Chapitre 23

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Je tourne les talons et me précipite dehors, ignorant les appels de Jace. Une fois sortie, je relâche mon souffle et j'ai l'impression de pouvoir respirer à nouveau. Je me dirige vers un banc sur lequel je me laisse tomber. Toutes mes forces se relâchent et les larmes que j'essayais tant bien que mal de contrôler coulent à flots sur mes joues.

- Tessa... 

Je tourne la tête lorsque sa voix me parvient. Suzanne me regarde avec un regard plein de pitié. Je me lève précipitamment devant elle.

- Ne me regardez surtout pas de cette façon ! Je m'exclame.

Elle parait surprise du ton que j'ai employé mais à vrai dire je m'en fiche. Elle n'a pas le droit de me regarder comme ça.

- Excuse moi, je ne voulais pas... Ecoute, je ne voulais pas commencer sur de mauvaises bases avec toi et... 

Jace choisit ce moment pour sortir du café. Lorsqu'il m'aperçoit, il court dans ma direction et vient se placer à mes côtés. Je devrai me taire et ne rien répliquer face à ce qu'elle m'a dit mais je ne peux pas et si Jace doit connaitre la vérité sur ma vie de cette façon et bien soit.

- Sur de mauvaises bases ? je ris d'un rire faux, je vais vous dire pourquoi nous ne pouvions que partir sur de mauvaises bases, bien que je pense que ce soit logique pour toute personne normalement constituée ! 

Je crie tellement fort que je me fais peur toute seule mais je ne peux pas m'arrêter, il faut que ça sorte.

- Déjà, lorsque mes parents étaient toujours vivants, je n'ai pas une seule fois entendu parler de vous mais vous savez quoi ? Là tout de suite, je m'en fou. Ce qui me fait ressentir cette... haine envers vous, c'est ce qu'il s'est passé après leur mort. Lorsque l'assistante sociale cherchait d'autres membres de la famille, je me souviens que personne ne s'était manifesté. Seulement, voyez vous, je sais que si une autre personne existait, l'assistante aurait été au courant pour la simple et bonne raison que tout le monde est recensé dans cette putain de ville ! 

Mes larmes me brouillent la vue et je souffre. La douleur est si forte mais je ne peux plus m'arrêter. Je dois me libérer de ce qui me ronge depuis toutes ces années.

- Noah et moi sommes passés par tout un tas de familles d'accueil. Et où étiez vous pendant tout ce temps ? Hein ? Dites-moi où vous étiez pendant que moi je m'occupais d'un bébé de deux ans à seulement quatorze ans ? Où étiez vous lorsque je priais chaque soir pour que quelqu'un vienne me sauver quand je me faisais battre ?  Ma voix se brise au fur et à mesure que les mots sortent.

- Où étiez vous lorsqu'il venait me voir dans ma chambre... et que... que je ne devai rien dire si je voulais que Noah puisse manger à sa faim ? Vous n'étiez pas là ! Et maintenant, je... je n'ai plus besoin de vous ! Alors faites ce que vous avez toujours fait et ignorez nous ! 

Ses yeux s'arrondissent et elle pose les deux mains sur sa bouche. Je jurerai que Jace est à deux doigts de péter un cable tant sa mâchoire est contractée mais je ne leur laisse pas le temps de répliquer et je retourne en courant dans le café. Les clients ont le regard braqué sur moi lorsque je pénètre dans la pièce, mais je les ignore et pars m'isoler dans les vestiaires.

- Tessa ? 

-nDésolée Peter mais je... j'aimerai être seule quelques minutes... je balbutie.

Mon ami acquiesce et sors sans rien me demander de plus. Je me tiens face au miroir situé en face de la porte et le reflet qui m'est renvoyé me surprend. Mon mascara a coulé, mes joues sont remplies de larmes et mes yeux sont rouges et bouffis. Je me rend compte que je tiens toujours la photo de mes parents dans mes mains. Je caresse leurs visages de mon doigt et tout mes souvenirs refont surface. L'accident, les cris et les pleurs qui se faisaient entendre dans la voiture, et l'hôpital...  C'est trop d'un coup pour moi et je sens mes jambes céder sous mon poids alors qu'un cri de douleur et de tristesse déchire le silence de la pièce.

Avant que je ne touche le sol, je sens deux bras me retenir et m'appuyer contre un torse musclé. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir qui est là. Je m'aggripe à son t-shirt et pleure jusqu'à n'en plus pouvoir dans son cou. Il me berce, ne prononçant aucun mot, me gardant sur ses genoux et déposant de petits baisers sur le haut de mon crâne. Après quelques minutes, je n'ai plus de larmes à faire couler et je me détache un peu de Jace pour le regarder.

- Je... je suis désolée Jace... Je ne voulais pas que tu l'apprennes... enfin... pas comme ça...  Je bégayes.

- Chut... je sais et j'aurai préféré l'apprendre autrement aussi mais je suis content de savoir pourquoi je me bats maintenant. 

Mon souffle se coupe. Je pensais qu'une fois qu'il saurait qui je suis, ce que j'ai subit... il me laisserait, dégouté par ce que je représente.

- Tu ne t'en va pas ? Je demande surprise.

Il fronce les sourcils. 

- Comment est ce que tu as pu croire une seule seconde que je te laisserai ? Je ne te lâcherai pas et tu peux être sûre de m'avoir sur le dos pendant un bon moment encore ! Je souris face à sa remarque.

- Ah ! Le voilà celui-là ! Il m'avait manqué ! S'exclame-t-il en caressant mes lèvres du bout des doigts.

Il se penche vers moi et dépose ses lèvres sur les miennes. Le baiser est doux et passioné et il m'apporte la chaleur dont j'avais besoin.

- Allez viens avec moi, je sais ce qu'on va faire pour que ça aille mieux ! 

Il se relève et me jette sur son épaule ce qui m'arrache un petit cri de surprise.

- Jace ! Pose moi ! 

- Non, je ne voudrais pas que tu te fatigues. On a un après-midi chargé ! 

Je ris face à son assurance et après qu'il ai récupéré mon sac, nous quittons le café sous les regards indignés des clients.

Un rêve éveillé {Tome 1}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant