1 000 ans dans la Cage.

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Survivre. 

Ça n'a jamais été qu'un mot. La nécessité absolue de trouver de quoi manger et boire, ainsi qu'un coin où dormir. Ça s'arrêtait là. Un simple terme, qui a pris une toute nouvelle ampleur dans ma vie. Une nouvelle signification dans la "Cage".

Moi qui avais enfin réussit à devenir quelqu'un, un être à part entière. Me voilà redescendu plus bas que terre. Du jour au lendemain, je suis devenu un divertissement, un acteur, qui répète toujours la même scène, d'une violence sans pareille, d'une cruauté, sans nom. Un duel dans lequel, la mort était une issue inévitable.

A peine arrivé, on m'a présenté de nombreuses armes. Je n'en identifiais pas la moitié. Tout ce qui était susceptible d'écraser, de déchiqueter ou de transpercer de la chair était là, sous mes yeux, encore tâchées de sang pour la plupart. On m'a demandé de montrer ce que je valais, pour estimer mon potentiel de combat et, plus directement, mon prix. Survivre est tout de suite devenu ben plus compliqué.

Dans la Cage, on ne nous donne pas le temps de nous entrainer, non plus celui de pleurer. On m'a enfermé dans une cellule surpeuplée, dans le noir le plus total. Il y faisait chaud, humide, l'air y était irrespirable. Là-bas, on attend son tour. On attend notre premier combat. On attend de savoir si l'on va vivre un peu plus longtemps, ou mourir dans l'anonymat. Il y a peu, ou pas de chances de s'en sortir, parce que tout est inégal dans la Cage.

Du jour au lendemain, la porte de la cellule s'est ouverte. Ce fut mon tour de me lever et de marcher vers la lumière du soleil, si longtemps inaccessible. On m'a donné une épée rouillée avant de me pousser sur le sable de l'arène. Je me souviens encore des hurlements sauvages de la foule impatiente. De leur désir de sang et de violence, qui m'a fait froid dans le dos. Dans ce genre de combats, on ne présente pas les opposants. Ils ne sont personne. Juste de la chair à canon pour ouvrir les jeux.

Mon adversaire tremblait, comme moi. Il avait beau me ressembler, nous étions très différents. Moi, je voulais vivre, plus que lui. Et pour ça, j'étais déjà prêt à tuer. J'ai réfléchi le moins possible, pour ne pas souffrir, pour ne pas regretter. J'ai essayé de faire ça le plus proprement possible. Comme si ça suffirait à me faire pardonner.

Mon premier meurtre dans la Cage. Ma première victoire. Elle avait un goût amer. Je n'en étais pas sorti tout à fait indemne, mais j'étais vivant. Dans la Cage, on n'attend pas que vous soyez rétablis avant de vous relancer dans la fosse aux lions.

Survivre est devenu mon seul but et désormais, il ne dépendait que de ma capacité à esquiver rapidement.

Au total, j'ai passé 1 000 ans dans la Cage, sans jamais parvenir à m'enfuir, ni même oser me rebeller ouvertement. J'ai fini par abandonner l'idée, fini par ne plus rien vouloir d'autre que gagner. Ma popularité n'a fait que croître avec chaque nouvelle victoire. J'ai eu droit à quelques privilèges, un lit décent, un espace personnel, le droit de choisir certain de mes adversaires. Je rapportais suffisamment d'argent à mes maîtres pour qu'ils daignent m'offrir un peu de confort.

Mon pseudonyme ? C'est la foule qui l'a trouvé : Master Sword. Entendre toutes ces personnes le scander, ça ne m'a jamais laissé indifférent. Est-ce que j'ai perdu ? Une seule fois.

Si bien qu'après 350 ans dans la Cage, une lame et un bouclier furent forgés pour mon personnage. Quels que soient mes adversaires, je les terrassais.


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1 000 ans dans la CageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant