Une fois que je comprends pourquoi on m'accuse exactement, je sais directement qui sont les réels coupables et pourtant, je ne dis rien. Ce matin, je suis convoquée chez le principal pour régler le problème. Il me demande qui était avec moi et je réponds qu'il n'y avait personne d'autre. Le proviseur me fait la morale en me rabâchant que je n'ai pas à protéger les autres et que si je les balance, je n'écoperai que de deux heures de retenue et mes parents ne seraient pas prévenus. Pour lui répondre, je crois que je hausse juste les épaules et ça l'énerve. Finalement, il me renvoie en cours, sans rien me dire de plus sur ce qui va m'attendre.
J'arrive en classe et tous les regards se fixent sur moi, y compris celui du blond, qui pour la première fois depuis que je l'étudie paraît intrigué par quelque chose. Les autres finissent par se désintéresser, mais lui continue à m'observer curieusement alors que j'avance entre les rangées pour regagner ma place. Je ne fais même pas semblant de ne pas le voir et le regarde droit dans les yeux ; c'est ce qu'il fait aussi. Cet échange n'a rien d'amical : il me jauge, et c'est comme s'il me défiait de faire quelque chose. Malgré la haine qu'il a l'air de ressentir pour moi, je n'arrive toujours pas être énervée contre lui, ni contre ses amis de la veille, ceux qui m'ont valu quelques problèmes avec le principal. Tout ce que je vois dans l'incident d'hier, c'est une façon de peut-être avoir la chance de l'approcher d'un peu plus près. En passant à côté de lui, si près de lui pour la première fois, je ne peux m'empêcher de renifler l'air en espérant découvrir quelque chose sur lui -peut-être ce qu'il a mangé au petit-déjeuner- mais l'odeur qui arrive à mes narines me fait plisser le nez : il sent le vomi, les poubelles, l'alcool et pleins d'autres choses qui, mélangées ensemble, me donnent la nausée. Après ça, plutôt que de me concentrer sur lui, j'essaie juste de mettre un pied devant l'autre sans m'évanouir : les médecins parlent d'hyperosmie, ma mère dit qu'il s'agit d'un cadeau de Dieu et mon frère pense que je suis une superhéroïne. J'arrive finalement à dépasser son bureau pour rejoindre le mien, quelques tables derrière. Difficilement, je finis par réussir à oublier cette odeur qui n'est clairement pas de sainteté pour capter quelques mots du professeur sur la fin du cours.
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LOVE SMELLS
Teen FictionOn suit l'histoire d'une jeune fille qui rencontre (enfin) le garçon auquel elle s'intéresse depuis des mois déjà