Le lendemain matin, mes copines m'abordent dès que je passe le portique de l'école en pierre bleue.
--Alors, alors ? Premières impressions ? s'impatiente Laure.
Je pose les mains sur les hanches avec orgueil, loin de vouloir me démonter face à elles.
–Un sacré petit con. Dès que tu lui fais comprendre que tu le trouves beau il te regarde de haut, limite s'il ne me traitait pas de menteuse, en plus... Je compte pas lâcher le morceau, je sais où il se rend le vendredi après les cours et je vais aller lui foutre la pression.
Alors que mes complices repèrent le « petit con », celui-ci est pris en flagrant délit de regard noir dans ma direction. Je meurs d'envie de faire de même, mais je préfère lui renvoyer un clin d'oeil en serrant les lèvres comme si je mimais un doux bisou. Ca l'agace encore plus, mais bon, la seule chose qu'il a semble-t-il apprécié chez moi c'est ma franchise, alors je la joue à fond.
--Eh ben, notre prodigieuse dragueuse aurait-elle du fil à retordre avec un garçon ? Lâche Maryse.
--Enfin, soupire Annie, ça équilibre un peu les niveaux de difficulté de chacune.
--Note, au moins maintenant, il te regarde. Y a du progrès, positive Justine.
Nous émettons un petit rire, le mien plus jaune que le leur.
L'après-midi, j'embarque de nouveau dans le bus 8 pour rejoindre Jambes. Sans doute que Victor habite dans cette ville-là... J'ai vu sur le net que la salle d'escalade était derrière la patinoire et la piste d'athlétisme. Est-ce qu'il pratique aussi ces sports ? Je traverse les deux longs bâtiments en question et aperçois la piscine, puis la salle d'escalade, toute brune de l'extérieur. Attendez... la seule entrée possible est au bout d'une espèce d'escalier de secours ? La vache, je suis en talons et en jupe noire ! Pour éviter que les pointes de mes chaussures ne traversent les carrés métalliques des marches, je monte du bout des pieds, en croisant les doigts pour qu'aucun mec n'en profite pour se placer en bas dans le bon angle. Je me verrais obligée de me retourner en lui gueulant en quoi la couleur de mon string le concernerait et je n'en ai pas envie. Une mauvaise surprise, pas deux ! Quand j'arrive, je m'installe sur une des tables à l'entrée, la plus proche du balcon, d'où on peut voir tous les grimpeurs, en bas comme en hauteur. Ah ouais, c'est haut ! Et grand ! D'après les numéro attribuées aux cordes, il y a plus de soixante possibilités de grimpette ! Où est donc mon joli coeur à prendre ? Ah ! Sur la corde 28 ! Je suis bien mise pour le voir franchir des reliefs artificiels en entrecroisant ses jambes musclées mi-nues ou encore ses bras bien tendus et... je rêve ou il a mis un t-shirt à manches longues ? Il est tellement en sueur que je vois d'ici la brillance sur son visage, à la lueur des spots. Oh la vache, pincez-moi mais je crois qu'il l'a fait exprès ! Vous pensez que je me prends pour le nombril du monde, si je pressens que c'est ma venue qui a modifié sa tenue ? Je suis nulle dans le domaine, mais je ne crois pas que je prendrais ça pour escalader un mur, ça doit emmerder quand tu veux faire de grands gestes. Et puis les auréoles de quinze centimètres de diamètre, non merci ! J'ai intérêt à faire en sorte qu'il ne puisse pas me nier en remontant ! J'ai pas monté ces putain d'escaliers pour rien !
--Eho, Victoor !
Ma petite minauderie résonne dans toute la salle et mon bras agité attire son regard. Il cesse de dénouer son nœud au sol pour constater ma présence. En fait, tout le monde l'a constatée. Il va bien falloir qu'il joue le jeu. D'abord surpris, il se renfrogne, me fait un bref signe et décide de prendre une autre corde, une des rares que je ne peux pas voir d'ici, bien sûr.
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Pour toujours ou jamais (édité, nouveau titre : (N)Ever !)
RomanceQui des deux est prêt à céder... aux principes de l'autre ? Sandra Mullens et Victor Klein suivent leurs secondaires dans la même école, mais pas avec les mêmes habitudes : alors que Victor est agacé par chaque gloussement émis pour lui, Sandra enc...