Fantasme

Pulsion animale.

Je ne suis pas particulièrement fan de ce genre d'endroit.
J'y étais déjà allé souvent, bien entendu mais je n'avais jamais réellement apprécié.
Après tout j'ai cette fâcheuse manie de vouloir être le seul centre d'intérêt de ces dames.
Un peu hypocrite je l'avoue, vue que pour ma part, je me fiche pas mal d'avoir plusieurs partenaires en même temps.

Mais vue qu'elle travaille là...
Je voulais bien faire un effort, et apprécier le spectacle.

Je fume la dernière latte de ma clope, et la jette plus loin avec une pichenette.

J'inspire un grand coup, enfonce les mains dans mes poches, et pénètre dans le club à l'enseigne scintillante.

La capuche toujours sur la tête, la chaleur est écrasante, et me fait suer presque automatiquement.
Dès que je passe le rideau à l'entrée, la musique explose dans mes tympans.
C'était une musique sensuelle... sexuelle plutôt.
Le genre de son qui fait remonter ton côté animale brutalement.
J'aime cette sensation. Etre régit par tes sens plutôt que par ta conscience.

Plusieurs dizaines de personnes se serraient  ici.

Certains occupent le bar, d'autres discutent au milieu, mais la plupart se trouvent sur les tabourets devant la scène des danseuses.

Je réprime un frisson.
La presque totalité était des hommes qui attendaient en bavant un show de pole dance de leurs esclaves sexuelles préférées.

Bande de porc.

La salle est encore plongé dans le noir.
Le spectacle n'a pas encore commencé... mais ça ne va pas tarder.

Je me fraie un chemin parmi les hommes en rutte, ce qui me donne encore plus chaud.
Tous dégagent une odeur de sueur, de sperme, et de lubrifiant à la fraise.
Une odeur de pur mâle.
Si je n'étais déjà pas tellement dégoûtée, je vomirais.

Je vois un tabouret libre au bord de la scène, comme si il avait été posé là pour moi.

Je m'y glisse toujours emmitouflée dans mon gilet. Le fait que quelqu'un me reconnaisse n'était pas dans mes plans du soir.

Je vois une barmen passer sur ma droite avec un plateau.
Je me retourne attrape un vers de whisky et lui fait un clin d'œil. La serveuse me sourit en retour et s'en va en bougeant son mini short.

Les lumières blanchâtres de la scène s'allument soudainement, illuminant la barre en acier au milieu.
Je vide mon verre en deux gorgées.
L'alcool paralyse mes cellules grise et fait brûler mes veines. J'adore cette sensation pâteuse qui rend les gestes plus électrisants.

Mes sens engourdis, je vois une forme passer le rideau et rentrer dans la lumière.
Cette ombre avance lentement. Comme un mirage s'approchant à l'horizon. Mon cerveau travaille à 100 à l'heure pour savoir quel est ce mirage. Je veux savoir à quoi ressemble ce paradis à porté de main. C'est un besoin vital. Un besoin animal.

Mes nerfs sont à vif.

Et là, comme si cette ombre souhaitait également que je sache de quoi elle est faite.
Comme si elle aussi voulait que je la découvre et la possède.

Elle devint parfaitement nette.

Et c'est elle.