vie de novice

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Les jours, les semaines et les mois défilent. C'était très difficile au départ, j'avais du mal comme tout le monde. Mais au fur et à mesure que le temps passait, je découvrais des capacités nouvelles, je progressais et apprenais un peu mieux à me maîtriser. J'ai encore du mal, à maîtriser ma force, mes mouvements... Ce n'est pas évident! Un corps de marionnette pas terminé et nouveau, doté de capacités et pouvoirs étranges. J'ai toujours le carnet. Je le regarde des fois. Je suis bien obligée même si j'ai du mal à comprendre.

Il y a une semaine j'ai failli broyer le bras d'une fille qui allait tomber dans une fosse, alors que je voulais la sauver.

Hier je me suis désarticulée en plein milieu d'un escalier, alors que je portais un énorme plateau rempli de choses diverses et précieuses qui plus est! Je vous laisse imaginer la suite. La vielle m'a mit un avertissement pour ça.

"Conduite négligée" selon elle. Elle est marrante tient! Comme si je l'avais fait exprès! Comme si ça m'amusait de me casser la gueule dans des escaliers interminable, de manquer de tuer un jeune seigneur par la même occasion (il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment)...

De toute façon personne ici ne l'aime, la vieille. Même les autres marraines la trouvent insupportable.

La vieille ? C'est la personne qui nous souhaite "bonne nuit" de sa voix douce tous les soirs, qui semble adorer circuler entre nous le matin en sifflant entre ses fausses dents. Tous les matins elle nous fait le même cirque. Elle doit bien nous connaître à force, mais elle continue...et elle continuera toujours manifestement.

J'ai fait également mal à Myna plusieurs fois, involontairement. La culpabilité me ronge toujours, mais mon amie me pardonne. Cette fille a vraiment un cœur d'or. Les autres ne s'approchent pas trop d'elle à cause de sa santé. Elle tombe trop facilement malade et est extrêmement contagieuse. Le fait que je sois totalement étrangère aux maladies fait de moi sa seule amie...

Myna, ma Myna...tu es vraiment quelqu'un de formidable. Toujours gentille, souriante, toujours à consoler tout le monde...et jamais tu ne te plains. Pourtant tu en aurais des raison de te plaindre. Bien plus que nous autres. Tu es la plus faible du groupe, on te fait faire des tâches si dures qu'une fois, lorsqu'on se croisait dans le couloir, tu t'es écroulée dans mes bras. La journée n'était même pas fini. J'ai paniqué, t'ai appelée. Toi, tu releva la tête et me sourit. Ton éternel sourire... Ce sourire que tu nous adresse chaque soir alors que tu rentre éreintée au dortoir. à moi et ceux qui prennent toutes les précautions pour ne pas t'approcher de trop près...

Je me souviens que, cet après midi là, tu me disais de ne pas m'en faire, de ne pas m'arrêter sinon j'allai être punie. Tu n'arrivais même pas à te relever. Je t'ai emmenée à l'infirmerie et me suis pris un savon de la part de la vieille le soir même. Elle peut bien aller se faire foutre, je recommencerai si il le faut. Je n'avais même pas entendu sa voie. Au dortoir, je fus agréablement surprise lorsque les autres me demandèrent pourquoi tu n'étais pas là.

Le landemain, quand je vins te rendre visite, la première chose que tu m'a demandé fut :

- "je suis vraiment désolée. Tu n'as pas eu d'avertissement à cause de moi j'espère"

Cela s'est passé il y a trois jours. Myna est toujours à l'infirmerie. Je ne sais pas vraiment quand elle en sortira. On m'a demandé de faire une course en ville, j'en profiterai pour lui ramener quelque chose. Je suis toute excitée, je vais pouvoir voir Eckbaar pour la toute première fois. Depuis le temps que j'attendais ce moment!

Je sortis de la tour des novices et traversai la grande cour. Il y a beaucoup de monde aujourd'hui. Il me fallu traverser le pont par lequel j'étais entré lors de mon arrivée. La ville se trouve à vingt minutes de marche environ. Un vent frais vient

Rafraichir mon visage. Qu'il soit le bienvenu! Parce que je crevais de chaud. Le ciel est toujours de cet étrange bleu. Il n'y a pas de nuages aujourd'hui. Dommage, ça aurait fait un peu d'ombre. Ils ont migré vers l'ouest, d'après une fille du dortoir, car ils ne se sentaient pas très bien ici en ce moment. Apparemment ça leur prend parfois, puis ils reviennent vite. Je croise parfois quelques arbres. Tout pleins de feuilles et pleins de vie. Dans un paysage désertique.

