Flashlight ↠ Riverdale

9.

 Elle ne savait même plus comment elle avait terminé ici, ça avait été tellement rapidement. Une minute, elle ouvrait la porte à Jughead, la seconde d'après elle se retrouvait collée entre Betty et Jugdead sur une des banquettes de chez Pop écoutant Jughead se plaindre pour l'énième fois que son drive-in chéri allait fermer.

"Le Drive-In ferme, un clou de plus dans le cercueil de Riverdale" Râla t-il. "Plus que ça. Dans le cercueil du rêve américain. Comme dirait Quentin Tarantino, parrain du ciné indépendant.."

"Pitié, je n'en peux plus des références à Tarantino". Le coupa Kevin tandis qu'Athéna ricana. 

S'il en avait déjà marre maintenant, il n'allait pas s'en sortir.

"Quoi ? Je suis dégouté. Et pas seulement parce que je perds mon job. Le Twilight devrait compter, pour nous tous. Les gens devraient vouloir le sauver." Continue-t-il dans sa lancée.

Jughead prenait ça bien trop à cœur, mais bon, allait-elle juger ? Non. C'était compréhensible étant donné qu'il y en avait mis énormément de temps.

"On est à l'ère de Netflix, de la VOD. Qui veut voir un film dans sa voiture ?" Intervient Veronica. 

"Qui y va, franchement ?"

"Les gens qui veulent du crack" Rétorqua Kevin.

C'est à ce moment-là qu'Athéna décrocha. Déjà parce qu'elle avait déjà eu cette discussion avec son meilleur ami, mais surtout parce que Betty venait de prendre la parole. Ce qui ne pouvait pas la gêner plus que ça. Quand elle repense à la soirée d'hier, elle a juste envie de se planquer dans sa chambre et ne plus jamais en sortir. Elle laisse tomber sa tête sur sa table, ne faisant pas attention au regard des autres. Bien qu'elle ne puisse pas rater l'entrée d'Archie, son père et la magnifique Géraldine Grundy. Qui portait encore ce nom de nos jours sérieusement ? Athena soupira. Quelle vie de merde.

Après le départ de Betty, c'est au tour de Veronica. Athéna attrapa les frites non terminées de sa voisine avant de les manger. Elle avait besoin d'oublier. Quoi de mieux que la nourriture pour ça ? Et du regard surpris de Kevin.

"Quoi ? Un problème ?" Demande Athéna, la bouche pleine.

"Nop." Lui répond Kevin avec seulement un sourire.

Elle soupira encore une fois avant de finir ses frites.

Elle avait passé la journée du lendemain à distribuer des prospectus pour le Drive-In. Quand Jughead lui avait demandé de l'aide, elle n'avait pas pu dire non. Bien sûr, quand il lui avait demandé d'aller voir la Maire de cette ville, elle avait dit non, sauf qu'il ne lui avait pas laissé le choix, la tirant avec lui.

"Je suis désolée, mais le Twilight ? Glauque, mal famé. Une vraie verrue. Un repaire de criminels et de marginaux. Le contrat est signé. Andrews Construction commencera la destruction Lundi." Lui dit-elle. 

"Mme le Maire, quand j'étais petit, on allait au Drive-In en famille. On n'avait pas les moyens, alors ma sœur, Jellybean et moi, on se cachait dans le coffre pour entrer. Et puis on sortait discrètement. C'est un peu chez moi." Lui répond-il.

Pourquoi devait-il lui rappeler ça ? Quand elle était devenu amie avec Jughead, elle s'était toujours sentie mal. Parce qu'ils étaient totalement différents. Du moins, leur situation et leur façon de vivre. Elle, vivait dans une maison bien trop grosse pour seulement trois personnes, si elle le voulait, elle pouvait avoir tout ce qu'elle voulait. Lui.. Il vivait dans une maison à peine assez grande pour quatre personnes, et ses parents devaient économiser le moindre sous s'ils voulaient s'offrir quelque chose. Plus elle grandissait, plus elle comprenait la situation et elle avait beau lui proposer son aide ou quoique ce soit, il avait toujours refusé, aujourd'hui, elle comprenait. 

Après lui avoir rabâché que l'avenir de Riverdale était en jeu, Jughead et Athéna étaient sorti.  

"Je ne comprends pas pourquoi ils font ça ! C'est un des trucs les plus vieux d'ici et ils le détruisent." S'énerva son meilleur ami.

"Jug.. T'es sûre de pas le prendre un peu à cœur..?" 

"Je pensais que toi, tu m'aurais compris." Répliqua-t-il.

Comment se sentir coupable en moins de deux secondes. Rattrapant Jughead alors qu'il commençait à partir, elle se planta en face de lui.

"Ce n'est pas ce que je veux dire et tu le sais très bien. T'as une connexion spéciale avec cet endroit, mais.. Si tu prends du recul et que t'y pense, plus personne n'y va Jug. A part toi, ou moi quand on se fait nos soirées films. C'est désert le reste du temps et tu le sais.. D'un point de vue extérieur, cet endroit sert plus à rien." Soupira Athéna.

"Je n'abandonnerais pas." Déclara-t-il avant de s'en aller pour de bon. 

Pourquoi chercher à le raisonner ?

Ces derniers temps, Athéna n'était pratiquement plus surprise par rien, avec tout ce qui venait de se passer.. Par contre, si on lui avait dit qu'en rentrant chez elle, elle y verrait Cheryl Blossom en train d'attendre à sa porte, elle lui aurait ri au nez.

"J'peux t'aider peut-être ?"

"Athé, athé, tu m'as fait attendre." Souria Cheryl avec sa voix insupportable.

"Parce que j'étais censé savoir que tu viendrais ?" Soupira Athéna. 

"Je t'ai dit qu'on devait se voir."

"La prochaine fois, donne une date." Lui souris Athéna à son tour avant de passer la porte d'entrée.

Voilà que sa "camarade" ne la suivait pas, elle se retourne.

"Tu comptes hiberner là ?"

Cheryl leva la tête comme elle en avait tant l'habitude avant d'entrer à son tour. Athéna leva les yeux au ciel avant de monter les escaliers pour aller dans sa chambre, la rousse la suivant pas à pas. Une fois à l'intérieur, elle s'installa sur son lit. 

"Bon, tu voulais quoi ?" Demanda Athéna. 

Cheryl perd son air prétentieux.

"Parler. Je pensais qu'à la mort de Jason, tu serais venu me voir." Dit Cheryl.

Athéna était littéralement en train d'halluciner.

"Pourquoi ? Tu n'es jamais venue me voir pour ma mère. Et que ça soit toi ou ton frère, vous m'avez toujours fait des crasses par la suite, j'aurais dû venir te dire que j'étais désolée ?" Cheryl la coupa.

"Tu ne l'es pas ?"

Même elle ne le savait plus. Elle ne l'avait pas été. Jason était devenu un sale petit enfoiré. Puis elle s'était souvenue de lui petit. Et elle avait ressentis un chouia de tristesse. Dire qu'elle avait aimé quand ils étaient gamins, la répugnait. Mais de là à dire qu'elle était désolée. Non.

"Non. Je suis.. Déçu. Déçu qu'il n'ait jamais pris ses couilles pour venir me parler en face. Et déçu parce que je n'ai jamais pu lui dire ce que je pensais réellement." Lui répond Athéna.

Sinon, elle lui aurait dit qu'elle aurait aimé que rien ne change, qu'il ne devienne pas le connard qu'il l'était, qu'il ne valait rien, qu'il était pathétique. Ouais, Athéna était remplie de contradiction.

"Il t'aimait."