IV.

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7 Septembre 1939 :

-Eastwood ! Rousseau ! Dans mon bureau !

Il était peut être huit heures quand le capitaine de l'escadre appela Jake et l'un de ses camarades. Il était en train de réparer le moteur de l'un des nombreux avions présents dans l'aérodrome. Celui-ci avait chauffer anormalement durant l'un des entraînements de la base et les mécaniciens étaient trop occupés avec les avions touchés par balles. Jake posa rapidement l'outil qu'il tenait dans sa main sur une caisse en bois et se mit à courir vers l'extérieur du hangar. Un vacarme monstre régnait dans l'habitacle de part le bruit des outils et de part le vrombissement des moteurs. Le jeune aviateur trottinait, ne voulant pas faire trop patienter son supérieur hiérarchique, ses pieds foulant le sol goudronné de la piste à une allure modeste. Il gravit les quelques marches qui le séparait du bureau. Lorsqu'il arriva sur le palier, il passa rapidement sa main dans ses boucles brunes, qui commençaient à devenir longues, de manière à les remettre en place un minimum et essuya son front couvert de gouttelettes de sueur. Il tenta aussi d'estomper les quelques tâches de graisse noires qui parsemaient sa chemise en lin écru. Il savait son comportement ridicule mais il voulait être présentable. Cela lui semblait étrange d'être demandé par le colonel alors qu'il était arrivé la veille à la base. Peut être que c'était mauvais signe ? Sa jeunesse et son inexpérience y était certainement pour quelque chose. Pourtant, il avait fait preuve de tant de courage, de persévérance et d'inconscience lors de son apprentissage qu'il pensait pouvoir se sentir à son aise ici. Le garçon souffla un moment avant de frapper et d'entrer. Il fit un rapide salut militaire et s'approcha du bureau en bois où était assis le colonel Scott. La pièce sentait le renfermé et le papier peint vert olive rendait l'environnement oppressant, agrémenté des nombreux meubles en merisier, l'atmosphère était d'autant plus sombre et austère. L'autre aviateur était déjà présent. Jake lui fit un signe de tête et pinça ses lèvres en guise de bonjour. Le garçon était grand, et d'une musculature à en faire pâlir plus d'un, ses cheveux bruns était coupé court et ses yeux bleus l'observaient, mais aucune once de méchanceté ou de rivalité y était visible, cela devait être de la simple curiosité.

-Messieurs, je vous ai convoqués aujourd'hui pour vous confier une mission de la plus haute importance. Une escadrille va être envoyé en Allemagne et deux aviateurs de notre base doivent être envoyés.

Jake et le garçon se lancèrent un furtif regard, incertains et dubitatifs quant au discours de leur supérieur.

-Je pense que vous avez désormais deviné pourquoi je vous ai réunis. J'aimerais vous envoyés, vous, messieurs. Vous êtes pour moi le nouveau souffle de l'aviation française. Vous piloterez un Curtiss H75, des appareils qui demandent une certaine dextérité au vol.

Les yeux de Jake s'écarquillèrent à l'annonce de la nouvelle, néanmoins il se ressaisit rapidement. La seule évocation qu'il puisse piloté un avion de cet envergure - qui plus est américain- le rendit fou de joie.

-Je suppose que je peux compter sur vous ? Rajouta le colonel Scott en jouant avec sa moustache grisonnante.

-Oui, mon colonel, répondirent les deux jeunes aviateurs en effectuant un salut militaire, débordant de fierté.

-Très bien, vous quitterez la base vers onze heures pour en rejoindre une autre près de Metz, d'où vous décollerez demain à l'aube.

Les garçons acquiescèrent et remercièrent le colonel avant de se retirer pour préparer leurs affaires. Et ce n'est qu'une fois la porte du bureau refermée, que le compagnon de Jake exprima son effusion et sa joie.

-Dieu ! Quelle chance ! Laissa t-il échapper en passant ses mains sur son visage.

Le jeune homme aux yeux bleus leva le regard vers son futur acolyte et tendit sa grande main vers Jake.

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