Quand Cassidy rouvrit les yeux, son regard d'émeraude sans pareil se posant sur le monde l'entourant, elle ne comprit pas immédiatement ce qu'elle faisait là, se levant rapidement avec agilité, en alerte, comme pour fuir un danger. Vive et fière, elle était rapide, et savait qu'elle pourrait distancer toute menace éventuelle que l'on puisse affronter par ces moyens, mais elle se détendit bientôt en remarquant le paysage de lumière, de glace et de nuages qui l'entourait, sa robe blanche s'harmonisant joliment avec ce camaïeu de couleurs claires et froides. Seule sa chevelure de soie noire, cascadant sur ses épaules et dans son dos, contrastait avec la paix si angélique de ce lieu, ainsi qu'avec sa peau de porcelaine, son visage aux traits fins et aux joues légèrement rosies par le vent étant illuminé par ses prunelles vertes. La brise légère jouait dans le tissu de sa tenue légère brodée de fil d'or, d'argent et d'émeraude, en une multitude de détails qui la rendaient jolie, mais aussi dans ses mèches de jais, celles-ci laissant paraître les coeurs d'argent et de petits diamants entrelacés qui décoraient ses oreilles. La jeune fille était jolie, ainsi, et cette idée la fit sourire, tandis qu'elle laissait les rayons du soleil caresser son visage. Ce n'était pas réel, ce n'était pas possible. Ce n'était qu'un rêve...
Un petit son la fit se retourner, comme si elle avait pressenti ce qui allait se passer, un simple petit raclement de gorge amusé, et elle virevolta, en un mouvement de robe neigeuse, avant de se figer, fermant les yeux et les rouvrant en un geste incrédule. Un rire qu'elle connaissait trop bien rompit alors le silence, et elle sentit les larmes lui piquer les yeux, affluer à ses prunelles, menaçant de déborder, étincelants de poussière d'étoiles, tandis qu'un sourire se dessinait sur ses lèvres rosées, douces comme les pétales d'une rose. Elle savait que tout ceci n'était qu'une chimère, mais même dans une illusion créée par la nuit, elle était si contente de le revoir qu'elle aurait pu crier. Pourtant, elle restait immobile, muette, tous les mots semblant s'être envolés, superflus devant cette scène à laquelle elle aurait voulu croire, ne sachant qu'étendre doucement la main vers la silhouette à quelques mètres, comme une noyée étendant désespérément le bras vers la surface, submergée par ses souvenirs et la vision esquissée devant elle.
Lentement, le jeune homme avança vers elle, pas à pas, et bientôt, quelque chose sembla se briser en elle, comme un lien invisible la libérant, un sanglot lui échappant tandis qu'elle se précipitait vers lui, se mettant à courir, pieds nus en ce paysage qu'elle ne pouvait décrire. Tout semblait devenir flou, et seul le visage face à elle restait pareil, son repère au milieu de l'inconnu, rassurant, identique, tendre et amusé, complice, comme avant. Les marques sur les poignets du garçon avaient disparu, et il semblait paisible, même si dans ses yeux, on voyait un peu de tristesse, de la douleur et une sagesse trop grande pour eux, le regard sombre étant posé mais légèrement différent. Pourtant, elle reconnaissait son ami dans celui qui lui faisait face, et quand il lui offrit son étreinte, elle n'hésita pas une seconde pour s'y jeter, nouant autour de lui ses bras, enfouissant son visage dans l'épaule de son grand frère de coeur tandis qu'il la serrait plus fort contre lui. Son refuge, cette tendresse, cette impression d'être protégée contre le monde entier, de pouvoir voyagée, et de ne plus être seule, simplement, cette capacité d'effacer les larmes comme seuls le pouvaient les deux garçons de leur groupe... Il était resté le même. Ils se séparèrent bientôt, et entrelacèrent naturellement leurs doigts, avant de commencer à marcher. Autour d'eux, le monde avait changé, ils n'étaient pas au lycée, mais certaines habitudes étaient restées... Doucement, Cassidy murmura :
« Tu nous manques, tu sais. On continue de vivre, mais on ne t'oubliera jamais. Mélissa, Neeve, Simon, moi. On t'aime, vraiment. »
« Je sais. » fit-il avec tendresse. « Sans leur amitié, je ne sais pas où j'aurais été, la première fois. Je n'imagine pas réellement ma vie sans Mélissa. Et toi, tu m'as sauvé. Ne t'en veux pas, d'accord ? C'est grâce à vous que je suis resté. S'il te plaît, ne t'en veux pas. »
« J'aurais simplement voulu pouvoir t'aider un peu plus encore. J'aurais simplement aimé que tu continues de vivre avec nous. »
« Cassidy. » souffla-t-il, sérieux, s'arrêtant et faisant se croiser leurs regards. « Je t'interdis de vivre avec des regrets. Pas pour moi. Arrête, s'il te plaît. Je t'aime beaucoup, petite soeur, je t'aimerai toujours, tu sais. Et je sais que c'est réciproque, je sais que je te manque. J'ai été égoïste, et je m'en veux, quelque part. Mais tu n'as pas le droit de vivre avec des regrets, pas comme ça. Vis à fond, réalise ce que tu veux, mets des couleurs à tes rêves, veille sur eux, écoute Simon jouer du violon, lis les poèmes de Neeve, regarde les dessins de Mélissa. Ris, ris à t'en étouffer, ris à en tomber par terre, ris à en pleurer. Mais ne reste pas prisonnière du passé. »
« Mais... » voulut-elle recommencer, émue, arrêtée par le doigt de son ami se posant sur ses lèvres.
