Les bonnes manières.

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L'ambiance à table est comme d'habitude, tendue. Personne n'ose parler et je n'en connais pas la cause. Ce qui est bien plus stressant que lorsque tu sais ce que tu as à te reprocher ou reprocher à quelqu'un. Non là, c'est totalement différent. Mon frère mange silencieusement ses pâtes et mon père fixe un point invisible. Ma mère est comme caché dans sa cuisine. En ayant plus qu'assez de ce silence pesant je demande:
-Bon qu'y a t-il ?
Le regard de mon père bascule doucement vers moi et mon frère arrête son action. Les bruits de la vaisselle provenant de la pièce d'à côté se stoppent. Laure, ma mère arrive d'un pas lent. Elle évite soigneusement de me regarder comme si elle avait peur de ma réaction.
-Nous allons déménager.
Voyant ma tête se décomposé elle se rattrape:
-Pas très loin, tu pourra même rester dans le même lycée, si tu veux ! Mais pour question de simplicité tu devra aller à l'internat.
-Pour question de simplicité ?! Et tu me dits ça comme ça !? Tu crois que c'est simple pour moi de me réintégrer dans un lycée en plein milieu de l'année ?! Non, ça déjà c'est méga chiant si je peux dire ! Alors tu veux en plus que je m'incruste dans une chambre avec des filles que je ne connais pas ?!
-Oh c'est bon arrête ! Avec tes paroles on pourrai croire que tu es au bout de ta vie ! Tu as des amies Lola ! Sasha est interne, tu pourra la rejoindre !
-Ce n'est pas pareil, maman ! Elle est avec ses amies d'internat !
-Lola, tes affaires doivent être prêtes ce soir. Tu devrai aller les préparer.
Sa phrase met fin à toute négociation, et je sais qu'il sera désormais inutile d'essayer de lui parler. Je quitte la table ne finissant même pas mon assiette, grimpe les escaliers et entre dans ma chambre en trombe. Je me jette sur le lit et réfléchis. Mais avec la fatigue, l'énervement et la peur ma réflexion se transforme en pluie de larmes. Je déteste pleurer, cela montre ma faiblesse. Et pleurer pourtant je le fais, chaque soir. Mon corps se laisse emporter dans les bras de morphé. Je me réveil paniqué. Mon cauchemar était pour le moins étrange. Qu'est ce que cet homme venait faire dans mes rêves ?! Ce n'est pas normal. Je me lève et pars sous la douche.
Arrivé au lycée, j'observe mon emploie du temps. Alors ce matin: Maths, Perm et deux de sports. Nous finissons donc le Mardi à midi. Youpi! C'est à ce moment précis que je me rappelle ce que j'ai derrière moi, ma valise. M'étant fait jeter du foyer familial je vais devoir habiter au lycée... Ah il faut que je dépose ce sac à roulettes dans le bureau des surveillants ! Après avoir mit mes paroles à l'action je vais me poster devant la porte de Maths. La récré' est longue aujourd'hui comme si on voulait on voulait me pousser a mes limites. Je suis énervé et épuise moralement. Le fait de m'être fait rejeté hier, m'a plus touché que je le pensais. Quelle serait votre réaction si du jour au lendemain on vous mettait dehors ? Très honnêtement, je suis perdue et j'ai cette horrible impression d'être seule désormais. Du moins encore plus que je ne l'était avant. Je déplie mes jambes, qui étaient avant contre mon ventre, et pose ma tête sur le mur du couloir derrière moi. Je pense et cette petite impression de m'évader dans des rêves roses est rapidement remplacé par un sentiment de colère lorsque quelqu'un trébuche dans ma jambe. Évidemment, il faut vraiment le faire exprès, car je ne prends pas toute la pla... Je ne termine ma phrase. Sans doute trop choqué par la tête qui m'apparaît. Le salaud, apparemment il m'en veut encore par rapport à hier...
-Tu gènes gamine, dégage de là au lieu de t'asseoir par terre comme une clocharde. C'est dégueulasse.
Je l'observe longuement mais ne fit rien. Pourquoi bouger ?
-Si je veux faire ma clodo' cela ne regarde que moi. Et puis tu n'as qu'à me contourner comme tout le monde, peut être que ton pied évitera par la suite une collision avec ma jambe.
-Bouge de là guenon.
-Guenon ? Non mais attends, tu me traite de guenon, je peux savoir pourquoi ?!
