la barrière de sécurité lorsque l'appareil amorce la montée. Comme si on n'était pas déjà assez haut... Enfin, LuHan n'a pas l'air dérangé par ça. Au contraire, il semble aux anges et son visage éclairé par un magnifique sourire me fait oublier un instant où je me trouve. Mais lorsque la machine s'arrête un instant juste au bord du précipice, alors l'angoisse m'envahit à nouveau. Le décompte se fait entendre. Cinq, mes phalanges palissent à force de serrer la barrière. Quatre, mon cœur s'affole. Trois, je ferme les yeux. Deux, je prie tous les dieux pour que tout ça ne soit qu'un rêve. Un, je sens une main venir attraper la mienne et me calmer légèrement. Zéro, je rouvre les yeux juste à temps pour comprendre que c'est la main de LuHan que je sens sur la mienne avant que le wagon ne chute brusquement, descendant quasiment jusqu'au sol avant de remonter. Un cri m'échappe inconsciemment et je sens la pression sur ma main augmenter, me montrant ainsi le soutien de LuHan. Je n'ai jamais aimé ce genre d'attraction. Mais avec lui, c'est différent. Je ne sais pas pourquoi... Cependant, j'aimerais que la fin n'arrive jamais...

Bien sûr, le wagon finit par s'immobiliser à l'endroit même où nous sommes montés et nous en descendons pour continuer notre journée. Nous nous arrêtons encore devant un stand de tir et, chacun notre tour, nous tentons d'atteindre le maximum de cible. Je suis le premier à passer et je parviens à toucher deux cibles sur six, repartant ainsi avec un porteclé en forme d'étoile. J'aurais aimé en toucher plus pour pouvoir choisir une peluche qui a attiré mon regard, un cerf adorable. Mais il faut bien plus de points pour l'obtenir. Malgré tout, mon regard ne peut se détacher de l'objet en question. LuHan passe après moi et parvient à toucher cinq cibles. Et avant que je ne puisse comprendre quoi que ce soit, je me retrouve avec la peluche que je fixais dans les bras.
"-Cadeau, souffle LuHan avant de s'éloigner légèrement pour laisser la place à KyungSoo."

Je reste un instant paralysé par son geste. Il avait remarqué que cette peluche m'intéressait et il me l'a offerte... Pourquoi mon cœur bat-il si fort à cette pensée? Mon regard se reporte alors sur le stand, curieux de voir comment KyungSoo se débrouille. Et je reste parfaitement surpris. Pour la première fois depuis le début de notre aventure, KyungSoo m'impressionne vraiment. Il n'en a pas loupé une seule. Et il se retrouve bien vite encombré d'une grosse peluche qu'il peine à porter. Apparemment, son père lui a offert des cours de tir et c'est pourquoi il parvient à viser aussi bien. Nous nous décidons alors à partir, ne pouvant plus vraiment faire d'attractions avec toutes ces affaires dans les mains. Nous finissons donc par longer la plage, passant dans diverses boutiques pour acheter quelques gadgets ou des habits. Mais arrive finalement un moment que nous redoutions.
"-On a vraiment plus rien, demande LuHan.
-J'ai vérifié vingt fois, répond KyungSoo. Tout l'argent a été dépensé. On a plus rien.
-Et comment on va faire pour la suite, alors?
-J'ai peut-être une solution, commence LuHan. Il faut que je passe un coup de fil."

Il nous entraîne loin de la foule des passants et rallume son téléphone avant de composer un numéro. La personne au bout du fil ne tarde pas à répondre.
"-Patron, c'est LuHan.
-...
-Oui, tout va bien. Nous sommes à Busan.
-...
-Avec les deux autres garçons qui se sont enfuis en même temps que moi.
-...
-Je t'appelle parce que j'ai besoin de ton aide... On a plus d'argent et on aurait besoin d'une petite avance...
-...
-Merci, patron.
-...
-D'accord, c'est noté. On y sera."

Il raccroche ensuite pour nous expliquer que son patron va venir au plus vite pour nous amener de quoi tenir. Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai un mauvais pressentiment. J'espère que rien ne va se passer...

Nineteen remakeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant