Au-dessus de Lyon les nuages s'épaississaient et le ciel devenait de plus en plus sombre.
Après qu'ils aient appris que je projetais de devenir vétérinaire, mes parents n'arrêtaient pas de me poser des questions à ce sujet. Quand est-ce que cette idée m'était venue ? Qu'est-ce qui m'attirait d'as ce métier ? Quelles étaient les études à suivre ? Je n'en pouvais plus. Je comprenais qu'ils puissent s'inquiéter pour mon avenir, mais dans le cas présent c'était trop.
Comme il fallait s'y attendre, ils n'avaient pas totalement accepté mon choix, et se démenaient à trouver des arguments qui me ferrais changer d'avis.
Du côté de Julie, ma meilleure amie avait réussi à m'accorder une journée auprès de son oncle dans son cabinet vétérinaire. Samedi dernier, je m'étais donc rendue à Chambéry dans l'intention d'en apprendre plus sur cette profession. À mon grand étonnement, les choses ne se déroulèrent pas du tout comme je les avais imaginé.
C'était la première fois que j'assistais à de véritables consultations. Certaines fois il fallait se méfier et rester sur ses gardes car l'animal pouvait se montrer agressif, à d'autres moments la pauvre bête était si faible qu'elle faisait peine à voir. Je dû même sortir de la salle lorsque l'oncle de Julie n'avait eu d'autres choix que d'euthanasier un pauvre chien, aveugle et paralysé. Je n'avais jamais pensé auparavant que je serais amené à côtoyer la mort par ce travail. Jusqu'ici, j'avais toujours idéalisé ce métier, ne pensant qu'aux côtés positifs et oubliant complètement les lourdes tâches dont devaient s'occuper les vétérinaires. Je compris alors les mises en garde de mes parents.
À la fin de la journée, j'étais perdue et ne savais plus trop quoi penser de mon projet d'orientation. J'étais perplexe.La semaine suivante se déroulait le festival de la Saint-Valentin à Lyon pour la toute première fois. À cette occasion, les différentes pâtisseries de la région étaient conviées à tenir un stand dans les rues de la ville. Mes parents avaient bien évidemment voulu y participer. C'est ainsi que je me retrouvais malgré moi entraînée dans les préparatifs des festivités. En vingt-quatre heures nous devions confectionner une centaine de desserts. Mon aide n'était évidemment pas de trop. Nous travaillions donc jusqu'à épuisement pour concevoir macarons, mousses, gâteaux, fondants, tartes et crèmes qui allaient être exposés aux yeux émerveillés des passants.
Il était quatre heures lorsque je jetais enfin mon tablier sur le comptoir.- Enfin terminé ! Bravo ma fille, je te félicite ! Sans ton aide nous n'aurions probablement pas encore finis.
- Merci papa, de rien. Je n'en peux plus.
- Ce n'est pas facile de travailler aussi tard. Tu verras on s'y habitue.
- Quoi ? Attend, qui te dis que je vais en faire mon métier plus tard ? Il me semble que j'avais été clair à ce sujet. Je ne veux pas devenir boulangère-pâtissière !
- Franchement Alice, je ne te comprend pas. Tu es talentueuse, téméraire et tu as toujours aimé cuisiner. Pourquoi est-ce que tu t'entêtes à vouloir te cacher la vérité ? Tu es faite pour ce travail.
- Papa ! Tu me dis cela comme ça, comme si c'était une évidence. Vous êtes-vous seulement demandés avec maman qu'est-ce que je ressentais véritablement ? Si je m'obstine de cette façon c'est qu'il y a une raison ! Depuis toute petite je suis plongée dans cet univers, j'ai bien vu ce qu'il en était. Pas de vacances ! Pas de vie de famille ! Pas de loisirs ! Vous pensez que je me suis amusée ces dernières années ? Je n'ai fait que subir votre métier ! Et tu penses sincèrement que je vais commettre la même erreur que toi et m'enfoncer encore plus profondément ?
Pas de raiponse. Je cherchais dans ses yeux une quelconque impression. Rien. Seulement de la surprise et de l'incompréhension. La conversation était terminée. Je quittai la cuisine sans ajouter un mot, me dirigeant vers ma chambre pour m'y enfermer.
Je m'étais défoulée. J'avais enfin libéré toute cette colère que je gardais en moi. Il mettait devenue impossible de continuer à jouer l'enfant parfaite, je n'arrivais plus à faire semblant. Même si je doutais que j'avais dû blesser mon père, il méritait de savoir. La vérité est toujours douloureuse, c'est un fait inéluctable malheureusement.
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C'est mon choix ! [TERMINÉE]
Short StoryDeux jeunes que tout oppose, mais portés par le même désir : être maître de leur avenir. En France, Alice Dubois, fille de boulanger-pâtissier, est une jeune fille téméraire et ambitieuse qui s'est fixé un objectif : devenir vétérinaire. Cependant...