Faire de nos différences une force

Patient numéro 5

Lundi 5 septembre - rendez-vous 16h-17h

Après son rendez-vous avec la jeune Marine, Angela se prépara pour un nouveau rendez-vous. Elle réorganisa du mieux qu'elle pu son bureau puis ouvrit la petite porte qui donnait sur la salle d'attente. Elle y trouva une autre adolescente. Encore ? Se dit-elle. Elle savait bien qu'elles étaient toutes différentes mais bon elle en avait tout de même un peu assez. Elle espérait que Sacha serait tout aussi sympathique que Clémence et Marine.

Elle lui sourit et l'invita à entrer tout en présentant :

-Bonjour, je suis Angela ta psychologue.

-B... Bonjour... J... Je m'appelle Sacha... bégaya la jeune fille.

-Assis-toi, nous allons discuter un peu pour faire connaissance, qu'est-ce que tu en penses ?

La jeune patiente entra et s'approcha du centre de la pièce d'un pas mal assuré.

La femme sourit :

-Je ne vais pas te manger alors installe toi confortablement.

La brune prit une inspiration et s'asseya.

-Alors quel âge as-tu ?

-S...Seize ans...

-Arrête de stresser un peu ! Alors pourquoi viens-tu ici ?

-Pardon, c'est juste que je suis assez... Perturbée... Je suis ici sous ordre de ma tante... Elle ne comprend pas pourquoi je m'amuse à dessiner de jolis traits avec mon compas...

-Et toi tu sais pourquoi fais ça ?

-Evidement ! C'est pour me prouver que je suis bien vivante. Pas l'espèce de fantôme dont parlent les gens au lycée.

-Que disent les gens de ton lycée exactement, demanda la femme.

Sacha se mit à repasser sur les cicatrices de son poignet droit.

-Que je ne suis pas humaine, sans sentiments et que j'ai survécu à cet accident qui m'a volé mes parents mais que, c'est comme si j'étais vraiment morte. Ils ont raison... Mais il faut bien que je me prouve le contraire non ?

-Et tu ne penses pas que tu as eu une chance de survivre et qu'il faut profiter ?

-Je suis aussi pâle qu'un mort, j'ai d'énormes cernes et je suis maigrichonne à cause de mon anorexie. Mais je suis vivante d'après la douce et agréable douleur. Je n'ai pas eu de deuxième chance. J'ai juste été rejetée par la mort. Je ne peux donc pas profiter. Je me rappelle que je suis en vie parce qu'on voulait pas de moi dans l'autre monde et que je n'ai pas le droit d'être aux côtés de ma famille. C'est aussi comme une punition, s'expliqua Sacha.

-Tu es sûre ? Et si tu te disais que t'as envie de vivre qu'est-ce que tu ferais, la questionna la psychologue.

La brune laissa son regard d'acier se bloquer sur la fenêtre où glissaient les goûtes de pluie.

-Vivre... dit-elle d'un air songeur, ce que je voudrais faire ?

Une petite minute s'écoula en silence, laissant réfléchir l'adolescente.

-Je lirais des romans policiers toute la journée... dit-elle.

-Tu aimes lire ?

Le visage de Sacha s'illumina.

-Oui ! Ma mère était une passionnée de lecture ! Elle tenait une librairie ! Dès que j'avais du temps, je l'usais à lire !

Son joyeux visage disparu instantanément.