Parfait

Chapitre 1 : Ultime déchirure

     C'était fini. J'étais seul. Tout s'était brisé. Mon équilibre, toutes les choses auxquelles je croyais. Tout s'était écrouler autour de moi et je n'avais pas eu d'autres choix que de tomber aussi. En même temps qu'Aiden, je sentais sa présence toujours en moi, mais elle était moins forte, affaibli, tout comme moi. Je me demandai comment j'étais arrivé jusqu'à ce point ? Au point de redouter les matchs, d'avoir peur de toucher un ballon, craignant la venue de mon frère.

Je me sentais faible, comme ça, assis sur le banc de touche, laissant mes amis défendre notre cause sans moi. Je m'en voulais beaucoup, j'étais lâche, mais ... Je ne pouvais pas, s'était impossible, je n'avais plus la force de me battre. Je n'avais plus la force de rien.

Dvalin, le capitaine d'Epsilon, celui qui avait été à l'origine de mon état. Son nom me revenait souvent à l'esprit, il me provoquait, ou plutôt, il provoquait Aiden, il connaissait les mots juste pour ça. C'était de sa faute en quelques sortes, mais il n'était pas l'unique responsable, le contraire aurait été faux. Ce moment, celui où tout allait se briser, il devait arriver, un jour où l'autre. C'était inévitable. Le gardien n'avait fait que précipiter les choses, et ses paroles, les dernières qu'il m'avait adressées, jamais je ne les oublierai. Elle m'avait fait souffrir, blessé comme jamais on m'avait blessé. La dernière fois où j'avais eu aussi mal remontait à des années, à la mort de mon frère et de mes parents. Le jour où une avalanche avait englouti notre voiture au retour d'un match.

Cet équilibre, celui que j'avais si j'avais si durement obtenu avec mon frère, malgré nos différents. Ca avait été dur, pour moi surtout. Une partie de moi, à l'époque avait été heureuse de ne plus être seul, de retrouver mon frère que je pensais perdu à jamais. L'autre, souffrait beaucoup, encaissant les remarques d'Aiden qui se faisait de plus en plus violente. Nous nous étions alors mis d'accord, il était l'attaque et moi, je serais la défense. J'acceptai de le laisser prendre le contrôle de mon corps, le temps qu'il marque un but. J'haïssais déjà la sensation, cette impression d'impuissance, celle d'être coincée dans son propre corps. Mis dans un coin, n'être que spectateur, ne rien pouvoir faire. C'était tellement frustrant.

Un autre problème, auquel je ne m'étais pas attendu, c'était présenter à moi. Un sentiment : la peur. J'avais peur. Peur qu'un jour, Aiden finisse par prendre entièrement contrôle de mon corps et que j'y reste coincé. De disparaître. Qu'un jour, Shawn Frost vienne à disparaître. Je vivais avec cette peur au ventre, mais, pourtant, je ne me plaignais pas. J'étais avec mon frère, je n'étais plus seul, pour moi, c'était l'essentiel.

Tout allait bien alors, c'était presque trop beau. Aiden venait quand je le lui demandai, il me suffisait de toucher mon écharpe et il arrivait avec son sourire, ses paroles blessantes autant à mon égard qu'à celle des autres joueurs. Il ne passait jamais le ballon, quitte à le perdre, il était persuadé de pouvoir marquer sans l'aide de nos coéquipiers. Personne ne posait de question pourtant, malgré l'incompréhension lisible dans leurs yeux. Le changement était radical, aucun ne pouvait le nier. J'étais faible, timide, discret, je ne voulais ni déranger, ni gêner. Mon frère était fort, il n'hésitait pas à dire ce qu'il pense sans réfléchir aux conséquences.

Depuis la mort de mes parents, je n'avais toujours eu qu'une idée en tête, un but à atteindre. La perfection. Je voulais être parfait. Et, avec mon frère, j'avais la sensation de m'y rapprocher, d'être proche de mon rêve. Nous combinons tout ce dont une équipe pouvait rêver, une défense infranchissable et une attaque que rien ne pouvait arrêter, en plus d'une vitesse qui faisait notre force. J'avais l'impression d'accomplir le dernier souhait de mon père, et, ça me rendait heureux, au-delà de toutes les choses que je devais subir pour en arriver là. Plus que tout, je souhaitais être parfait. C'était devenu une obsession, ma seule raison de me lever et de vivre une vie normale. La chose qui me tenait debout et me rendait sourd aux paroles d'Aiden. La phrase résonnait à mes oreilles, toujours, jamais elle ne me quittait et elle faisait ma force.

J'avais réussi à mettre en place cet équilibre. Notre équilibre, à Aiden et à moi. Mais il restait fragile, malgré les années, je le savais. C'était comme un château de carte, il tenait bon, bravement, au prix de sacrifice. Mais, un jour, le vent soufflera trop fort, et tout s'effondrera. Une flamme toute petite qui menace chaque jour de s'éteindre. Tout ça, j'en étais conscient, depuis le début. Mais pourtant, j'avais tout fait pour la maintenir, cette paix, même si elle n'était qu'éphémère, fragilisé par le temps qui passe, par les épreuves. Quelque chose de minuscule, de beau, mais qui s'effrite, qui commence déjà à partir. Comme du sable qui coule entre mes doigts, que je ferme pourtant, pour le retenir, pour maintenir cet équilibre.

J'étais à cet instant, à ce moment où le vent avait été trop fort, le château de carte s'était écroulé. Mon bonheur, mon équilibre s'était écroulé, et moi, en même temps, milieu des décombres. La flamme s'était éteinte en même que celle qui brillait jadis dans mes prunelles grises. Le sable ne coulait plus, tout était tombé, tout était passé, le sol en était recouvert, mais c'était fini pour moi. Pour nous. Et j'étais là, déchiré et en pièce, parmi les vestiges de toute ma vie.     

Après le prologue où j'ai repris la « rupture » qu'on vécut Aiden et Shawn que j'ai écrit à ma sauce, voilà le premier chapitre. Il n'y a rien d'officiel dans l'animé, on en parle pas réellement, enfin pas de tout, mais c'est ainsi que je le vois. J'espère que ça vous plaira, et n'hésitez pas à laisser un petit quelque chose si vous avez lu et si ça vous plait. Dans le cas contraire, dites moi ce qui vous déplait, j'accepte toutes les critiques, sauf les bêtes et méchantes ( dans le genre du « C nul ». Je prendrais en compte et je vous expliquerais s'il y a une raison particulière. Je compte sur vous, n'avoir aucun retour est démotivant et ne donne pas vraiment envie d'écrire.