-T'as une gueule à ça. Maintenant relèves toi avant que je te fasse lécher le sol de tout ce bâtiment immonde remplie de poussière et de crasse.
-Je ne vois absolument pas quel est vitre problème à ce que je reste assise là. Mais je ne veux pas me prendre plus de reproche dans la tronche donc...
Je me redresse et le toise. Il est tout de même plus grand que moi. Il doit faire quoi, 1m63 ?
-Ah au fait, je ne comprends pas mon surnom gamine non plus, alors que vous êtes à peine plus grand que moi. Vous faites quoi, 1m59 ? Demandais en rigolant.
Cette phrase me valut son regard froid lancé à cent pour cent.
-Oh je vous blesse ? C'est un complexe ? Ça doit être dur de voir le monde d'aussi bas le sol ! Le nain !
La je crois dépasser les limites. Il m'attrape par le col (une nouvelle fois!) et me crache au visage:
-Je vais t'apprendre les bonnes manières gamine, ce dont tu m'as l'air de complètement oublier. Commence donc par fermer ta gueule. Tu fera moins chier la planète, qui n'a certainement pas besoin de t'entendre pour tourner. Évite aussi de montrer ta sale face de rat devant tous.
Je le fixe. Je tiendrai. Ses paroles étaient infâmes, horribles, cinglantes, violentes mais je ne lui montrerai pas que ce qu'il vient de me dire m'a fait du mal. Il relâche sa prise sur moi et rentre dans la salle de maths. Je n'avais même pas entendue la cloche sous l'emprise de ce vieux fou. Mes yeux sont humides et ma tête est désormais prête à exploser. Le cour est long et le discours de Levi fait que de me revenir en mémoire. Cet homme est un pur enfoiré, qui ne pense qu'a lui et rien d'autre. Même si ce soir je suis à l'internat, je vais reprendre ma vie en main. Je ne me laisserai pas abattre par un nain malpoli et aussi débile ! Pour la première fois depuis plusieurs années, mon coeur se brise. Ça me fait aussi mal qu'un poignard. Je me sens tellement nul, inutile et débile. Je suis sûre que c'est ce qu'il attend. Me faire du mal. Il doit être fier de lui, se vanter devant ses amis. Or je me rendis compte de quelque chose. Avec discrétion je tourne la tête et observe mon ennemi juré. Il est seul, aussi. Adossé au mur de la salle il scrute le monde et parait le dominer. Il toise avec amertume les personnes riant aux éclats et méprise les idiots comme moi qui sont seuls. Mais il ne se doute peut être pas qu'il fait lui aussi partie de ce groupe d'idiots. La sonnerie retentit sans même me laissant le temps de marquer le moindre calcul dans mon cahier. L'heure n'aura pas été très riche en savoir puisque je n'avais pas absolument rien fait. Mais au point où j'en suis, à quoi bon ? J'allai sans aucun doute rattraper mon année et rester seule à jamais. Dans le couloir menant à la salle de perm, je trébuche sur un cartable et m'écrase au sol. Des petits ricanements surgissent de partout. L'enfer. Je suis vraiment inutile ! Je me redresse grognon et frotte mon pantalon pour en retirer la poussière. Un heureux couple me dévisage en rigolant. L'homme tenant sa femme fermement aux hanches... J'aurais pu trouver ça mignon si la fille ne rajoutait pas :
-Bah alors ? On ne tient plus sur ses jambes ?!
Pétasse va! Je l'ignore comme je le peux mais sa voix elle ne me lâchait pas :
-Allez fait pas cette tête ! Tu as arrangé les femmes de ménage à lécher le sol !
C'en était de trop. Je m'arrête me retourne et attrape la fille par l'écharpe et la tire vers moi :
-J'ai pas besoin de tes commentaires pour avancer bitch ! Maintenant va voir ton pauvre gars et laisse moi!
Sa tête change et le petit côté amusé qu'elle avait à complètement disparue.
-Tu devrai apprendre à fermer ta gueule !
-Sans doute mais toi tu devrai la cacher !
