L'enfant de la Lune [TERMINÉE]

Partie 2

Même près de vingt ans après ce soir là, je peux encore me souvenir du moindre détail du paysage, de la moindre pensée qui m'ait traversé l'esprit lorsqu'Elsa est apparue, du moindre mot que je lui ai dit, comme du moindre mot qu'elle ait prononcé. Vingt ans après, je vois encore la surprise dans ses beau yeux bleus, et j'arrive à m'y plonger, m'y perdre encore et encore.

Je m'attendais à voir apparaître une jeune fille frêle, mais je tente encore de me convaincre que ce que j'ai vu ce soir là ne provenait pas directement de mon imagination. À son arrivée je n'ai pas vu une malade inguérissable, j'ai vu une chimère, un fantasme, j'ai vu une jeune femme grande et élancée, qui sous la lumière pâle de la Lune était éblouissante. Devant moi, avançant calmement dans la nuit calme, je voyais un fantôme d'une autre époque ; salongue robe bleue pâle voletait sous la brise hivernale, lui donnant une aura mystique et une impression de légèreté. Devant moi, je voyais la fille de la Lune telle que je me l'étais imaginé il y a bien longtemps, pas la fille de la Lune atteinte de cette maladie orgueilleuse, non, bien au contraire : je voyais la personnification de l'astre. Le grain de sa peau semblait si doux et je mourrais d'envie de voir si c'était effectivement le cas, tout en aillant peur que, par ma maladresse, je ne détruise cet être extatique.

Elle arriva devant moi, et l'idiot perdu dans ma contemplation que j'étais n'esquissa aucun geste pour l'accueillir. Je me rappelle de la façon dont elle commença à mordre sa lèvre inférieure, étant trop timide pour me sortir de mes pensées. Même aujourd'hui alors que je ne fais que me souvenir de son geste, j'ai envie de l'attraper pour l'embrasser et maltraiter ses lèvres à sa place.

J'en suis certain, j'avais l'air d'un idiot. D'ailleurs, c'est sans doute pour cela qu'elle gloussa tendrement et me sortit par la même occasion de ma torpeur.Ce n'est donc qu'au bout d'une dizaine de minute à nous contempler l'un l'autre, que je lui rendis son magnifique sourire. J'attrapais ensuite sa main pour l'inciter à s'asseoir sur la couverture, mais aucun de nous deux ne parlions. Même si elle avait tenté d'engager la conversation, j'avais prévu de ne pas lui répondre. Puisqu'une fois qu'elle fut correctement installée, je sortis de la poche de mon blazer une lettre que j'avais soigneusement écrite plus tôt dans la journée. Elle l'a pris, effleurant ma main de ses doigts fins, avant de l'ouvrir délicatement et de débuter sa lecture.

21 décembre 2017

Elsa,

Joyeux anniversaire, ma belle !

Aujourd'hui on devient officiellement majeur ! Alors à la base j'avais prévu de t'emmener faire la tournée des bars, mais après mûre réflexion, je me suis dit que ça serait pas la meilleure des manières de nous rencontrer en personne. Et pour tout te dire, j'imagine cette soirée depuis près de trois ans maintenant. Tu dois certainement te demander pourquoi préparer une simple soirée depuis tant de temps ? Simplement parce que je voulais qu'elle soit parfaite à tes yeux comme aux miens, et pour une autre raison plus particulière sur laquelle je reviendrai après.

Tout d'abord je tiens à m'excuser pour deux choses : la première c'est de ne pas avoir répondu à tes appels de toute la journée, si tu veux me cogner je comprendrais ; et la deuxième, c'est d'agir comme un attardé.Je suis certains que tu es magnifique, même sans jamais t'avoir vu,je le sais c'est tout. Donc, Princesse, je suis vraiment désolé si j'ai bugué en te voyant pour la première fois.

Elsa,la première fois que j'ai dû écrire une lettre à qui que se soit,c'est tombé sur toi, et honnêtement j'avais vraiment le flemme de le faire. Mais je l'ai fais pour éviter d'avoir un beau zéro tout rond sur mon bulletin scolaire, sauf que tu m'as répondu. Chose à laquelle je ne m'attendais pas, et je fus encore plus surpris lorsque j'ai découvert que par le plus grand des hasards on était nés le même jour de la même année. La surprise aurait pu s'arrêter là,mais non. J'ai continué de lire ta lettre, et malgré que tu ai cru que j'allais prendre peur en voyant les choses bizarres que tu me racontais, au contraire tu m'as intrigué. Tu te souviens de ce que tu m'as dit ? Tu as parlé du bruit des vagues le soir quand la plage était plongé dans le silence. Au lieu de me parler de toi, tuas parlé du bruit des vagues, et sans que je puisse l'expliquer à l'époque, pas plus que je ne peux l'expliquer aujourd'hui, en finissant ta lettre il n'était plus question d'obtenir une bonne note en cours. Loin de là, en finissant ta lettre je voulais apprendre à te connaître, je voulais que tu m'apprennes à voir les choses comme tu les vois.