Chapitre 8

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Cela faisait maintenant 1h30 qu'ils avaient quitté le motel. Zack avait trouvé une vieille station radio et il frappait le rythme sur le volant comme la veille. C'était une de ses habitudes. Elle décida de mettre sa réserve de côté et chanta les refrains de toutes les chansons qu'elle connaissait à la demande de Zack. Je peux quand même bien lui offrir ça après tout, s'était-elle dit.
L'air était tout aussi chaud que la journée précédente alors les deux fenêtres avant étaient grandes ouvertes. La douce odeur des pins combinée au soleil qui chauffait leur peau les rendit quelque peu plus bavard.  
<< Alors tu viens d'où Zack ? 
- J'ai grandi à Saint Gauden. C'est un petit village à une heure trente de Tarbes. 
- Moi je viens de Hasparren. C’est un village assez calme.                                                     
- Et tu as des frères et sœurs ?
- Non je suis fille unique. J’avais juste un chat jusqu’à mes quatre ans. Et toi ?
- J'ai une sœur de trois ans de plus que moi et un frère qui a un an de moins que moi. Ma famille a toujours aimé les chiens. On en a deux.
- Je me suis toujours demandée comment c'était d'être le cadet … 
- Et bien, ça va, je tiens le coup. C’est pas facile tous les jours mais c’est supportable, se moqua-t-il gentiment. Non plus sérieusement, j’apprends beaucoup de ma sœur et avec mon frère ont fait les trucs débiles que font les frères. Mes parents nous aiment de la même manière tous les trois. Je ne me sens pas écarter par rapport à mon frère et ma sœur. C’est le cliché qu’on beaucoup de gens mais c’est faux, dit-il d’une voix plus forte. Tu aurais voulu en avoir des frères et sœurs toi ?
- Non, je pense que non. J'étais bien toute seule.

Zack releva qu'elle avait utilisé le passé mais il s'abstint de faire un commentaire.

- Tu fais quoi dans la vie ? continua-t-elle.
- Je vois que tu as vite mis ta timidité de côté. Les questions fusent, la taquina t-il. Elle rougit légèrement. C’est assez simple de t'expliquer ce que je fais de mes journées : ça fait deux jours que je suis sur la route. J'ai une passion depuis quelques temps : prendre des photos. J'ai travaillé durement dans un magasin de bricolage pour me payer un appareil photo. Et comme c'est les vacances et qu’il fait très beau je me suis dit :
<< pourquoi ne pas partir sur les routes pendant plusieurs semaines pour simplement photographier ce que j'ai envie juste au moment où je le vois ? >>
La seule réponse de sa passagère fut son ventre qui émit un bruit monstrueux, dévoré par la faim.
Ils se regardèrent et partirent dans un fou rire. 
- Je suggère qu'on cherche un endroit où manger pour faire taire ton ventre.
- Ah oui, je ne suis pas contre. Il serait temps.>> Elle regarda l'heure sur son portable : 8h.

Ils roulèrent encore pendant vingt cinq minutes avant d'entrer dans une agglomération dont le panneau indiquait << Tartas >>. Le sol était fait de pavé. De l’intérieur de la voiture, le bruit des roues sur le pavé donnait l’impression que les pneus claquaient. Zack suivit les différentes indications pour se rendre au centre du village. Il se gara à l'ombre d'un imposant platane. Une boulangerie se trouvait face à eux. Elle ouvrit sa portière et prit 10€ dans son porte monnaie. Elle ne laissa pas à Zack le temps de répliquer. Il sourit en la regardant marcher jusqu’à l’entrée de la boulangerie.

<< Bonjour deux croissants nature et deux bouteilles d'eau s'il vous plaît, demanda-t-elle d'un ton doux.
- 8,50€, aboya la vendeuse. >>

Elle se dépêcha de payer pour ne pas rester une seconde de plus face à cette horrible femme. Cette dernière ne lui adressa pas un seul regard et ne décrocha pas le moindre mot lorsqu'elle sortit.
<< Eh bien ce n'est pas avec une telle absence de politesse qu'ils vont rester longtemps ouverts, dit-elle en revenant dans la voiture. >> Zack la regarda avec un léger sourire planté sur les lèvres tout en mordant à pleines dents dans son croissant. Ses grosses lunettes de soleils noirs masquaient ses yeux noirs pétillants. Elle aussi cachait ses jolis yeux verts amandes sous ses lunettes hexagonales.

ElleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant