Chapitre 1 : Au commencement il y a eu la fin (refonte)

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10 h 30. Mon corps commence à s'essouffler, je cours depuis cinq bonne minutes en direction de la gare. Si je rate ce train, c'est le retard assuré. Le réveil fut difficile. Je n'ai pas l'habitude de boire et ma tête s'en souvient. J'ai fêté les retrouvailles de mon frère que je n'ai pas vu depuis 5 ans. À part lui, je n'ai jamais été très proche de ma famille. Un monde qui tourne sur l'argent, la renommée et la gloire. Un univers que je déteste au plus haut point. Lui seul est différent. Il a décidé de faire ce qu'il veut de sa vie du jour au lendemain en s'enfuyant à l'étranger. Ça m'a donné la motivation de faire de même. Nos parents ne comprennent pas. Ils n'ont tout simplement pas compris le sens de la vie je pense. Un père jamais à la maison pour cause de rendez-vous répétés. Souvent avec sa secrétaire d'ailleurs, et une mère qui fait semblant de rien mais se cache doucement dans l'alcool ou plutôt des exquis cocktails composé de breuvage dont la bouteille s'élève au smic. Bref !

Je suis donc parti travailler en tant que serveur. Mes horaires sont polyvalents. Célibataire, mon patron apprécie de pouvoir les changer à sa convenance.

J'ai toujours été à l'heure, mais cette semaine à mal commencé. Voiture en panne, dégât des eaux, etc... On rajoute pour finir le réveil ce matin. La bonne vieille routine d'un smicard.

- Enfin !

J'arrive à la gare, mais me retrouve bloqué par les portes de sécurité.

- Merde où j'ai mis ma carte ?!

Poche avant, poche arrière, veste intérieur, poche arrière (seconde fois)

- ha voilà !

Je pose mon badge sur la borne et passe le tourniquet. Il n'y a personne et surtout, pas de petit pépé quotidien qui vient toujours se mettre en travers de nous. Je monte rapidement les marches. À la moitié du chemin, mon bras droit percute la rambarde et en lâche involontairement la carte. Je la vois voler vers le bas des escaliers, en direction inverse du tram, mais, une main rattrape celle-ci avec aisance et me la tend.

- Ouf ! Merci beaucoup ! À un moment j'ai cru...

Je coupe ma phrase en reconnaissant la personne.

- De rien me répond-elle

Une silhouette féminine. Les cheveux longs ondulés, châtains. J'ai déjà aperçu cette femme à plusieurs reprises lorsque je prenais le métro. Il est vrai que je n'ai jamais été indifférent à son physique. Un joli visage fin et délicat accompagne une robe d'été tout à fait élégante. Je la vois sourire en me tendant la carte. Aujourd'hui, elle est encore plus belle.

Je me rends compte que ça fait déjà plusieurs secondes que je la contemple sans un mot.

- À courir trop vite on en devient maladroit.

Maladroitement je ne lance qu'un simple "heu...merci... " sans savoir trop quoi lui répondre.

Je récupère rapidement l'objet, enjambe les quelques marches qui me restent et trébuche sur la dernière. La sonnerie signalant la fermeture des portes résonne mais trop tard.

- Merde !

- On dirait que ce n'est pas votre journée.

Je me tourne en direction de la voix. C'est encore elle.

- Sans vouloir vous offenser, ce n'est pas vraiment le bon jour pour ce genre de sarcasmes.

Je me rends compte que mes mots ont dépassé ma pensée. Quel idiot ! La seule fois où elle daigne me parler, je l'envoie balader.

- Euh... Excusez-moi, ce n'est pas ce que je voulais dire.

Elle me fixe du regard, un brin moqueuse.

Renégat - L'éveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant