Comme tous les dimanches, je suis allée au cimetière pour parler à mon père. Cela fait deux années qu'il a quitté ce monde et il me manque terriblement. Il a toujours été présent pour ma mère et moi, un homme aimant, attentif, généreux et tolérant. Lors de mon coming-out, il m'a serrée dans ses bras en me murmurant des paroles réconfortantes et pleines de sens. Mon père m'a toujours soutenu et je lui en suis reconnaissante.
Je pose alors le bouquet sur la tombe et je m'éloigne. Sur le retour, je croise une jeune femme qui s'avance lentement entre les tombes. Elle porte une paire de lunette de soleil, à des cheveux noirs corbeaux, ses vêtements sombres sont à moitié déchirés. Je suis intriguée par cette silhouette qui m'est familière. Piquée par une malsaine curiosité, je la suis. Elle semble hésiter et marmonner des paroles incompréhensibles. D'un coup, elle s'arrête et s'assoit sur l'herbe fraîchement tondue. Moi, je me cache comme je peux et je tends une oreille. Au début le silence règne, imposant et déroutant. La jeune femme semble figée comme le marbre qui lui fait face. J'aimerai entendre sa voix et comprendre la raison de sa venue en ce lieu morbide. Puis elle tend un de ses bras et ses doigts se posent sur les lettres inscrites sur la tombe. J'ai l'impression qu'elle secoue la tête et qu'elle tente de se reprendre. Sa voix résonne enfin, une voix hésitante, brisée et un peu rauque.
- Tu es là sous cette terre depuis des années alors que moi, je vis au dessus. J'aimerai tant prendre ta place et ne plus vivre avec ses émotions désastreuses.... J'ai fait ce que tu m'as demandée, j'ai réalisé mon rêve et je suis devenue cette artiste. Une artiste tourmentée par son passé et ses remords. La jeune femme s'arrête tandis que je plisse mes yeux. Car cette voix ne m'est pas inconnue et j'essaie de mettre un visage sur cette personne. Tu n'aurais jamais dû aller le voir, tu aurais dû suivre mes conseils et garder mon secret. Je t'avais suppliée mais ton amour pour moi a été plus fort. Chaque jour, je maudis cette nuit-là, je te hais pour être parti loin de moi, je te hais car j'avais confiance en toi et cette confiance t'a mené à la mort. Comment as-tu pu me faire cela ? L'inconnue se met presque à hurler de rage et de fureur et à cet instant, je mets un prénom sur ce corps fébrile et j'écarquille les yeux. J'étais si bien avec toi, dans tes bras... J'étais heureuse comme jamais. Je pouvais entrevoir un avenir magique et un avenir à tes côtés. Mais tu es partie, tu m'as abandonnée dans ce monde avec cette culpabilité. Je ne sais pas comment faire pour vivre, comment faire pour laisser une femme m'aimer et me consoler. Je n'arrive pas à te remplacer, je n'arrive pas à tourner la page. Je t'aime toujours et tu me manques tellement. Tu as toujours été têtue et cela t'a tué. On t'a enlevé à moi et on m'a brisé entièrement. Je n'étais rien avant de te connaître, tu m'as appris à respirer, à m'ouvrir et à t'aimer. Mais je n'ai plus tout cela à présent, je suis seule face à l'obscurité.
Lauren arrête de parler et laisse le silence planer autour de nous. Je viens d'assister à une véritable souffrance et je me sens gênée d'avoir terni cet instant. Je viens de voler une partie de la vie d'une de mes anciennes camarades, je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus comment réagir. Ma curiosité vient de me clouer au sol et m'achever. J'aurais dû partir et ne pas suivre cette fameuse Lauren. Cette dernière se lève d'ailleurs fébrilement, j'ai l'impression qu'elle va chuter à cause de ses émotions néfastes alors j'accours vers elle. Et son corps s'écroule contre le mien, instinctivement, je la serre contre moi et je nous laisse tomber doucement sur l'herbe. Je l'entends pleurer et je la sens trembler contre moi. Je n'ose émettre le moindre son, alors je me contente de la presser contre moi et de caresser son dos. Puis ses pleures cessent d'un coup et elle me repousse avec ses mains. Ses yeux verts se plantent dans les miens, j'ai peur qu'elle me gifle ou qu'elle me hurle dessus. En même temps, elle en aurait le droit, je l'ai espionnée. Mais au lieu de cela, elle me murmure un merci puis elle part comme si de rien était. Je reste plantée là me demandant ce qui venait de se produire. Je secoue la tête pour reprendre et décide de partir à mon tour, le cœur lourd et emplit d'inquiétude.
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OS Lauren Jauregui
FanfictionOne Shot de Lauren Jauregui. J'accepte les propositions de couple, mais je ne fais pas d'os à la demande. Réécriture de One Shot déjà écrit. Publication pas régulière.