4. Je t'aime

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J'essuyais doucement les larmes qui se déversaient le long de ses joues avec mon pouce. La femme qui se montrait au quotidien si forte était quelqu'un de plus sensible que je ne me l'imaginais. Je prenais sur moi pour ne pas succomber à toute la tristesse qui m'envahissait pour pouvoir avoir une conversation sérieuse avec Lauren.

⁃ Tu peux m'expliquer un peu plus ce que cela signifie...? questionnais-je avec une énorme appréhension envers la réponse

Je la vis hésiter un instant. Avait-elle peur que je ne comprenne pas ? En tout cas, ce n'était pas le fait de la comprendre qui me faisait peur ; mais bel et bien de la perdre. Je savais que si elle avait pleuré cela ne m'indiquait pas que son traitement quel qu'il soit l'aidait et que bientôt les licornes galoperont sur des arcs-en-ciels pendant que nous mangeront de la barbapapa.

⁃ J'ai subi plusieurs chimiothérapies ainsi que des radiothérapies pour ensuite recevoir un don de moelle osseuse mais... sa voix se brisa, j'avais l'impression qu'elle se sentait honteuse, Cela n'a pas fonctionné... Mes cellules sont trop atteintes pour que je puisse guérir un jour...

J'avais compris. Je baissais la tête par réflexe. J'étais à présent terrifiée. J'allais perdre celle que j'aimais. Je comprenais pourquoi elle était si dévastée. Mes larmes coulèrent sans bruit. Regarder Lauren dans les yeux n'était plus une option. Le sol en était une beaucoup plus intéressante.

⁃ Combien de temps...? soufflais-je

⁃ 6 mois...

Les projets d'enfants et de grand mariage que je m'étais fait étaient morts en même temps que l'avenir de Lauren. Un sentiment que je n'aimais pas m'envahit. La colère. Mélangée à la frustration. Pourquoi elle ? Pourquoi pas moi ? Pourquoi celle que j'aimais devait se faire arracher la vie comme on arrache un t-shirt lors des soldes ?

Elle ne méritait pas cela.

Je serrais les dents. Personne ne méritait cela. J'avais peur d'imaginer ma vie sans Lauren. Depuis qu'elle y était entrée ; la sortie n'avait jamais été envisagée. Elle attrapa mon visage de ses mains et m'offrit le plus beau baiser qu'il m'ait été possible de recevoir. Tous les sentiments qu'elle éprouvait s'étaient réunis pour faire un mélange d'une douceur mélancolique. J'attrapais à mon tour son visage pour approfondir le baiser. J'y transmettais à présent mes pensées tristes comme joyeuses que je portais à son égard. Ce baiser était devenu une conversation muette. Nous nous échangions les mots imprononçables. Les gestes remplaçaient les phrases.

Les "je t'aime" devenant trop éphémères et simplets se faisant remplacer par deux cœurs battant à l'unisson. Je l'avais comprise depuis le premier regard. Lauren était mon âme sœur. Nôtre amour était sempiternel.

Cet instant fut le plus doux que nous n'ayons partagé. Je l'aimais tellement...

Dès qu'elle partit je courais en direction de ma chambre pour m'y enfermer et y pleurer à chaudes larmes. Je m'étais retenue le plus possible tant qu'elle était présente ; je devais être un pilier pour elle et pas une pleurnicheuse.

Tout mon dimanche se déroula dans ma chambre à sangloter sous ma couette. Je n'avais réussi à rien faire d'autre. Mes parents avaient essayé de m'en faire sortir ou que je leur explique au minimum ce qu'il se passait mais je n'avais pas cédé. Certes j'étais dévastée mais je ne ferais pas mon coming-out alors que je suis aussi faible. Je devais leur montrer que mon choix d'orientation sexuelle ne me rendait pas aussi malheureuse.

Le lundi matin était apparu trop vite à mon goût. Mes yeux étaient rouges et bouffis à cause de mes pleurs. Tout le maquillage que j'avais essayé de me mettre n'y avait rien changé.

Une extra-terrestreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant