Enchaînement

Chapitre 3

Une bataille sans queue ni tête

Shay

Je retirai mon poignet de son emprise, laissant mon sac près du matelas. Il semblait déterminé à m'ignorer, ce qui me convenait très bien. Je m'efforçai de garder mon calme et de sourire.

- Je vais me changer dans la salle de bain. Profites-en pour faire de même, lança-t-il d'un ton enjoué.

Je ne répondis toujours pas, même pas un regard. Lorsqu'il quitta finalement la pièce, je me précipitai pour enfiler un vieux pyjama. M'asseyant sur le matelas, je me demandai ce que je pourrais bien faire pour passer le temps. Mais avant même que l'ennui ait pu m'envahir, Thomas fit son entrée dans la pièce, vêtu seulement d'un boxer. Je sentis la chaleur envahir mes joues, et je fus pris au dépourvu par le désir de détailler son torse musclé.

Il est vraiment bien bâti. Dommage qu'il soit aussi insupportable dès qu'il ouvre la bouche.

- Tu veux peut-être le toucher ? dit-il avec un sourire narquois que je commençais à connaître.

- Hein ?! Quoi ?! Tu rêves ! m'exclamai-je, probablement plus rouge que jamais.

- Je ne sais pas, tu n'arrêtes pas de me fixer. Peut-être es-tu gay ? continua-t-il, un sourire taquin aux lèvres.

-:Je trouve simplement indécent de s'habiller comme ça alors qu'on vient à peine de se rencontrer, me justifiai-je. Mais c'est toi qui veux que je te touche, donc c'est toi le gay ! ajoutai-je, satisfait d'avoir retourné son attaque.

- Oui, je suis gay, et alors ? me répondit-il de la manière la plus simple qui soit.

- Eh bien... Rien, dis-je, déstabilisé.

Je ne m'attendais pas à ce qu'il me le dise aussi directement. Il s'approcha de moi, l'air déterminé, et je me demandai si j'avais blessé son ego.

- Je... Je ne suis pas... Enfin, tu vois... balbutiai-je.

- Ah oui ? répondit-il, avant de poser sa main sur ma cuisse et d'y déposer un doux baiser sur ma joue.

Thomas

Lorsque je déposai le baiser sur la joue de Shay, je sentis son frisson, ce qui me fit sourire davantage. Je me relevai, le surprenant totalement, et il resta figé, rougissant.

C'est tellement amusant de le déstabiliser !

- Tu viens ? C'est l'heure de dîner, lui dis-je sèchement, sans sourire cette fois.

Il se leva, l'air perdu, sa tête semblant être un véritable chaos. Il ne devait vraiment pas comprendre grand-chose, mais c'était ce que je voulais. Je voulais le voir perdre pied.

Nous nous rendîmes à la table du dîner dans un silence pesant. Nous mangeâmes des restes de pâtes de la veille. Lorsque le repas prit fin, je me levai pour débarrasser la table. J'essayais de maintenir une atmosphère froide et tendue entre nous. Le plus étonnant, c'est que malgré le peu de temps passé ensemble, nous connaissions déjà beaucoup de choses l'un sur l'autre.

Je me demandais dans quelle classe il était, espérant qu'il se trouvait dans la mienne, histoire de pouvoir continuer à le provoquer en cours. Le repas passa en silence, puis nous montâmes chacun dans notre lit. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de le déstabiliser encore davantage.

- Bonne nuit, beau brun, dis-je d'une voix charmeuse, sans sourire, avant de m'endormir.