Jude nous avait fait venir à la Royale Académie, sans nous donner une quelconque explication. Toutefois, personne n'avait posé la moindre la question, ne s'était hasardé à mettre la parole du milieu de terrain en doute. La raison n'était pas bien complexe, l'équipe Raimon vouait une confiance sans limite au stratège.
Un fois arrivé à destination, les raisons de notre venue arrivèrent. Jude avait l'intention de tenter le Triangle de la mort avec Bobby et Mark. Je ne connaissais pas cette technique, et me contentait d'observer du banc de touche. Les conversations allaient bon train, si bien que j'en perdis rapidement le cours. Celia, qui transportait les rafraichissements, me sourit gentiment en passant à côté de moi. Je le lui rendis et la suivais du regard encore quelques secondes.
Mes yeux gris se perdirent, je ne voyais plus rien. Ni le terrain, les buts marqués de traces de ballon, ni mes amis qui se préparaient à l'entrainement. Je n'avais même plus conscience du temps qui passait, j'étais seul ou, du moins je pensais l'être à cet instant. Ces moments ne duraient généralement pas longtemps, la réalité refaisait surface trop rapidement. Déjà, je sentais la présence d'Aiden dans mon esprit. Me rappelant que, non, je ne suis pas seul et que je ne le serais, de toutes façons, jamais.
Tu les entends Shawn, tu entends leurs paroles, elles te sont destinées. Et toi tu restes là sans rien à faire, mais qu'est-ce que tu attends ?
Je sursautais, reprenant immédiatement conscience du monde extérieur. Mon regard se portait sur Byron et Mark, je détournais tout de suite les yeux.
Qu'est-ce qu'ils peuvent bien dire sur toi ? Ca ne doit pas être gentil et ça se comprend !
Je serrais les poings. Non, je ne devais pas l'écouter. C'était faux, je connaissais Mark, il ne ferait jamais une chose pareille. Mon frère faisait ça juste pour m'énerver, pour me blesser au mieux. Et le pire de tout, c'est qu'il y parvenait, je ne pouvais rien faire contre ces paroles dévastatrices.
L'entrainement commença réellement. Darren travaillait toujours dur sur sa méga super-technique, avec l'aide d'Hurley. De l'autre côté du terrain, le capitaine, Jude et Bobby s'entrainait à la maitrise du Triangle de la Mort. Pour superviser l'entrainement, le stratège des Raimons avait apparemment eu l'idée de faire appel à l'équipe de la Royale Académie. Contrairement à ce que je pensais, David, un ami de longue date de Jude, ne s'offusqua nullement de l'arrivé de Byron.
L'ancien capitaine des multiples champions du Football frontière, avait longuement réfléchi avant de nous faire venir dans ce lieu. Lui, Bobby et Mark allaient jouer avec l'équipe de la Royale pour le temps d'un match d'entrainement. Je me redressais, bien décidé à suivre le déroulé de cette partie improvisée.
Comme à l'accoutumé, leur enthousiasme était de la partie, ils étaient tous motivés. Le coup d'envoie fut donné, je suivais les mouvements de mes amis avec attention. Jude était impressionnant, sa maitrise du ballon était impressionnante. Il semblait deviner le mouvement de ses anciens coéquipiers, il ne commentait pas la moindre erreur de jugement. Ses mouvements étaient précis et justes. Il ne faisait plus réellement parti de la Royale Académie, mais jouait à leurs côtés comme s'il ne les avait jamais quittés. Il restait une pièce maîtresse de leur équipe, il semblait faire parti de chacun des joueurs présents sur le terrain. Il était leur maître d'orchestre, il les dirigeait d'une main de maître avec doigté et harmonie. C'était magnifique. C'était un spectacle époustouflant.
Malgré tout le respect que j'avais pour ce joueur de génie, une part de moi ne pouvait s'empêcher de le jalouser. Je sentais déjà la présence de mon frère se faire plus tenace, plus pressante. Il était là, cette rage de vaincre et cette jalousie qui m'animait à présent était la sienne.
C'est bien beau d'envier ce talent que tu n'auras jamais, frérot. Mais pourquoi ne me laisses-tu pas jouer ? Histoire au moins de sauver les apparences !
Ma main se serrait douloureusement sur cette écharpe qui représentait depuis toujours le lien entre Aiden et moi. Je murmurais sans même m'en rendre compte :
-Non, tais-toi, Aiden !
Je ne vis pas le regard inquiet de Celia, je ne vis pas les tourments de mes camarades, ceux de Jude, surtout. Dès notre arrivé j'avais su que pour le stratège, il était question d'un problème bien plus ancien que cette nouvelle super-technique. C'était bien plus personnel en vérité. L'équipe Raimon ou l'équipe de la Royale Académie. Son dilemme avait aussi été le mien, il n'y a pas si longtemps. Choisir entre l'équipe qui vous a formé, qui referme tellement de souvenir, et celle sui vous correspond. Je savais à quel point ça pouvait être dur.
Je ne vis pas tout le reste du match, je ne fus pas témoin de la réussite du Triangle de la Mort, fruit des réflexions de Jude. Je ne vis pas leurs sourires éclatants et la fierté sur leurs visages, mais surtout sur celui du stratège. Mes efforts étaient consacrés à garder mon sang-froid, à garder mon calme face aux paroles toujours plus présentes de mon frère. De son ricanement sournois et de ces mots qui me condamnent. Mais ça, personne ne pouvait le voir.
Et le chapitre 8 de Parfait, avec pas mal de retard, je m'en excuse ! La présence de Celia est toute petite, mais elle est quand même là, je ne l'oublie pas ;)
Une nouvelle séance d'entrainement, à la Royale, cette fois (petite pensée particulière pour mon petit Jude que j'aime fort). Ca devient de plus en plus dur pour Shawn, par contre, il y a des choses que personne ne voit, son combat en fait parti ... Il est quand même bien courageux, derrière son apparence frêle et un peu fragile (bah ouais, faut se le dire) !
Merci à tout ceux qui suivent mon histoire et surtout à ceux qui pensent à me laisser un petit quelque chose (vote/com' ou review), c'est vraiment très gentil à vous ! Aux autres, ce n'est pas trop tard, pensez à la pauvre moi (très français comme phrase, je sais) devant son ordinateur ;)
VOUS LISEZ
Parfait
FanfictionDepuis la mort de toute sa famille, Shawn partage son corps avec l'âme de son défunt frère, Aiden. Rongé par la tristesse, la solitude, et sa seule obsession, atteindre la perfection, il accepte la présence de l'attaquant. L'équilibre est fragil...