Se laisser pousser des ailes.

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Bande son : -Summertimes Sadness/If i die young/

Attendre jusqu'à 23 heures est une torture... Je n'ai qu'une envie, me casser de là. Et ne plus jamais revenir. Toutes les deux minutes, mon regard est attiré par les chiffres colorés de l'alarme à ma droite. Je suis si impatiente que mon corps tremble d'excitation. Je me sens tout de même mal. Mon ventre me fait souffrir, et le simple fait que je n'ai pas entendu parler de mon frère depuis hier me stresse un peu. Je ne sais absolument pas comment il va. Donc c'est avec espérance que je change de chambre pour aller le voir. Je veux juste qu'il aille bien. Qu'il soit encore en vie. Je toque à sa porte, aucune réponse. Je me décide, et entre. La pièce est plongée dans l'obscurité. Les fleurs reposant sur son chevet me font horriblement penser à un cimetière. Je retire cette idée de ma tête et m'approche de son lit. Je me penche au dessus de lui et le regarde longuement. Ses yeux s'ouvrent difficilement comme si je venais de lui éviter de les avoirs fermés pour toujours. Il me sourit, mais pas de son sourire de d'habitude. On voit rien que dans ses yeux qu'il est faible. Il tente de se redresser mais n'y parvient pas. Je veux l'aider mais il me dit de laissez tomber. Je hoche la tête résigné et le laisse. Pendant un court instant, il me renvoie toute la haine qu'il a envers tout le monde. Que si aujourd'hui il est triste, c'est à cause de toutes ces personnes qui le font chier. Ces incalculables visites de personnes qu'il ne connaît pas. Des cousins éloignés, des anciens amis, des connaissances. Il voulait juste la paix. Et même sa joie de vivre ne pouvait pas le sauver. Il est déjà mort depuis longtemps. Je lui serre la main et lui murmure des excuses. Pourtant, il continue de sourire et de me dire de vivre. D'être heureuse, de profiter de la vie. Et lorsque mon portable affiche un message d'Isabel : "On arrive." Il me dit d'en profiter. Je l'embrasse sur la joue comme si c'était la dernière fois et retourne dans ma chambre. Les visites sont terminées depuis longtemps, je me demande comment ils vont faire pour venir...Je reçois un nouveau message : "Ouvre ta fenêtre et fais des signes." Ce que je fais. J'aperçois en bas dans le parc, des personnes en noir. Ils sont trois. Ils me répondent, puis m'envoient une corde. Je l'accroche à mon lit derrière et leur fait signe que tout est bon. Je surveille aux alentours, personne en vu. Une fois dans ma chambre, Yona, Isabel et Sasha se jettent sur moi.

-Comment vas tu ? me demande Yona la mine grave.

Pour toute réponse, j'essaye de lui afficher un sourire sincère. Elle me resserre contre elle. Comme si j'étais la prunelle de ses yeux. Sasha, elle, se contente de me sourire et me tend la robe qu'elles m'avaient apporté. L'habit n'a rien d'extraordinaire, elle est juste rouge. Mais d'un rouge écarlate. Elle a les épaules dénudé mais possèdent tout de même des manches. Elle arrive au dessus des genoux. Elle est ni trop courte, ni trop longue. Je la trouve jolie.

-On s'est dit que tu n'aurais pas aimé en avoir une avec un dos nu avec ton bandage.

Je remercie Yona de penser à tout.

-Allez enfile la !!

Après de longues minutes à galérer pour la mettre, Sasha parvient enfin à refermer la fermeture dans le dos.  Elles sortent de leur grand sac un lisseur et commencent à dompter ma tignasse. Soudain, une ombre passe devant la porte et s'y arrête. Je me précipite sur l'interrupteur et éteint la lumière. Quelques secondes plus tard, l'ombre s'en va.  Elles continuent de me préparer en me maquillant légèrement. Une fois toute cette tâche terminée, on part. Comment vous expliquez que s'évader par la fenêtre en robe et en talon était mission impossible. Mais comme toutes héroïnes de film d'action on y parvient. Lorsque mon pied touche la pelouse, une drôle de sensation me submerge, une sensation de liberté. C'est étrange à quel point cela me fait du bien. Je renifle l'air frais du dehors. Chose que je n'avais pas faite depuis longtemps. Désormais habitué à sentir l'odeur des médicaments. Sasha me tire par le coude en me disant :

Jeune Et Con.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant