UN AMOUR IMPROBABLE [lewen 2]

5

ZAC

Depuis son "incident" avec la licorne, Zacharie le sauvage vivait toujours dans la nature. Il se nourrissait uniquement de viande de licorne, car à présent il détestait ces animaux et n'avait aucun scrupule à les chasser.
Et à force de les poursuivre à longueur de journée, à présent il connaissait par coeur le moindre recoin de la forêt.

Mais la licorne qu'il était actuellement en train de chasser était appartement elle aussi très rusée. Ça faisait plusieurs heures qu'il la poursuivait à travers les broussailles de la forêt Uranienne, et il ne parvenait pas à l'abattre.
Soudain, la fameuse licorne sauta par dessus un gigantesque bosquet et s'enfuit derrière. Zacharie, qui était à pied, dût escalader cet amas de buissons. Mais cela lui prit beaucoup de temps, et quand il atterrit de l'autre côté, il avait perdu la licorne de vue.

Il se trouvait dans un recoin de la forêt qui lui était inconnu, alors que pourtant il croyait tout connaître.
Il erra parmi cette nature sauvage et violette pendant onze quarts d'heure. Et au bout de la 165ème minute de déambulation, il atteignit l'orée de la forêt.

Et à cet instant, la licorne réapparut dans son champ de vision. Elle était à peine à deux mètres de lui. Il se mit alors à courir pour rattraper son repas sur pattes qui était en train de s'enfuir. Mais cette dernière pénétra dans la ville, et Zacharie fut obligé, malgré lui, de la poursuivre sur le tapis roulant.

Lui qui était habitué à la vie sauvage, ça lui paraissait ce vraiment étrange de se trouver sur un tapis roulant XXL.

Mais pendant sa course effrénée sur le tapis roulant encombré par de nombreux Uraniens, il bouscula malencontreusement une humaine.
Son regard se posa une seconde sur elle et cela suffit à le faire oublier la licorne.

- Excusez-moi, mademoiselle, d'avoir heurté votre confort personel, s'excusa-il.

- Oh, ce n'est rien, répondit l'humaine avec modestie.

- Dans ce cas, je serais ravi d'apprendre à vous connaître.

- Je m'appelle Yael Armiequsoel.

- Enchanté, Yael, s'exclama-t-il en s'agenouillant pour lui faire un baise-main.

- J'aime beaucoup votre style, renchérit la jeune femme.

Zacharie baissa les yeux sur sa tenue: il avait la peau sale et souillée, les cheveux emmêlés, et il portait pour seul vêtement un string en peau de wendigo.

- Heu... Et bien merci, répondit-il.

ZOÉ

Zoé passa le reste de la journée enfermée dans sa chambre, en train de pleurer et de penser à son ex-petite amie, Candie.
Elle évacuait tellement d'eau qu'elle était obligé de boire un verre toutes les dix minutes. Une vraie fontaine.

Seule avec sa solitude, elle n'avait absolument personne à qui raconter ses problèmes. Elle était incontestablement en dépression. Elle n'avait pas l'habitude des ruptures et elle venait de se rendre compte à quel point ça fait mal.

Elle se sentait abandonnée, dégoûtante, délaissée, repoussante, rejetée, énervante, oubliée, mourante.
Elle avait perdu le goût de l'amour et elle voulait juste se laisser mourir dans sa tritesse.

Elle se mit à contempler la rue Uranienne à travers la fenêtre circulaire. Le paysage était tellement monotone qu'elle se serait endormie si elle n'avait pas tous ses soucis qui lui obscursissaient l'âme.

L'un des problèmes sur Uranus, c'est que la gravité est variable. Par exemple, les meubles sont bien plus légers que sur Terre, alors que les problèmes pèsent très lourd. Par conséquent, quand on en porte dans son coeur, ils nous tirent vers le bas et nous empêchent de nous déplacer librement.
C'était la situation de Zoé.

Elle se donna elle-même une baffe pour se ressaisir. Puis elle quitta son appartement sans un regard en arrière. Elle croisa Eluan dans l'escalier.

- Bonjour, fit ce dernier en lui tendant son immense main.

- Salut, répondit Zoé en lui faisant la bise, ignorant sa main tendue.

- Ou tu vas ?

- J'en sais rien...

- Tu veux m'accompagner ?

- Ou ça ?

- Dans la forêt noire.

Zoé vit dans ces quatre mots tout l'espoir dont elle avait besoin. Alors elle s'empressa de répondre :

- Oui, avec plaisir !

C'est ainsi que nos deux protagonistes quittèrent leur lieu de résidence pour se diriger vers la foret. Sur leur chemin, ils croisèrent une licorne au galop.

- On est arrivés, déclara Eluan vingt minutes plus tard, en entrant dans la grande clairière ou se trouvait la statue d'Uranus et du serpent du Midgard.

- Ce quoi ce truc ? demanda la jeune femme en désignant la statue sacrée.

- C'est la statue du Midgard. Lou va tout t'expliquer.

- Lou ? C'est qui ?

- C'est moi ! répondit la concernée.

- Euuh...

- Quoi ?

- T'es bizarre.

- Je suis une neptunienne.

- Oui bah t'es bizarre.

- Non, elle est juste différente, intervint Eluan.

- Elle est bizarre quand même.

Lou leva les yeux au ciel de désespoir.

- Bref, dit-elle. Nous avons une mission aujourd'hui. Il faut nourrir le serpent.

- Encore ? s'étonna Eluan.

- Eh oui. Il faut le faire régulièrement.

Eluan, Lou et Zoé occupèrent donc leur après-midi à la recherche d'une bille de Mercucre dans la forêt. Après plusieurs heures de recherche intensive, c'est Zoé qui mit la main sur la bille. Lou la félicita.

Ils retournèrent joyeusement à la clairière.

Mais quand ils s'approchèrent du serpent, ce qu'ils virent les choqua profondément : le serpent était en train de s'éloigner d'Uranus !

- Vite ! hurla Lou. Met la bille !

Zoé exécuta l'ordre. Immédiatement, le serpent se rabattit contre la planète. Il donna un énorme coup de queue qui toucha la soucoupe de Léo et Ewen, toujours coincés en orbite uranale.

Ils furent projettés sur Uranus et tombèrent sur le toit de leur immeuble, sans aucune égratignure. Quel heureux hasard.