Ivre d'alcool (Christophe)

12 2 0
                                    

L'enfer me traîne et me hantera jusqu'à ma mort. Autant l'attendre ici, devant ces petites merveilles qui me rendent dingue. L'une blonde, l'autre noire. Elles restent là, sur la table, elles m'attirent vers elles. La tentation d'y succomber une nouvelle fois est irrésistible. L'envie folle de me les taper me rend fou. Fou d'elles. Je suis ivre d'elles. Elles sont toujours là pour me réconforter et elles m'aident à oublier tous mes problèmes, parfois même ma propre identité. Ça leur donne une attirance particulière. Si elles sont avides de moi, il faut les remplir. Mais ensuite, je me perds dans l'interminable trou noir. Elles me font tourner la tête. Ces œuvres du Diable se font désirer par chaque homme en détresse, voire même des femmes. Je vois flou. Je me sens tellement bien... J'en veux une autre, je veux en vider une autre. Je peux voir ma fille dormir sur le canapé en face. Pourvu que la grand-mère la foute au pieu. Je ne veux pas qu'elle me voie dans cet état. Je ne tarde pas à m'endormir, me laissant bercer par l'alcool ingurgité que les bouteilles sur la table contenaient ; Whisky, Jack Daniel's, Vodka... Ah ah. Je n'arrive plus à penser. Mes pensées vagabondent, je pense à tout et à rien, plus rien n'a aucun sens. Je ne sais plus. Tout ce que je sais, c'est que j'ai ma femme qui est morte. Ces chaudes liqueurs me réconfortaient tant bien que mal.

Deux foutues semaines s'étaient écoulées, vidées aussi vite que moi-même je vide mes bouteilles. Je ne les ai pas vues passer. J'ai la tête qui tourne. Ma belle-mère a dût encore la déposer à l'école. Je me lasse de cette vie. Il faut vraiment que cela cesse car je reprends mon boulot dans quelques jours. Je décide de me rendormir.

Je me réveille de nouveau et treize heures s'affichaient ; je vis Cécilia – c'est ainsi que ma belle-mère s'appelait – devant moi, assise sur le petit siège en face de moi. A son expression, je compris de suite qu'il fallait se reprendre en main. Elle prit la parole :

- Il faut vraiment que vous vous reprenez, Christophe. Cela est intolérable ! Vous imaginez dans quel état est votre fille, en plus de supporter cette affreuse douleur ? Certes, nous souffrons autant qu'elle mais elle, elle est jeune et nous, nous sommes adultes. Faites preuve d'un minimum de maturité. Ce n'est pas en vous réfugiant dans l'alcool que cela la fera revenir. Vous ne vous faites que vous enfoncer. De plus, vous reprenez votre travail dans quelques jours. Donc faites-moi le plaisir de vous reprendre en main, Léa ne supporte plus !

Se prendre la vérité en pleine tête n'est vraiment pas évident. Il faut ainsi savoir encaisser et avancer. Je ne savais pas quoi dire à part le fait qu'elle ait raison sur toute la ligne. Devant mon inactivité, elle se leva et retourna à ses occupations qui devraient être les miennes en étant en congé.

Je n'ai ni la force ni le courage de faire quoi que ce soit excepté le fait que je vide les bouteilles en longueur de journée, ce qui n'est pas vraiment correct pour un père. Et pourtant... Le boulot reprendra bien un jour. Je suis dans une impasse, devant un mur insurmontable considéré comme un obstacle. Les gens franchissent leurs obstacles à leurs manières; certains l'escaladeront, d'autres prendront une pioche, d'autres un escabeau, et moi je m'allongerais et dormirais devant, étant dénué de volonté. Je ne sais vraiment pas quoi faire, sauf me plaindre en longueur de journée. Je n'ai presque plus aucune hygiène de vie et me moque éperdument de la belle-mère et ses leçons de morale, n'essayant même pas d'être un minimum responsable. Je me redressais de mon canapé, essayant d'attraper tant bien que mal cette fichue bouteille de Whisky. J'en bus quelques gorgées avant de me rendormir profondément sur mon canapé, lorsque le téléphona brisa le silence. 

-Pu-... Que... Ils ... veulent quoi encore? hoquetais-je depuis mon sinistre palace qui empestait l'alcool.

Et puis c'est la belle-doche qui s'empara du combiné.

- Allô?... Non, c'est sa belle-mère. Non, il n'est pas disponible pour le moment, je vous rappelle dès qu'il arrivera... Oui, d'accord... Bonne journée.

- Ils ... ont quoi? 

- Devinez qui c'était, à votre avis?

En guise de réponse, j'émis un grognement.

- Votre travail. Vous avez intérêt à vous reprendre en main et tout de suite. Plus personne ne vous supporte et vous avez oublié que vous deviez reprendre votre boulot aujourd'hui. Si vous ne faites rien, je leur dis la vérité. Si vous êtes volontaire pour arrêter de vous laisser aller à partir de maintenant, je vous couvre. Dans le cas contraire vous n'aurez plus de boulot. 

Et merde. 

Sombre rêveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant