Le fils du Temps (réécriture)

Une magnifique journée

4 février 2019, Strasbourg. Une journée aussi belle qu'étrange. Il y faisait un raisonnable 5 degrés Celsius accompagné d'un soleil comme il y en avait peu en cette période de l'année. J'étais en train de chercher de quoi me nourrir dans les ruelles du centre-ville en quête de butin permettant de rassasier mon estomac comparable à un gouffre sans fond. Après m'être arrêté pour contempler Notre-Dame de Strasbourg de toute son incroyable et admirable splendeur, je me rendis dans mon frigo favoris pour y trouver mes sandwichs préférés : des sandwichs salade-tomate-oignons. Bref, un kebab. De plus, c'était un endroit où personne ne se bousculait pour manger. Et cela même malgré les prix cassés que proposait l'endroit. Je n'arrivais pas très bien à lire ce qui était affiché à l'entrée de ce magnifique endroit à cause d'une sorte de dyslexie me donnant l'impression que les lettres des mots s'envolaient éperdument de leur page, se mélangeant et s'entremêlant pour former des mots encore plus illisibles que les hiéroglyphes présents sur la pierre de Rosette (je l'avais vu en photo et j'avais toujours été impressionné par cette pierre énigmatique et mystérieuse). Néanmoins, il m'avait semblé y lire à plusieurs reprises : "Déchetterie municipale de Strasbourg".

Une fois m'être rempli la panse, je prenais toujours la direction de mon bistrot favori. Sans entrer dans des détails descriptifs inutiles, c'était une toute petite bâtisse sans prétention au coin d'une des ruelles de La Petite France. Malgré sa situation géographique historiquement marquée, ce bar défiait toutes les lois mises en vigueur : bar avec jeux d'alcools (attention les enfants, il ne faut pas en abuser ! Sinon gare à la cirrhose de foie...), cinéma et même discothèque lors des nuits blanches de la ville. Cet endroit, malgré le tapage diurne constant, me permettait de visionner mes séries TV préférées telles que les films du MCU ou encore y lire mes séries favorites comme The Lorien Legacy, La prophétie du paladin et autres histoires abracadabrantesques. Par ailleurs, le patron de ce bar, un petit gars fortement excentré, en était tout aussi fan. En aucun cas, on aurait pu dire qu'il était passionné par la lecture ou le cinéma. Il était assez petit (pas très grand quoi), fin mais assez musclé, des yeux d'un bleu cobalt qui feraient rougir la mer Caspienne, des cheveux d'un noir déconcertant accompagnés de leur effet ébouriffé (que personnellement je n'aurais su expliquer par la physique). Autre détail intriguant qui le distinguait des personnes ordinaires : un tatouage composé de 5 traits affublés des lettres PRSQ (enfin je crois c'est pas forcément dans cet ordre là mais bon...), le tout surmonté d'un trident. Il était assez étrange car il restait assez mystérieux sur lui et son passé mais le pire (ou le plus marrant, c'est vous qui voyez) était qu'il parlait dans son sommeil. Et ce n'était en aucun cas des choses remplies de sens... Exemple : "CHHHHAAARGEZZZ", "POLYYBOTEZzzzzzZzzzz"; ou autres "Bob Bob Bob" (des arguments certainement valables dans un débat politiques me direz-vous. Mais si vous voulez mon avis, ce n'en était pas le but premier...). De plus, il avait malheureusement été marqué au fer rouge du prénom Jacky. Toutefois, c'était lui qui m'avait recueilli alors que j'étais dans la rue en train de m'ennuyer comme pas possible à regarder les fourmis passer sur les rails de tram (et je peux vous affirmer que les fourmis sont certainement les êtres vivants les plus rapides pour esquiver un tram).