« Tu te rappelles quand je t'ai dit que je ne t'abandonnerais jamais ? Qu'on le pensait vraiment quand on le promettait ? Je te le redis aujourd'hui : je ne t'abandonnerai jamais. Je serai toujours un peu avec toi, et tu sais, tu seras comme l'aviateur dans le Petit Prince. Parfois, tu regarderas les étoiles, et je rirai dans l'une d'elles. Ne pleure pas, petite soeur, petite elfe. Ne pleure pas. »Il lui fit un sourire qui valait tous les mots d'amour du monde, et l'attira doucement à lui pour poser un baiser sur son front, protecteur, amical, fraternel. Combien de fois ne les avait-on pas considérés comme davantage, alors qu'ils savaient tous deux que le romantisme ne serait jamais une part de leur histoire ? Combien de fois ne leur avait-on pas dit que ce lien était ambigu, que ce soient des gens de leur âge ou des adultes ? Ils s'en fichaient... Tous deux s'assirent au sol, et elle parla un long moment, racontant ce qui s'était passé depuis, tandis qu'il l'écoutait. Même vivant, il préférait écouter, ne pas parler de lui, alors rien ne changeait. Il s'était même montré démonstratif, ce jour-là, comprenant peut-être qu'elle en avait besoin. Ce ne fut qu'au bout d'un certain temps qu'elle demanda, timidement :
« Tu vas devoir repartir, pas vrai ? Tu ne vas pas pouvoir rester toujours ici, et je vais devoir m'en aller ? »
« Je ne te laisserai jamais totalement. » sourit-il. « Jamais, tu m'entends ? Je veillerai sur toi. Tu auras des étoiles qui rient. »
« Je sais. » admit-elle, amusée mais un peu peinée. « Mais ton étreinte, ta main dans la mienne... Ça sera fini, c'est évident. Ce n'est qu'un rêve, Noé. Rien ne ramène les morts à la vie, je me trompe ? Tu n'es qu'un rêve, alors qu'on a besoin de toi, réellement. »
« Eh... » chuchota-t-il. « Vous vous débrouillez merveilleusement sans moi, et on se retouvera. D'accord, petite soeur, petite elfe ? »
« D'accord. » répliqua courageusement l'intéressée, esquissant un sourire et retenant ses larmes. « Merci beaucoup. »
« Pourquoi ? » interrogea-t-il, sincèrement surpris, comme tant de fois auparavant. « Dis-moi... Pourquoi ?
« Pour tout. » répondit-elle, émue, serrant une dernière fois ses mains entre les siennes. « Merci d'être là. »
« De rien. Dis à Neeve, Simon et Mélissa que je ne les oublie pas, d'accord ? Et n'oublie pas les étoiles. »
« Je leur dirai, et je n'oublierai pas. Tu reviendras nous voir ? Tu reviendras me voir ? » fit-elle, avec espoir.
« Bien sûr ! » acquiesça-t-il, complice et amusé. « Je serai là quand tu fermeras les yeux, et on se retrouvera un jour. »
« Un jour. Ce jour là, j'espère que tu seras fier de moi, grand frère. J'espère vraiment que tu le seras. »
« Tu n'écoutes pas ce que te disent nos amis, toi... Je suis déjà immensément fier de toi, Cassidy. »Ils partagèrent une dernière étreinte, et le jeune homme essuya délicatement deux perles scintillantes roulant sur les joues de son amie, d'un mouvement du pouce, avant de lui faire esquisser un sourire, puis il recula, et bientôt, dut lâcher les mains de la jeune fille aux yeux d'émeraude et aux mèches de jais, qu'il ne tenait plus que du bout des doigts. Elle garda son regard fixé sur lui, avec tendresse, et bientôt, il se retourna pour continuer son chemin... Mais elle appela une dernière fois, et il retourna la tête vers elle, aimant, complice et protecteur, en un dernier éclat de rire, tous deux échangeant quelques mots avant qu'elle ne ferme les yeux pour regagner le monde réel. Il était temps de s'en aller, mais la brise, très douce, amena encore quelques mots à l'adolescente, un dernier sourire sur ses lèvres.
« Noé ! Noé ! »
« Oui, petite soeur ? »
« C'était un très beau rêve, alors merci encore. »
« J'ai été content de te revoir ! Tu m'avais manqué ! »
« Au revoir ! Au revoir, mais pas adieu ! »
« Jamais adieu ! On se reverra ! Promis ! »It's not a ghost story... It's a love story. - Doctor Who
If I could be with you tonight, I would sing you to sleep,
Never let them take the light behind your eyes. - My Chemical Romance
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P O U R Q U O I ?
Short StoryAssise sur son lit, dans la nuit, une jeune fille. Ses cheveux de soie noire encadrent ses traits fins. Sa peau est pâle, lisse, comme la plus fine porcelaine. Ses yeux, enfin, émeraudes ciselées, illuminent son visage. Entre ses mains, son télépho...