Enchaînement

Chapitre 4

Surprise et insomnie

Shay

Je n'arrivais pas à dormir. Ça faisait déjà trois heures que j'essayais, mais en vain. Thomas me rendait fou. Tout d'abord, il me poussait à bout, puis il devenait doux, et maintenant il redevenait froid. Et il y avait aussi ce "beau brun" qu'il m'avait lancé. Ça faisait à peine une journée que j'étais ici, et je commençais déjà à en avoir assez. Je décidai donc de descendre pour récupérer mon nouveau téléphone et essayer de contacter Mike et Alex. Je regardai dans les contacts et vis le numéro de Caroline, ainsi qu'un contact nommé "Famille d'Élise". Elle avait vraiment pensé à tout. Je me dépêchai d'installer Messenger et me rendis directement sur la conversation de groupe. Un message s'afficha à l'écran : "Un membre du groupe vous a bloqué. Voulez-vous quand même continuer ?" Je décidai de poursuivre et envoyai un message.

"Salut vous allez bien ?" 

Vu par Mike.

J'attendis quelques minutes, mais il n'y avait pas de réponse. Alex m'avait bloqué, et Mike ne semblait pas décidé à me répondre. Ils m'en voulaient toujours. Si Alex m'avait bloqué, c'était pour éviter de craquer et me répondre, et si Mike regardait mais ne répondait pas, c'était pour me faire comprendre qu'il m'ignorait. Rien ne semblait aller pour moi. Je décidai qu'il était inutile d'insister et retournai me coucher.

Je ne comprenais pas pourquoi ils m'en voulaient autant. Après tout, je n'avais rien fait de mal. Nous nous étions disputés parce qu'ils prétendaient que je n'étais vraiment pas cool avec ma mère. Mais comment pouvais-je être cool avec elle quand elle avait deux enfants à s'occuper, que son mari était mort, et qu'elle passait son temps à boire dans les bars ? Il y avait à peine à manger à la maison, et j'avais souvent cherché à manger ailleurs. Chaque soir, en rentrant du lycée, c'était à moi de la mettre au lit, car elle était ivre, et je devais préparer le dîner pour ma petite sœur Élise et moi. Elle avait tout lâché, et c'était moi qui étais "pas cool" ? Alors, je leur avais dit de s'occuper de leurs affaires et de ne plus jamais me parler. Je les avais laissés derrière moi, en claquant la porte, et tout s'est enchaîné.

Je continuais à me tourner dans tous les sens dans le lit quand la voix de Thomas retentit derrière moi.

- Si, juste en te disant 'beau brun', tu n'arrives pas à dormir, je me demande comment tu vas faire dans les semaines à venir.

C'est encore ce maudit surnom.

Je lâchai un soupir d'exaspération.

- Crois pas que c'est ton petit surnom stupide qui va m'empêcher de dormir, répondis-je d'un ton agacé.

Alors, il demanda sérieusement :

- Alors, c'est quoi ?

- Je pensais à ce qui s'était passé avant mon départ... Mais laisse tomber, de toute façon, je suis un mec violent, n'est-ce pas ?

- Ne t'en fais pas, je ne le pensais pas forcément, dit-il, avant de continuer avec un petit rire craquant : Et puis, moi, ça me plaît !

Un rire craquant ? Non, ce n'est pas possible.

- Bref, ne t'en fais pas, tout va s'arranger, il faut juste du temps, ajouta-t-il sérieusement.

- Merci, soufflai-je, en me laissant sombrer dans le sommeil.

Le lendemain matin, je me réveillai vers 6 heures. Grâce à Thomas, j'avais réussi à passer une nuit correcte, mais je me demandais encore pourquoi je le remerciais, compte tenu de sa manière de me traiter quelques heures plus tôt. Je me levai, me lavai et m'habillai rapidement, tentant de mettre un peu d'ordre dans mes cheveux. Aujourd'hui, je portais un sweat à capuche bleu foncé que mes meilleurs amis m'avaient offert et un pantalon noir. Je descendis les escaliers et tombai sur Caroline.

- Bonjour, je voulais vous remercier pour le téléphone. Je suis très touché que vous ayez pensé à Élise, dis-je avec un sourire sincère.

- Oh, mais c'est normal. Je voulais m'excuser pour être partie précipitamment hier, mais il va falloir que tu prennes l'habitude, commença-t-elle. Sinon, j'ai une bonne nouvelle pour toi. J'ai réussi à négocier pour que tu puisses être dans la même classe que Thomas.

- Euh, oui, mais moi, je suis en seconde. J'ai redoublé, expliquai-je.

- Ah, mais Thomas aussi a redoublé.

- Ah, tant mieux alors, répondis-je en essayant de sourire.

J'entrai ensuite dans la cuisine et tombai sur Thomas. Il portait une chemise bleu foncé et un pantalon noir. Je pris mon sac à dos noir, préparé par Caroline.

En arrivant à l'école, Thomas me lâcha.

- À ce soir, je vais rejoindre un pote, alors débrouille-toi pour t'intégrer.

Et moi qui espérais qu'il me présenterait des amis...

Il me fit un clin d'œil et partit rejoindre un gars aux cheveux longs et rouges, qui me regardait de travers.

Je me retrouvai alors seul au milieu de la cour. Super, pensai-je avec sarcasme.

Une voix aiguë m'interpella.

- Salut, tu dois être Shay ! Thomas m'a demandé de te faire visiter le lycée, s'écria une jeune fille avec des cheveux roux, longs et lisses, et des yeux verts.

- Salut. Tu t'appelles comment ? commençai-je timidement.

- Sandy, répondit-elle.

Sa voix est assez insupportable, mais elle a l'air sympa.

J'étais reconnaissant que Thomas ait pris l'initiative de me présenter Sandy. Je sentais moins isolé et j'espérais que cette nouvelle amitié me permettrait de m'intégrer plus facilement au lycée. Le fait qu'il avait pensé à mon bien-être de cette manière me toucha, et je commençai à me demander si sous cette façade de provocation, il ne se cachait pas un peu de gentillesse. D'un coup, j'étais beaucoup moins stressé. Elle ne cessa pas de me parler et de me faire visiter le lycée. Elle me présenta à Arthur et Julie, deux jumeaux aux cheveux bruns et aux yeux bruns. Elle m'expliqua qu'il y a quelques mois, elle était nouvelle et qu'elle était arrivée au moment où Arthur et Thomas s'étaient disputés. Depuis, ils ne se parlaient plus. J'appris qu'elle était également en seconde. J'espérais que nous serions dans la même classe.