Le regard de Lukas

3 : la chambre de sécurité

Quand Lukas émergea, un bandage lui enserait la tête. Il était allongé sur un matelas en mousse dans une pièce vide, les poignets attachés dans son dos pour ne pas qu'il se blesse. Il jeta un bref regard autour de lui. La pièce avait ses murs capitonnés, une porte et une petite fenêtre. Il se mit à hurler, car, ne connaissant pas l'endroit où il se trouvait, il ne savait pas à quoi s'en tenir. Tout pouvait lui arriver et c'était extrêmement paniquant pour un jeune autiste de ne rien contrôler. Il hurla à s'en casser la voix en tentant d'ouvrir la porte au bout de la pièce, qui était bien entendu fermée à clé. Il il tambourina contre avec ses pieds nus jusqu'à se casser les ongles. Quand il se calma, il s'assit dans un coin et se balança en faisant son bruit de machine à laver. Quelqu'un toqua et une voix masculine se fit entendre :
   -  Lukas ? Tu es calmé ?
Lukas poussa un cri strident.
   -  Tu vas rester ici quelques heures. Bientôt on va t'apporter le repas. Si tu es tranquille, je vais rentrer pour te détacher les mains.
   -  Hhaann...
La porte s'ouvrit et le garçon enfoui sa tête dans ses genoux noueux. Un adulte blond entra dans la pièce. Il s'agenouilla devant Lukas et dit :
   -  Ici c'est la chambre de sécurité.  Tu y viendra des que tu  fera une crise. Tu y restera aussi longtemps qu'il faudra. Si tu veux aller aux toilette, il y a le sceau dans le coin de la chambre.
L'adulte dénoua les liens de Lukas et dit :
   -  Moi, c'est Damien. Je suis l'infirmier chargé de m'occuper de toi, bonhomme.
Le jeune autiste frappa sa tête contre le mur capitonné en poussant une plainte déchirante.
   -  Je veux maamaan...
Damien lui caressa la tête et murmura :
   -  Je sais, Lukas, je sais...
Le garçon se mit à se tirer les cheveux en couinant et en se balançant. L'adulte lui bloqua les mains :
   -  Si tu te blesse, il va falloir que je te rattache les mains et tu resteras ici plus longtemps.
Lukas lui jeta un regard haineux et partit s'assoir contre la fenêtre. Damien parti et referma la porte derrière lui. Le petit garçon resta des heures, le nez collé contre la vitre.
Quand on lui apporta le dîné, il était assi dans un coin, la tête rejetée en arrière, les yeux vitreux.
   -  Lukas ?
Le jeune garçon ne bougea pas.
   -  Lukas !?
Un filet de sang coula de la bouche de l'enfant jusqu'à son T-shirt blanc, y laissant une tache vermeille.
   -  Mon dieu, Lukas !