Chapitre 11
- Bien Rakhmane. Aussi j'aimerais te donner l'adresse d'un ami à moi c'est un guérisseur très connu
- Un guérisseur?
- Ne sois pas gêné. Je te considère comme mon fils. Tu iras voir le vieux quand tu veux. Ce soir même, et ne t'inquiète pas pour l'argent je demanderais à ton père de te donner le nécessaire car je sais tu n'accepteras pas un franc de moi
J'ai comme l'impression qu'on m'a versé un seau d'eau glacée. Je n'arrive plus à bouger ni mon corps ni ma gestuelle. Je garde la tête baissée. Les mains entrelacées, je fais craquer mes doigts qui sont gelés de stress
- Regarde moi mon enfant. Si tu veux je vais demander à Madeleine de t'y accompagner. Elle connaît bien le domicile du monsieur.
- D'accord ma tante, peut être j'irais le voir ce soir
- Que Dieu soit avec toi
- Amine
Je n'ai jamais été aussi gêné de ma vie. Je sors de sa chambre, la tête toujours baissée, les yeux sur mes pas
- Rakhmane ça va? Me demande Madeleine
- Ah oui oui. Juste que j'ai perdu quelque chose tout à l'heure. Un outil voilà!
- Ok. Bonne chance pour le boulot donc
- Merci Madeleine. À ce soir donc
Une fois dehors, j'ignore même quel chemin emprunté. À vrai dire je ne connais pas grand monde à Dakar ni même un lieu ou je suis sensé trouvé du travail. Mais je suis décidé à parcourir toutes les entreprises de la capitale pour y déposer mon curriculum vitae. Il doit bien y voir une qui a besoin d'un comptable. Je suis dans mes pensées quand quelqu'une m'interpelle
- Tu marches vite toi
- Qu'est ce que tu veux encore. Rire
- J'ai pensé que tu aurais besoin d'un peu de sous avec toi pour le transport. Tiens ça, ce n'est pas beaucoup mais tu peux te débrouiller avec pour quelques jours avec les transports en commun en me tendant un billet de 5000 francs CFA.
- Non Madeleine! Tu ne crois pas que je vais accepter ça quand même?
- Où est le problème? Je te dis que ce n'est pas gratuit
- C'est gentil mais je ne peux pas accepter
- Quoi? J'ai sprinté sur presque 100 mètres pour te rattraper. Regarde comme je suis épuisée et tu oses refuser ce que je suis venue te donner
- Madeleine! Madeleine. Je t'en supplie, comprends moi. Je ne peux point prendre cet argent. On va faire ça. Je te raccompagne jusqu'à la maison........
- Non merci je connais le chemin. Je voulais juste t'apporter un coup de main mais bon
- Ne te fâche pas s'il te plaît
- C'est bon je ne le suis pas, en tournant les talons
Elle est en colère c'est clair.
- Madeleine!
- C'est bon
J'ai mal agi certes mais je ne pouvais pas faire autrement. C'est hors de questions que j'utilise l'argent d'une femme. Jamais! Maintenant je vais devoir bien réfléchir à comment l'amadouer à mon retour. Je ne veux nullement me fâcher avec elle. Elle est trop gentille et rend notre maison un peu plus joyeuse. Bon à mes yeux disons. Astou sera aux anges quant elle saura que je me suis un peu accrochée avec Madeleine mais elle ne saura pas. Je ne vais pas lui faire ce plaisir. En parlant d'elle, hier nuit dans mon sommeil j'ai rêvé d'elle, que son enfant était venu au monde et me ressemblait étrangement. Sa maman était tellement souriante dans le rêve et avait l'air si amoureux de moi. Au réveil j'étais un peu triste j'avoue. Parfois je repense à mes jours heureux avec elle honnêtement. Je l'aime cette mauvaise femme. Je l'aime plus que tout. Et Dieu seul sait à quel point c'est dur de la savoir sous mon toit sans pour autant pouvoir la serrer la nuit quand je dors, sans pouvoir me réveiller à ses côtés, sans pouvoir sentir son parfum le matin. Est ce que je pourrais encore aimer une femme dans ma vie? Je ne le pense.
J'arrive devant une entreprise locale. À première vue, elle n'a rien de particulier. J'ouvre mon sac et y tire une enveloppe parmi la dizaine contenant chacune un curriculum vitae. Arrivé à l'accueil, je trouve un homme plutôt jeune
VOUS LISEZ
DILEMME
General FictionAmour pauvreté passion sénégalais enfant illégitime trahison infidélité adultère émigration