chapitre 1

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Prologue

Je me souviendrai toujours de ce matin-là. La peur que j'avais ressentie était plus fracassante que le craquement d'une glace lorsqu'un poids lourd remporte le combat du plus fort. Je n'avais que 13 ans, et déjà à ce moment je savais que toute ma vie en serait ruinée...

Chapitre 1

J'avais maintenant 15 ans, je me considérais comme une enfant ordinaire qui allait dans une école ordinaire, qui côtoyait du monde ordinaire, sans toutefois être tout à fait acceptée, ce qu'il me manquait c'était un nom normal tel que Chloé, Sandrine ou encore Clara. J'avais malheureusement hérité d'un de ces noms ridicules qui influence les mauvais jeux de mots: Cyrille. J'avais perdu mon père un peu après ma naissance. Selon ma mère, il était peu alerte aux dangers de l'alcool et un jour, alors qu'il conduisait, son tour de volant avait mal viré. Il en est mort. Il était du genre à expérimenter beaucoup et il fallut, un jour, que ça vire mal. Il avait complètement perdu les boules. Je n'en ai jamais eu plus de détails...

Je me sentais assez unique. J'étais petite, très petite, trop même. J'avais les yeux bleus comme personne n'en avait jamais vu, c'en était irréel, et j'avais de beaux cheveux longs brun bouclés étincelants auquel on aurait dit que je laissais un filet de brillance sur mon passage. J'accrochais l'œil de plusieurs voyous qui me voulaient seulement pour mon physique de déesse. Par ailleurs, je ne me trouvais pas si jolie après tout.

J'étais passionnée de plusieurs choses, des religions entre autre. On me défendait de pratiquer une quelconque ressemblance à celle-ci. Maman disait que rien n'était réel dans ce domaine et que ça existait seulement pour donner de l'espoir au gens, chose que nous n'avions pas de besoin selon elle. Mais, pour des raisons qu'elles ignorent, je priais tout de même dans mon coin de lit, espérant qu'elle n'entre pas pour me prendre en flagrant des lits. J'en avais de besoin, moi, de l'espoir et prier me la donnait.

Je semblais être une jeune fille heureuse. J'avais tout pour l'être; une mère qui m'aimait et qui prenait soin de moi, un ami très cher pour moi, Chris, et je me contentais de ce que j'avais sans en demander plus. Je trouvais le bonheur dans les choses qui m'appartenaient. J'étais souriante et ricanais plutôt souvent, ce qui cachait toute sorte de mauvaises humeurs qui pouvait s'accumuler à l'intérieur de moi. Je n'étais pas du genre à vouloir faire pitié seulement pour me demander « comment ça va ». La joie des autres était suffisante pour chasser mes idées noires et barbares. Mais tout n'était pas aussi rose que cela ne paraissait. Je cachais bien des souvenirs que jamais je ne saurai capable de divulguer à ma très douce et fragile mère. Des secrets au douleur que vous ne pourriez imaginer...

Je n'avais jamais aperçu son regard glacial depuis mes 13 ans. Mais les cauchemars qui se multipliaient confirmaient que je le reverrais tôt ou tard. Ma mère allait peut-être reprendre contact avec lui un jour. Un pacte du diable, si vous voulez mon avis. J'avais mérité un rendez-vous chez un de ces psychologues psychopathes après sa dernière visite. Pourquoi? Quelle question, je n'en savais rien. Je ne me souviens plus trop ce qu'elle lui avait dit, en fait, je ne l'ai jamais su, mais pour elle, ça avait l'air sérieux. Il fallait à tout prix qu'elle m'enlève cette bestiole qui empoisonnait mon corps, disait-elle. Arrivées à cette place aux couleurs froides et sans vie, elle avait chuchoté un mot que je ne compris pas au monsieur barbu qui me dévisageait et je sus qu'elle avait quelque chose à cacher, mais quel genre de chose? C'est ce que j'allais découvrir.

Bref, ce premier rendez-vous avait bien été le pire de ma vie. De tout ce que je me souviens, c'était le hall d'entrée, ensuite, noir total jusqu'à ce que je me réveille dans une cellule blanche et le même homme barbu m'avait annoncé que je ne verrais plus le monde caché suivit d'un de ces rires malins semblable à celui de Maléfique dans « La belle au bois dormant ». Depuis ce jour, à chaque fois que je devais aller à ce rendez-vous plutôt étourdissant et inconfortable, il m'annonçait cette phrase que je n'avais toujours pas saisie jusqu'à maintenant. De plus, il finissait toujours sa ritournelle du même ricanement. Chaque fois c'était pareil ; je regardais ma mère qui me regardait en retour semi-déçue et elle regardait par la suite l'homme qui lui disait : « on approche du but, ma belle. Ne lâchons pas, on va l'avoir! Encore un, je le sens.» La fameuse phrase qui voulait malheureusement dire : à la prochaine fois!

Maman avait cessé de m'envoyer chez le psychopathe quand elle ressentit un mauvais pressentiment, disait-elle. Les traitements ne fonctionnaient pas. Elle devait trouver quelque chose de plus puissant, se disait-elle. Elle avait l'air très angoissée depuis le dernier rendez-vous, ça m'inquiétait. Lorsque nous sommes sortis de la bâtisse, elle avait longuement regardé dans une ruelle et après m'être inquiété, elle m'avait répondu « ça va, je croyais avoir vu quelqu'un... » Je ne la questionnai pas plus.

C'était un mardi où tout a changé. Nous venions de recevoir le courrier à la maison. Il y avait une lettre pour moi, ma toute première lettre officielle. J'avais eu du mal lire mon nom. Il avait été écrit à la main et quelqu'un avait inscrit « Laura » entre parenthèse. J'avais remis le paquet à ma mère et j'étais en train d'ouvrir la mienne.

-Maman, qui est Laura?

Maman ouvrit les yeux gros comme des soucoupes et se tourna en ma direction.

-Je ne sais pas? D'où tu sors ça?

Je le montrai d'un mouvement du bras la lettre et au même instant, elle sauta sur moi et m'attaqua pratiquement pour me prendre la lettre. Prise de panique, elle la déchira très sauvagement. Jamais je ne l'avais vu dans cet état auparavant. Je figeai un instant pour me remémorer l scène et je courus me réfugier dans ma chambre terrifiée. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi elle avait réagi ainsi. Pour me changer les idées, je décidai de continuer mes exquises. Cette activité me faisait perdre toute notion du temps et me détendait. C'était comme des prières pour moi. Je dessinais les personnages qui écoutaient celles-ci. Souvent c'était Jésus ou encore l'ange Gabriel. J'aimais particulièrement le dessiner avec ses grandes ailes touchant le sol et son air assuré. Mais, je savais que ce n'était pas le moment opportun pour faire ces exquises, maman allait surement se pointer dans les prochaines secondes. Comme de fait, elle est entrée à ce moment. Je lançai mon cahier tentant de le dissimuler, je savais que ce que j'avais dessiné ne la rendrait pas "joyeuse, joyeuse". Elle le vit, le prit d'un coup et ouvrit à la page où mon crayon était immobile par le poids des pages. Elle prit une seconde pour reconnaître mon dessin et leva les yeux vers moi. Je voyais qu'elle n'en était pas fière du tout.

- Fais tes bagages, nous partons, s'exclama-t-elle.

- Où allons-nous?

- Je ne sais pas encore, mais loin d'ici c'est certain.

Pourquoi nous devions partir d'ici? Était-ce à cause de « Laura »? Je n'en avais aucune idée, je n'osais pas rouspéter. Mais qu'avait-elle pour être si terrifiante?

Je fis rapidement mes valises sous le regard grave de ma mère et nous partîmes effectivement très loin de mes souvenirs d'enfance, de la place où j'avais fait mes premiers pas. J'en eu mal au cœur de ne pas avoir dit au revoir à Chris.

La révélation de l'angeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant