3. L'impossible vérité...

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Les contours, de plus en plus flous, finirent par prendre des formes toutes plus incohérentes les unes que les autres. Puis, petit à petit, le blanc remplaça le noir, en passant par toutes les nuances de gris possible, et rendant les couleurs à la chambre.

Je ne faisais pas partie de cette ligne temporelle. C'était encore plus perturbant que je ne m'étais pas entièrement déplacé. Ici, je n'étais qu'une sorte d'ombre, observant, mais ne pouvant agir. Un simple spectateur. Je ne pouvais pas modifier ma propre ligne temporelle, et celle de Mélanie était beaucoup trop proche de la mienne pour que je prenne le risque d'intervenir.

La chambre était calme, une servante venait de déposer une bûche pour entretenir le feu dans la cheminée. Il régnait dans la pièce une agréable chaleur, protectrice. Par la fenêtre, la neige semblait se déchaîner. J'aperçus quelques formes, mais au-travers du brouillard, elles restaient indéchiffrables.

Soudain, la porte s'ouvrit et frappa le mur avec un bruit assourdissant. Deux hommes, armés d'épées courtes, entrèrent en tirant une jeune fille avec eux. Elle hurlait et se débattait de toutes ses forces, mais la poigne du plus grand la maintenait fermement au sol. L'enfant ne devait pas avoir plus de quinze ans. Les deux individus commencèrent à enlever leur ceinture, puis leurs jambières.

Je ne puis regarder cette scène plus longtemps.

D'un mouvement de tête, je chassais ce moment et le laissai rejoindre le passé, endroit qu'il n'aurait jamais dû quitter.

Je n'arrivais tout simplement pas à me ressaisir. Je ne pouvais pas retourner voir ce qu'ils avait fait à cette fille.

Et je ne pourrais certainement pas supporter de les regarder avec Mélanie. C'était trop dur. Ironique n'est-ce pas ? Un Infini trop faible. Et qui possédait pourtant la magie la plus puissante qu'il existe.

Je retrouvais les contours de la réalité. Je devais agir. Cette fois-ci, j'avais eu le temps de reconnaître leur blason. C'était les soldats de ce royaume. Les chevaliers d'Oracles. Ceux à qui j'avais laissé mon aimée, pour qu'ils veillent sur elle. Ils allaient payer cher cette traîtrise.

Je comprenais mieux maintenant pourquoi le château était à l'abandon. Ils avaient tous fui. Les lâches.

Ma colère me submergea. De ma main qui tenait ma kryëlle, je transperçai l'air d'un coup et ouvris un vortex puis m'engouffrai dedans, sans jeter un seul regard derrière moi.

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