Depuis ce jour, j'arrêtais de venir « fouiller » illégalement dans son frigo. Ainsi, il me laissait ma liberté et m'accueillait quand je le souhaitais pour me dépanner le temps d'une nuit ou deux (ou trois ou quatre, vous savez, c'est pas un chiffre fixe... Ca peut varier) au chaud dans un bon lit muni de sa bonne pitite couette. Ah ! Au fait, moi c'est Athos ! Ravi de vous rencontrer dans cette rétrospective de ma vie pas très banale. Mon nom de famille ? Quel calembour vous me faîtes là !! Comment voulez-vous que je possède un quelconque nom de famille, si justement cette dernière manque à l'appel ?? Bon Revenons En aux Faits (Bref quoi) ! Passons. Sinon, à part cela, je n'étais pas très grand (même si je suis très fier de mon mètre 69), plutôt beau gosse si on place les frères Bogdanoff comme références de la beauté moyenne, j'avais des cheveux très typiques grâce à leur couleur châtain que tout le monde possédait et mes yeux étaient en quelque sorte des LED qui pouvaient changer de couleur en fonction de la météo (rappel à moi même : pour ne pas avoir de yeux avec une couleur pourrie, éviter à tout prix le Nord-pas-de-Calais et l'Angleterre). Ils prenaient une couleur gris-clair/bleue en présence d'orage, bleue saphir quand il faisait beau au bord d'une plage et très foncée lorsqu'il faisait extrêmement moche. J'étais aussi atteint du syndrome de la tremblote-quand-tu-fais-rien-de-tes-mains ainsi que de cette dyslexie étrange couplée à une capacité hallucinogène chronique. D'abord je pensais qu'elle était commune à l'être humain, mais quand j'y repense, tout le monde serais aveugle si c'était le cas puisque seuls moi et Jacky avaient le cerveau assez bizarre pour voir des fantômes et autres chiens à 8 pattes. Depuis, il m'arrive de temps en temps de croiser des soldats de fumée ou alors d'aperçevoir un géant de terre le temps d'une grimace.

Bon, assez parlé de moi et ma vie un peu nulle (ce qui est très étrange à dire vu que cette histoire est basé sur cette vie un peu nulle. Du coup ben... Bon ennu... Euh bonne lecture pour la suite). Vous voulez savoir ce qui était arrivé en fin de cette journée du 4 février 2019 ? Oui (de toute façon si tu es là c'est que ça veut certainement pas dire non. Ou alors tu es quelqu'un d'encore plus étrange que moi, auquel cas j'irai consulté si j'étais toi...) ? Bah continu de lire alors... (je te tutoie, c'est plus convivial comme ça. Et puis je fais ce que je veux dans mon histoire bon sang !) Quelle question stupide!! Reprenons :

En fin de cette magnifique journée, j'étais sorti avec Jacky et alors que nous longions les quais de la ville, nous débattions des dieux qui nous représentaient le mieux. Nous en étions à son terrible et complexe cas :

-Nan mais laisse moi rire Jacky... Toi ? Dionysos ? C'est plutôt toi qui le représente vu les hectolitres de bière que tu es capable d'ingérer. Zeus ? Je te rappelle que dès que tu es à 1 mètre du sol tu te fais dessus. D'Hypnos ? Il n'est même pas capable de faire des siestes plus longues que les tiennes alors moyen quoi... lui disais-je sur le ton de la moquerie.

-Tu ne devrais pas me sous-estimer de la sorte, gamin. Sache que je serais honoré de pouvoir brandir le trident de ce bon vieux Poséidon . me répondit-il.

-Pincez-moi, je rêve ! m'écriais-je. Sans vouloir douter de tes capacités, mais la seule brasse que tu pratiques, c'est celle de ta bière...

Alors que nous continuions notre petite balade sur les quais de Strasbourg , le vent commença à forcir. Au moment de rentrer à la maison (si on considère un bar disco/cinoche/karaoké comme une maison), une énorme bourrasque (et je pèse mes mots! Va falloir que je les mette au régimes d'ailleurs: ils sont en surpoids...) me percuta de plein fouet et m'envoya valdinguer sur le mur adjacent (sachez que j'avais toujours voulu faire maçon, mais je trouve mon apprentissage un peu trop rapide et brutal.). Entre la seconde où je commençais à valdinguer et celle où je me fracassais la tête contre le mur, le temps m'avait semblé ralentir : Jacky figé dans une grimace due au cri infini qu'il devait être en train de pousser, les feuilles emportées par les vents qui semblaient léviter comme par magie, de même pour les oiseaux en plein vol. Absolument tout semblait patauger dans la semoule. Tout ? Non. Seul un irréductible personnage au visage marqué par la peur avait survécu à cet arrêt temporel. Ce personnage, ben c'était moi... C'est comme cela que ma perte de neurones commença : grâce à un traumatisme crânien. Après avoir câliné le mur à l'aide de ma caboche, le noir total.