Il était dix-neuf heures lorsque je passai la porte de l'importante bâtisse en bois. Je ne perdis pas de temps et m'empressai de me changer. Un simple tee-shirt et un vieux short faisaient amplement l'affaire. Par contre, je prenais soin de me bander les mains et les poignets ainsi que de mettre des protège-tibias pour prévenir des éventuelles blessures.
Le Muai Thaï était une sorte de boxe thaïlandaise qui demandait de la rigueur, un mental d'acier et une excellente condition physique. Mes parents étaient un peu réticents à l'idée de me voir pratiquer ce sport qu'ils jugeaient trop violent et inapproprié pour "une jeune fille". Pour ma part, j'avais été séduite par ce sport de combat qui me permettait de m'endurcir et d'apprendre à me défendre.
Nous étions généralement six à venir s'entrainer régulièrement le lundi soir. Dans ce petit groupe tous les âges se confondaient mais j'étais la seule et unique fille du cours.
Nous commençames par nous échauffer en effectuant une petite course aux abords du stade mitoyen à notre salle de boxe, puis nous enchaînâmes avec quelques minutes de corde à sauter. Cette première étape terminée, nous pouvions commencer à nous entrainer. Aujourd'hui je décidai d'organiser ma séance en deux parties. Tout d'abord j'entrepris de me défouler face à un sac de sable, l'avantage de cet exercice était que je pouvais y mettre toute ma force, sans me retenir et sans craindre de blesser mes partenaires. Après la journée que je venais de passer, j'étais heureuse de pouvoir m'acharner sur ce pauvre sac de sable, comme si le simple fait de frapper sur le gros boudin noir me permettait de chasser le stress et la colère emmagasinés. J'évacuais ainsi chaque lundi, mes pensées négatives à la sueur de mon front.
La deuxième partie de l'entrainement consistait à travailler la puissance et la précision de mes coups de pied et de mes coups de genoux sur un gros coussin de cuir rectangulaire, maintenu par l'un de mes coéquipiers.
Après une heure d'efforts intensifs, je consacrais un peu de temps aux étirements, qui comportaient également de l'assouplissement et des exercices de respirations.Il était vingt et une heure lorsque je sortais du bâtiment. Sans tarder, je rejoignis la maison où m'attendaient un bon repas et une bonne douche. Arrivée chez moi, je filai rejoindre mes parents qui ne m'avaient pas attendu pour manger et, étaient déjà au dessert. J'allai me chercher la dernière part de tarte aux épinards et le reste des carottes râpées avant de prendre place à table. Ce fut mon père qui engagea la conversation.
- Alors comment s'est passé ton sport de brute ? Personne ne s'est blessé ?
- Tout s'est très bien passé, merci papa. Et non, personne ne s'est rien cassé.
À chaque fois c'était pareil, il ne pouvait s'empêcher de me taquiner sur le sujet. Heureusement que je n'étais pas susceptible, sinon je pense qu'il ne pourrait pas se moquer de moi comme il le faisait.
- Et comment s'est passée ta journée ? me demanda ma mère.
- Horrible ! Je suis arrivée en retard ce matin, je me suis encore faite reprendre par Madame de Chevigny. Pendant que j'y pense, elle m'a dit qu'elle aimerait vous rencontrer. Ensuite j'ai fait tomber mon plateau au self et ......
Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que ma mère venait tout juste de me hurler dans les oreilles.
- QUOI ? Comment ça elle voudrait nous rencontrer ?! Mais qu'est-ce que tu as encore pu bien faire ?! Pourquoi es-tu toujours obligée de te faire remarquer ?!
- Mais elle ne m'aime pas cette prof ! Elle me déteste ! Ce matin il a juste suffit que j'arrive en retard pour me faire savonner !
- Bien sûr, fais ta victime. Tu ne crois pas qu'elle a des raisons de s'énerver ? Tu es constamment en retard ! Au bout d'un moment ça en devient lassant. Je comprend tout à fait sa réaction.
- Attend maman, tu prends sa défense ? À elle ?! Tu ne soutiens même pas tes propres enfants ? Mais c'est vraiment scandaleux !
- Veux-tu baisser le ton je te prie. Tu te rends compte de quelle manière tu parles à tes parents ?
- Mais je m'en fiche ! En plus c'est à cause de vous que j'arrive toujours en retard au lycée ! Si je n'avais pas à m'occuper de mes frères et soeurs chaque matin j'arriverais beaucoup plus tôt là-bas et je ne me ferais pas autant remarquer !
Mon père qui était resté en retrait jusqu'à maintenant, intervint.
- Bon et si vous arrêtiez de crier à présent. Les plus petits sont déjà au lit, eux. Et ça ne m'étonnerais pas avec tout le raffut que vous venez de faire qu'ils se soient réveillés. Vous pensez vraiment que c'est le moment de débattre ? Il est tard, allons-nous coucher, nous en reparlerons demain.
Après cette dernière phrase, je me levai et filai directement en direction de la salle de bain prendre une douche. Je ne m'y attardai pas et une fois sèche, rejoignis ma chambre sans repasser par la cuisine. J'étais fatiguée. Fatiguée du lycée, fatiguée de mes parents, fatiguée de tout. Ce n'était pas la première fois que je tenais tête à ma mère, bien au contraire. Dès que nous n'étions pas du même avis, que ce soit pour les études ou pour n'importe quoi d'autre, nous n'arrivions jamais à tenir une conversation sans hausser le ton. Très souvent, c'était mon père qui m'était fin à ces disputes. Vu comment le repas c'était terminé, je me doutais bien que l'entrevue avec Madame Chevigny n'allait sûrement pas m'avantager. En plus, si je me souvenais bien, notre professeur principal nous avait avertis que nous allions bientôt nous pencher sur le sujet de l'orientation ; et mes parents n'étaient toujours pas au courant ...
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C'est mon choix ! [TERMINÉE]
Short StoryDeux jeunes que tout oppose, mais portés par le même désir : être maître de leur avenir. En France, Alice Dubois, fille de boulanger-pâtissier, est une jeune fille téméraire et ambitieuse qui s'est fixé un objectif : devenir vétérinaire. Cependant...