Sa bouche s'ouvre puis se referme. Je passe devant elle et part. Je cours presque en permanence pour me cacher. J'en ai déjà marre. Mon année vient à peine de commencer que déjà tout va mal. Je savais que me ramener en plein cours de l'année ne sera pas évident, mais à ce point... J'ai envie de hurler pour exprimer mon mécontentement, mais qui s'en soucierai réellement? Je voulais être dans ma chambre pour écouter ma radio et pleurer pendant toute la soirée dans mes couvertures pour étouffer mes sanglots. Mais je ne peux pas. Je vais devoir partager ma chambre avec d'autres filles. Je maudis mes parents. Ma rage envers eux est immense. Je me vengerai. C'est une promesse. Avec une main tremblante j'ouvre la porte et m'engouffre dans la salle. La porte grince et un silence de mort règne ici. Personne ne relève la tête à mon arrivé ce qui me rassure. Je vais m'asseoir à une table et sors mon portable de mon sac. Aucun message. Ça ne m'étonne même plus ! Je vais sur Wattpad pour lire une fiction. Ce site est vraiment fantastique. Je passe ma vie dessus. Le temps passe à une allure fulgurante et bientôt la sonnerie retentit. J'attrape mes affaires et pars en récré pour attendre sur un banc comme une conne. Ah la vie de solitaire ! Le paradis! A peine ai-je dit ce mot qu'une fille avec des cheveux noirs et des yeux marrons arrive. Une écharpe pendait à son cou de manière décontracté. Elle doit avoir des origines japonaises ! C'est pas possible autrement avec sa peau aussi pâle ! Elle me sourit et s'installe à mes côtés :
-Salut, je m'appelle Mikasa, je suis une amie à Sasha. Si je ne m'abuse tu doit être Lola ? Ravie de te connaitre. Je suis ici pour te dire que Sasha t'a inscrite dans notre chambre à l'internat. Je viens te donner notre numéro de chambre et notre clé pour que tu ailles poser tes affaires. Nous nous avons option Latin donc on ne finit pas avant 15h. Bon et bien salut !
Dans ma main se trouve les fameuses clés. Je resserre ma poigne et réprime un léger sourire de satisfaction. Peut être que jeune parle plus énormément à Sasha, mais Mikasa à l'air très sympa. Je vais, qui sait, passer une bonne fin d'année ? Je saute presque de joie et me dirige vers le gymnase.
Aujourd'hui nous avons acrosport, j'adore ! Sauf petit bémol, c'est un sport co', donc ce qui signifie être avec des gens. Or personne n'a l'air partant d'être avec moi. Le professeur a beau vanter mes mérites de l'an dernier sur ce sport, personne je dit bien personne ne veut de moi. Ce qui me mets très mal.
-Allez quoi ! Lola est une des meilleures du lycée, si ce n'est pas la meilleure dans ce sport ! De toutes façons il est impossible de le pratiquer seul... Donc que quelqu'un se manifeste ! Hurle presque le professeur à bout de patience.
Un long silence suit son discours. Puis soudain presque sortant de l'ombre un homme avance et demande :
-La meilleure de ce sport dites vous ?
Levi venait de prendre la parole. Il s'adressait sans doute au prof' car aucun regard ne se posa sur moi.
-Dans le lycée, certainement, oui. Finit par répondre Éric se demandant pourquoi il lui demandait ça.
Levi fit pivoter sa tête et ses yeux froids et durs se posent et se fondent dans les miens.
-Je la prends.
Mon étonnement est si immense qu'un cri sort de ma bouche. Les filles indignées derrières moi me prouvent malheureusement que tout ça est réel.
Je m'approche donc de lui la boule au ventre.
-Parfait ! Cri Éric.
Alors que le regard désolé de Mikasa se pose sur moi je demande :
-Pourquoi ? Me ridiculiser devant tout le monde en me parlant comme tu parlerai à un chien et à me hurler des choses immondes dans le face ne te suffis pas ?!
-Si t'es là c'est par pure profit. Tu es, d'après Éric doué. Donc sache que j'attends de toi désormais beaucoup. Ne me fais pas regretter mon choix gamine. Car on va taffer comme jamais tu n'auras taffé auparavant. Je ne suis pas du genre à être compatissant, donc tu ne te plaindra jamais. Les ordres c'est moi qui les donnent. Maintenant va t'échauffer. J'espère que tu es souple.
Je reste là sans un mot. Je viens de signer mon arrêt de mort. Travailler en équipe avec Levi ? Puis quoi encore ! Mais malgré tout quelque chose en moi venait de se regonfler. Peut être la fierté ? J'allais montrer à ce nain débile ce que je sais faire !

Jeune Et Con.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant