Fragment

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Depuis ma petite dispute avec Rui, je n'allais plus chez les Himekawa. Je trouvais toujours une bonne excuse pour ne pas y aller. Je ne voulais pas affronté Rui... C'était beaucoup trop gênant et ses paroles raisonnaient encore dans ma tête. "Tu es folle de moi !"
J'avais pris une décision : j'allais définitivement tomber amoureuse de Reiji. Je voulais être absolument sûr de n'avoir aucun sentiment pour Rui. Ça serait beaucoup trop problématique.
C'est pourquoi je faisais mon maximum pour passer le plus de temps possible en sa compagnie. Nous enchaînions les rendez-vous galants, les repas ensembles, les sorties etc...
Sauf que ça ne suffisait pas à m'ôter les paroles de Rui de la tête. Et ça commençait à me faire peur. Je ne voulais pas laisser mes sentiments prendre le dessus, et j'étais persuadé que je pensais à lui parce que je regrettais de l'avoir giflée.

À la fin de mon année scolaire j'avais décidé de terminer mes études à l'étranger cela allait me permettre de faire le point et j'étais sûre de ne pas voir Rui. À mon retour je devrais épouser Reiji et ce sera bon. Du moins c'est ce que je pensais.

En sortant de l'université, je vis une silhouette familière qui m'attendait à la sortie sous le froid. Je plissais des yeux pour reconnaître Rui emmitouflé dans son écharpe, à sautiller de froid.
Il leva le regard un moment puis me remarqua. Je baissais alors le regard pour avancer droit devant lorsque je sentis que l'on agrippait mon poignet.

- Reiji a dit que tu t'en allais aux États-Unis. C'est vrai ?
- Lâche mon poignet s'il te plaît Rui.
- Répond.
- Oui. Je vais aller étudier à l'étranger. Maintenant lâche-moi.

Il fronça des sourcils l'air coupable.

- C'est de ma faute ?
- Pourquoi ça devrait ?

Je retirais brutalement mon poignet et m'en allai. Je pensais qu'il allait me suivre, seulement non, j'entendais des voix derrière moi. Des femmes s'étaient attroupé autour de lui.

- Hey ! T'es mignon toi ! T'es en première année ?
- Ouaaah regarde moi ses yeux !
- Et sa taille ! Dis-moi tu es mannequin ?
- Tu as une petite amie ?

Je serrais les poings et fit demi-tour pour bousculer les femmes une par une. J'arrivais face à Rui, il cligna lentement des yeux en me regardant. Je le tirai alors subitement par l'avant bras sous les regards interloqués de ces dames.
Arrivés un peu plus loin en ville je n'avais toujours pas lâcher Rui. Je sentis alors comme des vibrations, des sursauts. Je me retournais et vis alors Rui qui tentait tant bien que mal de se retenir de rire. Je fronçais les sourcils.

- Qu'est ce qu'il y a ?
- Hm ? Hehe... Mais rien. Pourquoi tu ne m'as pas laissé faire connaissance avec elles ?
- Quoi ? Parce qu'en plus tu voulais apprendre à les connaître ?!
- Pourquoi pas. Les femmes plus vieilles ne me dérangent pas.
- Hey t'es sérieux là !

Il se mit à rire.

- Je rêve ou tu es jalouse ?
- Quoi ?! Moi ?! Mais tu rêves la mon petit ! Pourquoi je serais jalouse ?!

Il reprit son sérieux et me sourit tendrement.

- Bien je vais te croire alors. Tu n'as aucun sentiment pour moi et tu n'es pas jalouse.
- T'en a mis du temps !
- Seulement. Laisse moi te parler de moi.
- Comment ?

Il prit mes deux mains au creux des siennes et me regarda droit dans les yeux.

- Je suis excessivement jaloux de Reiji. Il va épouser la femme dont je suis amoureux. Je suis terriblement triste de voir que mon premier amour est destiné à mon frère.
- Ton premier am--
- Ne parle pas. Je ne vais rien tenter maintenant parce que tu me trouves trop jeune, et que je ne veux pas créer d'ennui. En revanche je ne sais pas combien de temps je pourrais me retenir Sumire.
- Te retenir ...?

Mon cœur battait la chamade, c'était la première fois que l'on me disait tant de chose. Même Reiji n'avait jamais pris le temps de m'exprimer son amour depuis que nous sommes fiancés.

- Me retenir de te montrer combien je t'aime et de le dire aux autres.
- Rui... tu ne devrais pas...
- Chut. Tout ce que je fais ne regarde que moi.
- Mais je suis dedans ! Alors ça me regarde aussi ! Tu es malade !
- Je ne ferais rien tant que je ne serais pas assez fort pour te protéger. Mais sache que je ne te laisserais pas à Reiji. En attendant...

Il déposa un tendre baiser sur ma joue, ce qui me crispa. Puis un second sur le front, il me regarda droit dans les yeux avec un regard sérieux, puis colla ses lèvres aux miennes, pour venir caresser du bout des doigts mes joues assécher par le froid. C'était mon premier baiser...

Cold BlueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant