₊˚✧ Abomination coriace ~ mais gentille ₊˚✧ - Livre 2 - (EN PAUSE)

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C'est sympa d'être valet. Même si, à cause de cela, je me fais un peu trop remarquer dans les dortoirs, il y a beaucoup d'avantages. Ma maitresse est vraiment adorable, et qui plus est, je peux me vêtir comme je le souhaite, j'ai pu acheter ce magnifique poignard et des étoffes bon marché pour faire mes propres vêtements. Je peux également sécher le boulot, à condition que ma maitresse ait besoin de moi.

Comment ça marche ?

Comme elle l'a dit, je suis restée novice. Je dors toujours dans le même dortoir, les taches m'étant assignées sont les mêmes et j'ai le même nombre d'heure qu'avant. Mais lorsque ma maitresse a besoin de moi, je dois partir. Cela est d'ailleurs assez gênant lorsque je suis en plein milieu d'une tâche, mais Madame est compréhensive.

En parlant de Madame, elle m'appelle surtout pour de la compagnie. Je crois qu'elle est très seule, et qu'elle en souffre...

Elle m'a fait visité plusieurs lieux dont je n'aurais jamais deviné l'existence, comme "la mangeoire". Une des parties secrète de la bibliothèque. Secrète et terrifiante.

Les étagères sont encore plus grandes que dans les parties publiques; prêtes à nous écraser au moindre faux pas. Plus on y avance, plus elles sont proches les unes des autres. A un moment, nous ne pouvons plus avancer.

Madame dit qu'il ne faut pas rester trop longtemps dans cet endroit. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est toujours désert.

L'on peut y trouver toutes les infos sur les créatures existantes ou ayant exister dans ce monde. Des livres pouvant dater d'il y a cinq mille ans.

Le plafond y est très haut, caché par de la brume. Mais si l'on regarde bien, l'on peut voir des cages suspendues à celui-ci par des chaines. Dedans, des monstres de pierre. C'est d'eux que viennent les râles lointains résonnant dans la pièce.

Des statues trônent en haut des étagères, il ne faut pas y préter attention.

Nous pouvons y emprunter tous les livres que l'on souhaite, à condition de les ramener trois mois après maximum. Pas un ne doit manquer. Pour les rendre, il faut les poser sur la table à l'entrée, et partir, vite.

Elle m'a montré d'autres lieux, plus accueillants. Tels que le marché nocturne d'Horya, où j'ai eu la surprise de rencontrer des marraines. Il a lieu un soir par semaine (neuf jours à peu près, elles changent selon les mois) au sommet de la tour bleue. (J'ignore pourquoi les gens la nomment ainsi, elle n'est pas bleue.) C'est assez grand et l'on y trouve un peu de tout. Les prix y sont moins élevés qu'à Eckbaar.

Il y a également la "village des poupées". Je peux y rester autant de temps que je le souhaite, car je suis aussi une poupée. Le temps est compté pour les autres.

Je m'y sens étrangement bien, malgré le fait que mes partenaires n'y sont pas (plus ?) vivantes. J'ignore en quoi ce lieu consiste si ce n'est une salle de repos pour mes semblables.

La petite porte en bois, je n'ai pas le droit de la passer. C'est "l'Atelier". Personne ne peut y mettre les pieds, si ce n'est le "Créateur", qui n'en sort jamais. Apparemment, c'est une femme. Mais il y avait des rumeurs comme quoi elle n'aurait pas de corps physique. Ces ragots ont vite disparus. Personne ne doit parler d'elle.

Bien qu'il y ait des étages au dessus, il ne semble pas y avoir de plafond, mais un ciel bleu, parfois violet et parfois des nuages blancs ou noirs. L'on s'y sent comme à l'extérieur. Il y a parfois du vent, du soleil, de la neige, mais jamais de pluie. Il y fait jour et nuit. Les murs en pierre sont parcourus de lierre et autres plantes grimpantes. Le sol est fait d'herbe et de terre, parfois recouverts d'allées pavées. Les petites maisons sont vraiment charmantes. L'architecture rappelle un peu les maisons belges, mais en plus petit. Les poupées à taille humaine changent de place sans que quiconque ne puisse les toucher... La porte du "créateur" est placée au milieu du décor. Ce n'est rien qu'une porte. Derrière, rien que de l'herbe à perte de vue. Paysage vertigineux, un vide infini terriblement angoissant. Je n'ai pas pu m'éloigner de plus de dix mètres de la porte tant je m'y sentais mal. Mieux vaut rester au village.