J'arrive enfin devant les portes de la ville. Ville entourée par une grande muraille de pierre. Des gardes postés à différents étages sont chargés de surveiller l'horizon. L'arche est immense. Je me sentis toute petite lorsque je la franchis. C'est impressionnant.

...Mais pas aussi impressionnant que l'intérieur! Une sorte d'énorme marché s'offre à mes yeux. Des centaines et des centaines de personnes se bousculaient autour de milliers stands. Les marchands crient, les gens discutent, tout cela forme un brouhaha énorme. Je peux distinguer des tours et palais d'un style indien-arabique assez ancien. C'est splendide! On se croirait plongé dans une bande dessinée fantastique.

Je traverse donc la foule. J'ai toujours eu du talent pour me faufiler entre les personnes. Je peux voir néanmoins les nombreuses maisons et arches dont l'architecture, très décorée et travaillée, est un mélange de style indien et arabe ancien. Les stands aussi sont particuliers.

Il règne une bonne ambiance dans ce marché, bien que tout le monde se marche plus ou moins dessus. Mais bon, la foule se fait moins danse à partir du moment où l'on s'éloignait de l'entrée.

Les vendeurs ont l'air sympa. L'un d'eux m'appelle, je vais vers lui. C'est un homme grenouille. Il se penche, me donne un sac de toile, puis me souhaite une bonne journée avant d'appeler d'autres clients. M'ayant totalement oubliée.

Je n'ai pas compris... Pourquoi m'a-t-il donné ce sac ? A moi spécialement, et gratuitement qui plus est. C'est étrange.

Je continue mon chemin, décidant de ne pas y prêter plus d'attention.

Heureusement que les marraines m'ont donné une carte car je ne pourrais jamais me repérer, dans cette ville inconnue remplie de monde.

Donc, la fontaine est là. Une grande fontaine qui ressemble à un mini palais. De petites créatures d'eau, des sortes de fées aquatiques sans ailes, vivent dedans. Elles me fixent de leurs yeux pareils à des saphirs. Leur corps est bleu clair, elles semblent toutes légères. Certaines ont deux queues de poisson, d'autre de petites jambes pointues. C'est trop mignon!!!

j'approche la main de l'une d'elles qui était à ma hauteur. Elle s'enfuit aussitôt et les autres la suivent.

Je repris ma route.

Les pavés m'indiquent que je suis arrivée au centre ville. Il faut que je tourne dans la petite rue à gauche, à coté de la boutique de fleurs.

J'arrivais dans une impasse assez sombre. Je ne me suis pas trompée, la magasin où je dois me rendre est juste là. Je le reconnais à sa devanture couleur terre rouge, incrustée d'une énorme pierre violette au dessus de la porte. Pierre autour de laquelle étaient accrochées des cordes noires serpentant horizontalement le long de la façade. La marraine me l'avait soigneusement décrite, cette façade. Il n'y a personne, c'est assez étrange car ici, même les petites rues étaient bondées.

Je pousse la porte, un faible tintement retentit. Il fait sombre à l'intérieur. Il y a quelqu'un ? c'est étonnant que le mur n'ait pas cédé tant il y a de tableux accrochés à celui-ci. Ils représentent absolument tous la même chose : une femme de dos, en robe rouge, qui s'avance vers ce qui semble être un trou noir, au milieu d'une vaste prairie ensoleillée. Pourquoi en avoir accroché autant ?

Un petit bureau est entreposé au fond de la pièce boisée et des tas d'objets, potions et pierreries étranges sont maladroitement entreposés sur de vieilles étagères. Ils sont fascinants, tous ces objets. Je fis le tour et me saisis d'une pierre bleue et d'une petite bouteille contenant un liquide marron. C'est tout ce que je dois prendre. Je les donne ensuite la petite vieille au bureau, que je n'avais jusque là pas remarquée, avec un "boujour" timide.

Elle jette un rapide coup d'œil aux objets et lève ses yeux éteints.

"cent Iquues"

Je lui donne une petite bourse sans rien ajouter de plus que l'habituel "merci bonne journée", et regarde une dernière fois les tableaux avant de sortir.

₊˚✧ Abomination coriace ~ mais gentille  ₊˚✧    -  Livre 2 -   (EN PAUSE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant