PAPER HEART. +tk

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Taehyung posa chacune de ses deux mains sur les deux bras respectifs de son siège. Il s'y appuya telle une personne âgée et porta son corps lourdement. Une fois qu'il fut apte de tenir sur ses deux échasses, il enfila ses pantoufles de papy, repositionna ses lunettes rondes sur le bout de son nez et se dirigea vers l'entrée. Suspicieux, il ouvrit la porte en bois rouge verni et scruta les alentours quelques instants. Personne.

Sûrement ces gosses malpolis..pensa-t-il, un air fatigué sur le visage.

Il se retourna et s'apprêta à la refermer, tout en jurant dans sa barbe imaginaire.

- Hé, par ici !

Taehyung s'arrêta dans son élan puis abaissa les yeux. Ses lèvres se séparèrent et un hoquet de surprise s'en échappa. Sous ses yeux ronds se tenait un petit garçon haut d'à peine trois pommes. Ses cheveux étaient bizarrement teintés en blanc et entre ses doigts, un petit avion en papier reposait. Son regard couleur corbeau semblait profond, on aurait dit qu'il pouvait prendre possession de vous juste en vous fixant. Une aura importante, intrigante et presque inexistante se dégageait de lui, s'en était impressionnant, totalement improbable. 

- Bonjour ! Avait-il hurlé en relevant la tête, exposant ses petites dents de lait carrées, toutes symétriques et impeccablement blanchies. Je peux entrer ? Merci !

Il ne laissa pas une seule seconde de réflexion au plus âgé et se faufila entre ses jambes écartées à l'intérieur de la maisonnette. Taehyung quant à lui, était resté planté devant l'entrée, droit comme un I. Le temps qu'il se rende compte des événements qui viennent de se produire, le voilà qui court à l'intérieur de chez lui, toujours aussi abasourdi.

Il pénétra son salon, il ne courrait à présent plus. L'étrange petit être s'était tranquillement attablé au fond de la pièce, un énorme bouquin sur les genoux. Vu sa petite taille, il était plausible qu'il ne puisse pas atteindre la surface du meuble. Taehyung était assez stupéfait par cet enfant qui s'était incrusté chez lui et pourtant, il était là, entrain de l'admirer.

Sa peau opaline, sa chevelure neige, lisse et soyeuse qui secouait légèrement à cause du courant d'air qui passait à travers la fenêtre entre-ouverte du salon. Son minuscule nez aquilin remonté, sa jolie petite bouche dans laquelle se trouvait son pouce qu'il suçotait sans nul bruit. Ses mirettes étaient imposantes mais parfaitement positionnées sur son faciès ovale, ses fins sourcils étaient froncés, signe qu'il se concentrait sur les pages encrées du volume se trouvant sur ses genoux. Il lui portait une attention que Taehyung ignorait, il n'avait jamais vu de pareille concentration.

Soudain, il fût extirpé de sa contemplation par une petite voix, cristalline et aiguë. L'enfant avait détaché son regard du livre et fixait à présent l'aîné, il avait fait un signe de la main, lui indiquant d'approcher.

- Monsieur ? Tu peux m'aider, je n'arrive pas à lire ça, là ! Il chercha quelques secondes puis posa son pouce sur le papier, un petit air victorieux sur le visage.

Taehyung, un peu surpris, s'approcha de l'enfant et s'agenouilla à ses côtés, il considéra le mot qu'il lui indiquait et se mit à tenter de le lui apprendre. Il détachait les syllabes et appuyait pour montrer la bonne prononciation.

- Bibliothèque!

- Bobolothèque! Hurla-t-il, tout joyeux.

- Non, bibliothèque! Réessaye plus doucement cette fois.

- Bobolothèque, bobolothèque ! Il chantonnait à présent, pensant avoir appris un nouveau mot.

- C'est sans espoir...

Taehyung soupira puis sourit face à l'enthousiasme du gamin, il lui tapota gentiment la tête.

- Monsieur..? Il s'arrêta, puis baissa la tête. J'ai faim ! Cria-t-il, indiquant son estomac.

L'aîné des deux se releva et se dirigea vers la cuisine, tout en se massant les tempes. Une fois qu'il eut ouvert le réfrigérateur, il se figea immédiatement.

Les enfants ça aime le sucré, non...?

Il se pencha et chercha tout au fond du frigidaire, entre médicaments, soupe au poulet et bières. Il n'y trouva rien de bien intéressant. Il se décida enfin à prendre la dernière part de tarte aux prunes que lui avait envoyé sa génitrice, après une longue hésitation sur le fait qu'elle n'était peut-être pas à son goût.

Il déposa la part dans une assiette et ajouta une fourchette au tout puis retourna au salon. Quand il arriva à l'endroit où il avait laissé l'enfant plus tôt, il fit tomber l'assiette et son contenu sur le vieux tapis poussiéreux.

Le petit enfant venait de se volatiliser, de littéralement disparaître.